Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Trois couples étaient au rendez-vous pour la journée de tournage dans La Grange de l’Acadie de Chezzetcook, le 18 février.
Ils ont pris la parole « pour nous ramener dans le bon vieux temps [pour] remettre Chezzetcook à l’époque de 1939 et dans les années quarante », explique l’artiste Weldon Boudreau, qui dirige le projet avec sa fille, Josée Boudreau.
Ce projet de capsules vidéos fait découvrir des anecdotes et des détails sur la vie d’antan dans les régions acadiennes qui manquent de représentation et de visibilité.
Jusqu’à présent, M. Boudreau a visité Chezzetcook et Truro ainsi que Pomquet, avec le réalisateur Valentin Alfano.
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Chacun des projets inclut une chanson originale. Celle de Chezzetcook est composée par l’artiste et interprétée par sa fille.
M. Boudreau explique que la réalisation a commencé durant la pandémie, à un moment où il était en train de perdre son père. « J’avais perdu maman, donc rencontrer des aînés, ça me redonnait mes parents », confie l’artiste.
Rencontrer les raconteurs
Lors d’une visite à Chezzetcook pour un festival d’été, le duo acadien Weldon et Josée Boudreau a eu une conversation avec un couple aîné du coin, qui leur a parlé de leur jeunesse.
M. Boudreau a pris ce témoignage en note. Il s’est dit qu’un jour, il allait revenir dans la communauté pour leur poser des questions et ressortir ces informations « parce qu’il y aura un temps où ça sera yinque lu. Ça sera dans les archives, mais il y aura personne pour nous les raconter en vraie vie. »
Un an plus tard, il a proposé l’idée du court-métrage à la directrice générale du Centre communautaire francophone de Truro, Yvette Saulnier. Ce fut une réussite, tellement qu’il voulait étendre le projet en allant à Pomquet et Chezzetcook.
Le musicien voulait aller à la rencontre des aînés des régions acadiennes pour « demander des maususses de bonnes questions pis avoir des maususses de bonnes réponses » au sujet de leur vie, lorsque l’église, les célébrations de Noël et les danses du samedi soir étaient au cœur de la vie communautaire.
Il touche aussi à des thèmes comme la tradition du tamarin, une recette acadienne de bonbons à la mélasse, et l’argent, pour aider les téléspectateurs à comprendre ce que les aînés ont vécu à l’époque.
« Il y a des petites anecdotes, qui sont pas nécessairement importantes pour les personnes qui les racontent parce que c’était la vie de tous les jours, mais pour [les jeunes adultes] et certainement les plus jeunes, c’est des choses auxquelles on aurait jamais pensé », dit Mélodie Jacquot-Paratte, directrice générale de l’Acadie de Chezzetcook.
Josée Boudreau en a appris aussi lors des entrevues. Par exemple, seulement les prêtres et les médecins avaient le droit de conduire avant la Deuxième Guerre mondiale, mentionne-t-elle.
C’est justement après cette Guerre que bon nombre de choses ont changée à Chezzetcook. Soudainement, il y avait plus de travail, plus d’industries et plus de joie.
De plus, la proximité de la métropole a influencé la vie des Chezzetcookers, qui sont beaucoup plus exposés à la culture dominante que les résidents de Chéticamp, Isle Madame, Pomquet et du sud-ouest.
La capsule comprend trois axes : le passé, le présent et le futur. En filmant les entrevues, le vidéaste Alexandre Pirottin a tenté de relier les idées de M. Boudreau aux témoignages des interviewées pour voir ce qui en est ressorti.
La durée de la capsule sera entre cinq à 10 minutes, informe M. Pirottin
Une première du mini-documentaire se tiendra bientôt pour que la communauté puisse le visionner. « Le but, ça serait de pouvoir le présenter le mois prochain, dans le cadre du Mois de la Francophonie, annonce Mme Jacquot-Paratte.
Elle ajoute que le projet vidéo pourrait faire partie d’autres événements comme le Festival international du cinéma francophone en Acadie ou le Congrès mondial acadien 2024, si l’intérêt se manifeste.