Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Lorsque Samantha Kieyele a su qu’elle était finaliste, elle était « époustouflée » d’avoir été choisie.
Parmi plus de 5 200 candidats, 90 personnes du secondaire et du Cégep ont été sélectionnées, dont Samantha Kieyele de Mosaïque, afin de représenter la Fondation Boursiers Loran, une organisation fondée en 1988 afin de soutenir les leaders des écoles canadiennes.
« Nous savons que ces jeunes gens prometteurs ont le pouvoir de changer l’avenir pour le meilleur – ils ont simplement besoin d’un tremplin et d’opportunités pour se développer », déclare la Fondation Boursiers Loran.
Jusqu’à 36 bourses seront octroyées à l’issue des sélections nationales, qui auront lieu à la suite d’une série d’entretiens en personne, à Toronto, du 23 au 25 février. Le reste des finalistes courent la chance de recevoir un prix de finaliste d’une valeur de 6 000 $.
La fondation aide les jeunes « promettant de faire preuve de leadership et d’autres talents, qui amélioreront la vie de leur communauté pendant et après leur carrière universitaire ».
Plus de représentation
Le parcours de leadership à Samantha Kieyele a commencé en 10e année, raconte-t-elle, l’année où sa petite sœur a commencé sa 1re année d’école. Sa première journée de primaire terminée, sa sœur est revenue à la maison en lui expliquant que son enseignante lui ressemblait : elle avait la peau foncée, comme elle. L’institutrice en question était également bien à l’écoute des besoins de sa sœur.
Samantha a été marquée par le soutien que cette enseignante a apporté. « Tout au long de cette année-là, j’ai réalisé que j’ai jamais eu d’enseignante noire. J’ai jamais pu avoir cette connexion avec une personne. »
« La diversité, c’est quelque chose de vraiment important pour moi, ajoute-t-elle. Depuis que je suis jeune, j’ai toujours été la seule personne noire dans mon école, dans ma classe. Donc je me sentais isolé, comparé à tout le reste des personnes. »
À la fin de sa 10e année, son école a organisé un spectacle interculturel pour mettre en lumière les talents des élèves. Samantha a préparé un discours afin de souligner l’importance de la représentation, en utilisant l’histoire de sa sœur comme exemple.
Le but du discours était de faire comprendre que le manque de représentation touche les jeunes, plus précisément les minorités visibles, et affecte leur capacité à apprécier leurs propres traditions.
L’année suivante, elle a contribué à la création du Comité d’excellence noire de son école, un espace sûr par et pour les élèves noirs afin de discuter et faire des connexions.
Les membres ont aussi travaillé sur la valorisation du patrimoine africain, notamment durant le mois de février. Samantha voulait bonifier l’enseignement de l’histoire noir en présentant plus d’information et en incluant d’autres personnages historiques comme des scientifiques, des médecins, etc.
Avec plus de visages, il y a plus de représentation et plus de possibilités, affirme l’élève. « Pour quelqu’un qui s’intéresse à la médecine, je trouve que c’est important de voir des personnes comme moi, qui sont dans la médecine. »
Il y a eu des rencontres régionales avant le Mois du patrimoine africain pour prendre en note les grandes lignes et établir la liste d’événements à organiser.
Il ne faut pas avoir peur ou honte de partager sa culture, dit-elle, surtout à l’école. « Partager ces cultures, ça aide à développer ce bagage culturel que chaque élève devrait avoir. »
« Remettre le monde en ordre »
Selon la Fondation, dans ses débuts, les bourses Loran ont été créées afin de pallier les lacunes du système d’aide financière canadien, qui se focalisait surtout sur les athlètes et les personnes avec des moyennes académiques exceptionnellement élevées.
Au lieu de mettre l’accent sur le rendement scolaire, l’équipe de sélection se concentre sur « l’intégrité, le courage, la détermination et l’indépendance personnelle » du candidat, valorisant avant tout les compétences en leadership.
Hormis une allocation de subsistance annuelle et une enveloppe pour couvrir les frais de scolarité, le Prix Loran comprend un programme d’enrichissement en matière de leadership de quatre ans ainsi que des expériences de travail d’été, du mentorat et des rencontres d’universitaires.
D’après Samantha Kieyele, un leader va au-delà de la reconnaissance des problèmes ; il s’agit de quelqu’un qui tente de résoudre les problèmes dans le monde. Et pour y arriver, il faut collaborer avec les autres, précise-t-elle, et prendre en compte la perspective de tout le monde à la table de discussion.
Samantha envisage de faire des études pour devenir médecin. Un jour, elle aimerait, entre autres, soigner les personnes vulnérables en situation de conflit armé.
Elle a également en tête de créer un programme de soutien aux nouveaux arrivants et immigrés francophones destiné à la préparation aux études universitaires.