Lors de son allocution, M. Cameron explique pourquoi le livre a été réédité tant d’années après la parution de la version originale. Il a dit aux personnes venues l’écouter lire des extraits qu’il s’agit d’une histoire « de genre héroïque » qui a été largement oubliée, mais qui fait encore ressortir le respect comme valeur humaine importante. En 1970-1971, il s’agissait du respect de l’être humain, et aujourd’hui, c’est plutôt le respect de l’environnement qui est de mise. M. Cameron est un ardent défenseur de l’environnement et de l’écologie, ce qui était apparent dans sa présentation.
Son livre relate l’histoire de la grève de 1970-1971 des pêcheurs de la Nouvelle-Écosse. Cette grève impliquait plus précisément les pêcheurs à bord des chalutiers et les travailleurs d’usines de transformation des petits villages côtiers de Petit-de-Grat, de Canso/Canseau et de Mulgrave, tout près de la chaussée du détroit de Canso.
Si Everett Richardson, pêcheur de la région de Canso, a reçu à l’époque une éducation, ce n’était pas assis sur les bancs d’école.
En 1970, il était l’un des 235 pêcheurs travaillant principalement dans la pêche hauturière, à partir d’un port du détroit de Canso. Ceux-ci avaient déclenché une grève pour obtenir le droit d’adhérer à un syndicat. Il s’agissait d’une concertation entre des pêcheurs de Petit-de-Grat, Canso et Mulgrave qui ont fait du piquetage. Après un combat qui s’est échelonné sur plus d’un an, ils ont réussi à faire partie d’un syndicat. Mais la bataille a été farouche et difficile à remporter. Même les épouses et les enfants s’en étaient mêlés. Les pêcheurs luttaient contre des grandes corporations et ils n’étaient pas à la hauteur de ce combat. Mais, selon Silver Don Cameron, un certain Homer Stevens, leur avait prêté main-forte durant ce combat et avait su les éduquer sur le tas. M. Stevens avait fait le trajet de la côte ouest pour venir en aide aux pêcheurs de la côte est.
Avec la permission de l’auteur et de l’éditeur de ce journal, voici un extrait qui décrit bien l’éducation dont on parle dans l’introduction de ce roman, écrit en anglais. “They wanted the right to have a union. In the end they got one, but the process pitted corporations and legislators against fishermen and families, union against union, clergy against clergy. It was a bitter education in the realities of corporate capitalism.” [Ils réclamaient le droit de se syndiquer. En fin de compte, ils l’ont obtenu, mais le processus a dressé les sociétés et les législateurs contre les pêcheurs et leurs familles, a opposé les syndicats aux syndicats, et dressé les uns contre les autres les membres du clergé. C’était une éducation amère face aux réalités du capitalisme d’entreprise.] traduction
Ce que le lecteur apprend aussi, c’est que cette histoire a ses racines en Nouvelle-Écosse et remonte aussi loin qu’en 1947, lorsque le Conseil des relations du travail de la Nouvelle-Écosse avait accrédité le Syndicat des pêcheurs canadiens comme agent négociateur des pêcheurs de chalutiers de Lunenburg. En appel de ladite décision, les tribunaux avaient jugé que les pêcheurs n’étaient pas des employés, mais des « co-aventuriers » qui partageaient à la fois les risques et les bénéfices avec la Lunenburg Sea Products, la compagnie en question. Et par conséquent, ils n’avaient pas droit au syndicat ni à s’associer ni à faire du piquetage.
La bataille dans le détroit de Canso reposait sur ce même fait. On voulait à tout prix faire partie d’un syndicat. On voulait de meilleures conditions de travail et un meilleur revenu, voire de quoi faire vivre une famille. Mais, selon la décision susmentionnée, les pêcheurs n’avaient le droit ni de s’associer ni de faire du piquetage.
Historiquement, lorsqu’un chalutier accostait, l’entreprise pesait et classait les prises et calculait sa valeur. Chez Acadia Fisheries à Canso et Mulgrave, les pêcheurs recevaient quatre dollars par jour, plus une part de 30 % des prises. Chez Booth Fisheries, à Petit-de-Grat, la part était de 37 %, sans revenu garanti. Un homme pouvait toucher 150 $ pour un voyage de 12 jours, au large. Un pêcheur qui travaillait régulièrement pouvait gagner entre 3 000 $ à 5 000 $ par an. Mais il travaillait des quarts de travail de huit heures pour avoir droit à quatre heures de repos, s’il n’avait pas à nettoyer le poisson. Cette formule représentait deux fois plus d’heures par an que pour un travailleur industriel moyen.
Le livre, qui vient d’être réédité, fait connaître maints scénarios qui justifiaient les réclamations des pêcheurs, pour un syndicat. C’est un regard sur ce que c’était de faire la pêche, il y a plus de 40 ans et comment il a fallu se battre pour gagner le respect.
The Education of Everett Richardson : The Nova Scotia Fishermen’s Strike 1970-71 s’est classé 47e dans une liste des 100 plus grands livres du Canada atlantique. Les critiques disent que c’est un récit captivant d’un moment parmi les plus importants de l’histoire du travail au Canada. De grandes sections du livre sont présentées comme une histoire orale dans laquelle les principaux participants à la grève parlent directement au lecteur. Comme son titre l’indique, le livre raconte en partie ce qu’un pêcheur apprend « lors d’une grève acrimonieuse de sept mois et de ses conséquences amères dans la région du détroit de Canso. Everett Richardson était l’un des 235 pêcheurs des petits ports de Canso, Mulgrave et Petit-de-Grat qui se sont battus pour un meilleur salaire, des conditions de travail plus sûres, la sécurité d’emploi et, surtout, pour le droit de faire partie d’un syndicat. »
On peut obtenir ce livre en faisant une recherche sur le site de l’auteur Silver Don Cameron à www.SilverDonaldCameron.com ou sur Amazon ou encore dans diverses librairies.