« C’était un grand moment quand on a reçu la lettre», indique la directrice générale de la Société acadienne de Clare, Natalie Robichaud. Elle chapeaute le projet depuis le début auprès des étudiants Blake Thériault, Gaétan Deveau, Nicole Thibodeau et Crystal Madden, également soutenus par leur enseignant du cours de civisme en 9e année, Philip Meuse.
Le groupe a entamé ses démarches en février 2019 et les a poursuivies jusqu’à la fin des classes en juin. La réception d’une lettre de refus vers la fin de l’année scolaire ne les a pas découragés et ils ont décidé de refaire leur demande.
Leur persévérance a certes payé, puisqu’à la rentrée 2019, les étudiants ont reçu une invitation pour se rendre à l’Assemblée législative le 29 octobre 2019. Ils ont alors pu assister aux pourparlers en lien avec leur requête.
Ils ont à nouveau écrit quelques lettres de suivi en septembre 2020, sans grand résultat.
La lettre reçue le 27 mai 2021 vient finalement récompenser leurs efforts acharnés. Le ministre des Transports et du Déplacement actif (TAT), Lloyd Hines, ainsi que la ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie, Lena Diab, y saluent l’initiative de ces étudiants et leur persévérance.
La lettre mentionne notamment la résonance de cet accomplissement en prévision du Congrès mondial acadien (CMA) 2024, qui prendra place dans les municipalités de Clare et d’Argyle. Les ministres invitent finalement les étudiants à continuer de s’impliquer dans leur communauté.
Le ministère rappelle par courriel que l’utilisation d’un panneau d’arrêt bilingue est une initiative qui respecte les objectifs du Plan d’action culturel du gouvernement.
« La modification vise à renforcer et à soutenir les communautés acadiennes et francophones de la Nouvelle-Écosse et à préserver le riche patrimoine français de la province », partage le TAT.
Apprendre à être citoyen
Lorsqu’elle s’est associée au groupe d’étudiants de 9e année en 2019, l’intention de Natalie Robichaud n’était pas tant d’obtenir les panneaux que d’enseigner comment devenir un agent de changement.
« Tu veux faire un changement? C’est long, il faut avoir de la patience, c’est beaucoup de travail, c’est frustrant! Voici comment », rapporte-t-elle avec fougue.
L’étudiante Nicole Thibodeau se rappelle le refus qu’ils ont d’abord essuyé, alors que Blake Thériault se remémore les nombreuses lettres de suivi qu’il a envoyées à sa municipalité ainsi qu’à différents ministères de la Nouvelle-Écosse.
Natalie Robichaud explique que pendant trois ans, les quatre jeunes ont appris à connaître le fonctionnement des paliers gouvernementaux municipal, provincial et fédéral. Ils ont également exploré l’aspect légal : « C’est quoi une loi et comment ça se change », précise la directrice de la Société acadienne de Clare.
Ils ont eu des rencontres avec le ministre des Transports et avec le député de Clare-Digby, Gordon Wilson. Ils se sont pratiqués à s’exprimer en public pour faire des présentations devant leur instance municipale. Ils ont conduit des sondages auprès de la communauté et ont appris à écrire des lettres et à reconnaître la valeur d’une signature.
La prochaine étape
« Les détails du projet de panneaux d’arrêt bilingues sont en cours de finalisation et j’aurai plus à dire sur cet excellente avancée dans les semaines à venir », a déclaré la ministre Lena Diab par courriel.
Pour l’adolescent Gaétan Deveau, cette victoire l’aidera à s’affirmer en tant que personne bilingue tout en renforçant son identité acadienne. Sa collègue Crystal Madden, elle, rêve d’éventuellement bénéficier de l’ensemble des panneaux de signalisation routiers bilingues.
Avant de se lancer dans de nouveaux projets, l’équipe est décidée à accompagner les six plus importantes communautés acadiennes de la province dans la concrétisation de cette avancée. Celles qui voudront jouir des avantages d’un Règlement provincial sur la signalisation routière modernisé devront effectuer leur propre demande et payer les coûts de remplacement pour des panneaux bilingues.
« [En Clare] 87 % des panneaux d’arrêt appartiennent à la province. L’autre 13 % appartiennent à la municipalité. Il faudrait aller leur parler… je crois que c’est ça qu’on devrait faire. Peut-être l’année prochaine? » lance en riant Natalie Robichaud.