Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
C’est en 1828 que le terme «orthophonie» a été introduit par le Docteur Marc Colombat. Ce dernier a fondé l’Institut Orthophonique de Paris, qui avait pour objectif principal d’améliorer la parole, en se concentrant plus précisément sur le traitement du bégaiement.
Les études d’orthophonie ont officiellement débuté au milieu du 20e siècle au Canada. Aujourd’hui, il existe quelques programmes d’études supérieures en français dans le domaine, soit à Montréal, Ottawa et Sudbury.
Le programme de Dalhousie, le seul de son genre en Atlantique, forme plusieurs des orthophonistes de la région.
Soutenir la communication
Hearing and Speech Nova Scotia (HSNS) est l’entité provinciale qui gère les tests et le traitement des problèmes liés à l’audition, au langage et à la parole. Il possède 35 sites cliniques répartis dans 25 communautés.
Leur vision est la suivante : chaque personne mérite une voix, chaque voix mérite d’être entendue.
«Je voulais vraiment aider les gens, explique Lisa Spinney-Hutton, orthophoniste et consultante francophone pour les services préscolaires en orthophonie de Hearing and Speech Nova Scotia. La communication, c’est une partie primordiale de tout ce qu’on fait.»
Nadine LeBlanc, coordonnatrice des services aux élèves au Conseil scolaire acadien provincial (CSAP), a découvert l’orthophonie à un jeune âge. Son petit frère avait des défis liés à l’articulation lorsqu’il était jeune. En l’accompagnant à ses rendez-vous d’orthophonie, elle voyait l’influence que ça avait sur son frère.
«Il vivait beaucoup d’intimidation. C’était vraiment difficile pour lui et puis j’ai vu l’impact que ç’a eu dans sa vie, une fois qu’il a commencé à consulter l’orthophoniste», raconte-t-elle.
Ce qui fascine Mme LeBlanc le plus de l’orthophonie, c’est sa capacité de prendre de la théorie ou des concepts scientifiques et de les mettre en œuvre chez des êtres humains complexes.
«Quand tu travailles avec un élève qui a tellement de la misère à prononcer, articuler pis à se faire comprendre et tu peux l’aider à interagir avec ses amis, de parler à ses enseignants. La première fois qu’une maman ou un papa comprend son enfant, il dit une phrase au complet pis tu vois les parents qui pleurent. De voir l’impact direct que ça a sur le bienêtre et le développement social. Parce qu’on est capable de s’exprimer, on se rend pas compte à quel point la langue, c’est notre connexion humaine.»
«Si t’aimes ta voix, tu vas être quelqu’un qui va être plus confiant pis avoir [une meilleure] estime de soi. Le plus confiant qu’on est, le plus qu’on peut s’exprimer clairement, pis ça, ça peut avoir des impacts aussi au niveau professionnel, social, personnel», exprime Jessica Gallant, orthophoniste dans la région Métro du CSAP.
Le moment de l’intervention
De manière globale, les premiers signes d’un trouble d’expression seraient un vocabulaire limité, des difficultés liées à la syntaxe, la longueur des phrases, l’articulation, l’intelligibilité ou la prononciation de certains sons, d’où l’importance de l’intervention précoce.
Or, la fluidité verbale, tout comme la croissance physique, évolue au fil du temps, précise Jessica Gallant. Par exemple, le bégaiement est commun lors d’une croissance verbale, car «ils ont tellement d’idées pis ils veulent parler plus vite que leur cerveau peut dire à leur bouche quoi dire».
Speech-Language & Audiology Canada informe que plus de 10 % des enfants ont un défi ou une différence de communication. Pour le bégaiement, 75 % des jeunes reprennent la fluidité éventuellement et 25 % ont un bégaiement persistant. Au Canada, 1 % de la population bégaie.
Lisa Spinney-Hutton fait savoir que HSNS offre des interventions adaptées aux besoins de chaque famille et met l’accent sur l’implication active des parents ou des tuteur(trice)s dans le cheminement de l’enfant.
«Si vous avez des inquiétudes avec la communication de votre enfant avant qu’iel entre dans la maternelle, vous pouvez faire une demande de consultation avec HSNS. Pas besoin d’une demande de médecin.»