Le climat est toujours imprévisible avec des phénomènes climatiques variables, surtout le long de la côte nord de l’île-du-Cap-Breton. Il y a deux semaines, lorsque le vent soufflait avec une force d’ouragan, un suête brutal a secoué la région de Chéticamp et plusieurs résidants ont été inquiets, voire terrifiés.
On entend souvent l’expression le nord du Cap-Breton isolé, avec la chaussée de Canso fermée aux véhicules élevés à cause des vents forts, les inondations, les vols annulés, le verglas, la neige, entre autres. Ceux qui songeaient à voyager au Cap-Breton avaient intérêt à rester chez eux. Pour ceux qui s’y sont aventurés, c’était un déplacement pénible.
Le suête, vent typique à la région de Chéticamp, est destructeur. Le mot suête est une contraction des mots sud et est. Ces gros vents venant du sud-est se produisent au-devant d’un système de basse pression alors que l’air passe par les brèches entre les hautes-terres du Cap-Breton. La crête ouest du plateau des hautes-terres du Cap-Breton descend abruptement vers le niveau de la mer depuis une altitude de 400 mètres. Les vents du sud-est soufflant sur le côté est de l’île traversent le plateau et s’accélèrent pour atteindre des vitesses élevées sur la pente abrupte dans des conditions de masse d’air stable. Parfois appelés « vents sauvages du Cap-Breton », ces vents ont mystifié notre peuple depuis des années.
Les gens d’ici ont appris à respecter ces gros vents et à s’en prémunir, et à juste titre. Ceux qui ne font pas attention aux suêtes s’exposent à bien des ennuis. Environnement Canada diffuse des avertissements et des alertes de temps violent pour qu’on soit conscient et préparé. Cette fois, les prédictions estimaient le vent à 170 km/h, mais Dame Nature nous réservait autre chose avec des vents plus forts de l’est.
Durant toute la tempête, les médias sociaux ont été inondés de rapports du vent et de commentaires. On s’est remémoré les suêtes du passé. Le lendemain matin suivant, les gens ont partagé leurs expériences et des photos des dégâts. Plusieurs gens ont dit qu’ils avaient conduit avec leurs feux de détresse et qu’ils craignaient en raison de la puissance des vents, que leur véhicule ne traverse dans l’autre voie ou pire encore. Certains ont dit avoir été escortés chez eux par un premier intervenant à 40 km/h tout feux clignotants.
Tammy AuCoin de Petit-Étang n’oubliera pas cette tempête de sitôt. « Je suis rentrée chez moi en voiture après avoir travaillé à Inverness et c’était particulièrement mauvais de Cap LeMoine jusqu’après Grand-Étang. La force des vents était irréelle et le gravier a criblé mon véhicule quelques fois, mais je suis rentrée saine et sauve en pensant au moins que la maison serait un havre de paix, a-t-elle dit. La chercheuse de sensations fortes en moi était excitée de connaître des vents de plus de 240 km/h, mais malheureusement, nous avons aussi vu ce que le suête est capable de faire. La tempête de vent a fait des ravages chez nous. L’été dernier, nous avions acheté une toute nouvelle petite maison préfabriquée et, durant la tempête, quelques ancres ont lâché et la maison est tombée de ses blocs. Nous étions dans la voiture quand la maison est tombée, mais nous sommes restés dans la maison pour le reste de la nuit. C’était un cauchemar et très déchirant de voir les dégâts. Bien sûr, nous sommes reconnaissants que mon mari, Christopher, moi et nos animaux n’avons pas été blessés. »
Une partie du toit du bureau de poste de Grand-Étang a été arrachée, ce qui explique la raison pour laquelle on ne recevait plus de rapports du vent après quelque temps. L’anémomètre d’Environnement Canada à Grand-Étang ne fonctionnait plus!
D’autres données venaient du havre de Grand-Étang par le Cape Breton Mesonet, un réseau de stations de météo privées fondé par Jonathan Buffett, qui a installé la première station il y a de cela quinze ans. Au cours des dernières années, le réseau s’est rapidement étendu et on compte aujourd’hui 57 postes un peu partout au Cap-Breton qui recueillent des données environnementales en temps réel.
Parmi les bâtiments qui ont été endommagés par le vent, il y a le Laurie’s Motel Inn à Chéticamp, The House Next Door, la résidence de Jimmy Timmons à Belle-Marche, Le Manoir qui a perdu des morceaux de revêtement sur le premier édifice en face du port et sur les deux côtés de la structure, un véhicule récréatif a été renversé à Belle-Marche et il y a eu bien d’autres dégâts. Aussi, des boîtes à ordures ont été soulevées et renversées et des arbres sont tombés. Miraculeusement et heureusement, aucun blessé n’a été signalé.
La plupart des résidences et des structures de la région sont construites pour résister aux vents, mais cette tempête était insensée. Les entrepreneurs en construction de l’extérieur découvrent à leurs dépens qu’ils doivent construire des bâtiments très solides s’ils veulent que les édifices résistent aux suêtes. Certains ont décrit le vent comme un train de marchandises traversant la maison. Les vents étaient assez forts pour ramasser un véhicule et pour lancer du gravier comme des balles, gravelant les maisons et les véhicules.
Les suêtes sont uniques à la région de Chéticamp, et les gens ont appris à s’adapter à ces vents puissants. Ce phénomène a capté l’intérêt de plusieurs parties du monde. Des chansons, troupes de danse, poèmes, vidéos, contes, entre autres, ont été créés autour de ce concept. Certains estiment que « tout le monde devrait vivre l’expérience d’une de ces tempêtes de vent ».
L’auteure invite les gens à lui faire part de leurs histoires et photos au sujet des suêtes : 902- 224-2492.
