Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Vers la fin du dernier siècle, on entendait quasiment plus la langue acadienne dans la communauté, explique-t-elle, ce qui a poussé les fondateurs à créer le club pour promouvoir l’utilisation du français.
La naissance de ce club, en 2004, a coïncidé avec l’organisation du premier Congrès mondial acadien (CMA) en Nouvelle-Écosse, moins de dix ans après que le Musée historique acadien soit établi.
L’initiatrice du groupe se sentait mal à l’aise face à l’idée de ne pas pouvoir parler en français avec les touristes, qui allaient venir pour le premier CMA dans la province. Donc, un petit groupe a commencé à se rencontrer régulièrement dans le but de se pratiquer.
Au début, l’objectif principal des rencontres était de « reprendre et améliorer notre langue », mentionne Mme Hugli. Pour elle, le Club Français de Chezzetcook est un projet de retraite qui lui tient à cœur.
Aujourd’hui, la philosophie du club est semblable : poursuivre son apprentissage. Mme Hugli reçoit de l’appui du Regroupement des aînés de la Nouvelle-Écosse ainsi que d’Équipe d’alphabétisation Nouvelle-Écosse afin de réaliser toutes ses activités.
Lors des rencontres, les membres se concentrent surtout sur la compréhension de la langue, notamment avec du contenu pratique comme la traduction de questions et de phrases typiques qu’on pose au quotidien et la lecture d’articles de journaux.
Le but est également de faire découvrir – ou redécouvrir – des mots acadiens de la jeunesse et de noter les différences entre le parler de Chezzetcook et le français standard.
On discute aussi des levées de fonds et des voyages dans d’autres communautés acadiennes. Pour sa prochaine aventure, le club prévoit d’organiser une visite d’un groupe d’aînés acadiens dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. C’est leur gros projet avant le CMA 2024.
Ce type d’échange est une tradition qui se maintient depuis les débuts du groupe. Elles ont même travaillé sur un album de découpage qui contient des souvenirs et des photographies d’anciens voyages.
Faire partie d’une communauté
Betty White a décidé de rejoindre le club, puisqu’il s’agit d’une occasion de passer du temps avec des personnes qu’elle n’avait pas rencontrées depuis longtemps et de renouer avec ses racines acadiennes.
Quand elle était petite, Beatrice De Sutter parlait tout le temps en français. Elle a été obligée d’élever ses enfants en anglais, lorsqu’ils ont commencé l’école.
Ne voulant pas pendre sa langue, elle prit la décision de devenir membre du Club Français. « Venir ici, j’aime ça, parler en français, avec mes amies », dit-elle.
Pour sa part, Madonna Reilly aimerait améliorer son français et préserver la langue. Elle est à la retraite depuis 2014 et, comme l’un de ses objectifs, se dévoue aux rencontres hebdomadaires.
Une église, plusieurs possibilités
Beverly Hugli explique qu’il n’y a pas beaucoup d’activités en français dans la région. Par contre, elle est convaincue que la réouverture de l’église désacralisée se traduira par une augmentation du nombre de rassemblements.
Une entente de principe a été conclue en juillet dernier afin de transférer l’église Saint-Anselme. Le Comité du patrimoine acadien de L’Acadie de Chezzetcook et le comité immobilier paroissial de l’église dévoileront plus de détails concernant l’entente au cours des prochains mois.
La désaffectation de l’édifice permettra aux membres de la communauté d’exposer de l’art visuel, de présenter plus de spectacles et de se rassembler dans un espace plus grand.
La fermeture de cette église en 2018 a été vécue difficilement, raconte Madonna, car il s’agissait d’un lieu de rencontre clé à Chezzetcook pour l’organisation des activités comme les piques niques, les danses, les mariages, etc.