Farida Agogno
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl
Dans le rapport du Centre, Contradictions dans les soins: conditions de travail, valeurs conflictuelles et crise dans le travail social de protection de l’enfance en Nouvelle-Écosse narre les difficultés que rencontrent les personnes dans cette profession.
On peut noter, entre autres, la surcharge de travail, le manque de temps, la formation et le mentorat insuffisant, une incompréhension de la profession et sa dévalorisation.
Pour Alec Stratford, directeur général du Collège de travailleurs sociaux de la Nouvelle-Écosse, les familles peinent à assurer leur bienêtre familial et professionnel en raison de la forte pauvreté chez les enfants et les familles. Il y a également un manque de logements abordables de bonne qualité. Ces problèmes accentuent le quotidien des travailleurs sociaux.
Il confirme que les travailleurs sociaux gèrent des charges de travail élevées, souvent sans mentorat ni formation adéquats, ce qui entraine, selon lui, une fatigue et une détresse morale.
Ces facteurs, combinés à un manque de soutien systémique pour la profession de soins, mènent à des difficultés en matière de recrutement et de rétention des travailleurs sociaux.

Alec Stratford, directeur général du Collège de travailleurs sociaux de la Nouvelle-Écosse.
M. Stratford avance que ces défis ont un impact significatif sur la santé mentale des travailleurs sociaux. «La détresse morale découle du fait de vouloir effectuer un travail éthique et sûr dans un système qui manque de ressources et de soutien nécessaires, indique-t-il. Cela affecte leur bienêtre général.»
«De plus, les travailleurs sociaux sont régulièrement exposés à des traumatismes et à des souffrances, ce qui a un impact cumulatif sur leur santé mentale et leur résilience au fil du temps», ajoute-t-il.
Parlant de pénurie de personnel, le rapport mentionne que, pour combler ce manque, les travailleurs sociaux techniquement juniors vont assumer des rôles et responsabilités séniors.
Pour M. Stratford, bien que le nombre de travailleurs sociaux formés ait augmenté, passant de 1800 membres en 2016 à près de 3000 aujourd’hui, le domaine de la protection de l’enfance est de moins en moins attrayant.
«Les postes dans la protection de l’enfance connaissent souvent un roulement au bout de trois ans, précise-t-il. Les problèmes mentionnés plus tôt, une exposition élevée aux traumatismes, un manque de mentorat et un sentiment de dévalorisation contribuent à la non-rétention dans le domaine.»
Le Courrier a contacté le ministère des Opportunités et du Développement, qui a envoyé des commentaires par courriel.
«Les travailleurs sociaux et superviseurs en protection de l’enfance assument certains des rôles les plus difficiles et émotionnels au sein du gouvernement, et nous nous engageons à les soutenir alors qu’ils naviguent dans ces situations complexes», a envoyé le ministère.
D’après le ministère, des mesures ont été prises antérieurement, notamment l’augmentation des échelles salariales, la rémunération pour les interventions d’urgence en dehors des heures de travail, l’ajout de personnel dans les bureaux régionaux pour aider les travailleurs sociaux avec les tâches administratives, ou encore la gestion de charge de travail, l’offre de nouvelle formation et l’intensification du recrutement.
D’autres pistes de solutions
Pour Alec Stratford, la réduction de la pauvreté des enfants peut considérablement réduire le nombre d’enfants pris en charge. Il propose aussi l’amélioration des logements sociaux, l’augmentation des soutiens financiers et l’élargissement de l’accès aux services de santé mentale.
Le rapport recommande également l’intégration de la formation en protection des enfants comme cours central dans les programmes de travail social au niveau du baccalauréat et de la maitrise.
Il suggère l’allocation des ressources financières pour soutenir la formation et le mentorat. Des efforts supplémentaires pour renforcer le leadeurship des autochtones et des Afro-Néoécossais est une autre mesure mentionnée dans le rapport.
«Nous sommes toujours ouverts à apporter des changements, si cela signifie mieux soutenir notre équipe et les enfants, jeunes, familles et communautés que nous servons», complète le ministère.