Farida Agogno – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl
En juillet, le gouvernement fédéral a annoncé une nouvelle stratégie pour protéger et restaurer le saumon atlantique. Cette stratégie vise à répondre aux préoccupations concernant l’état du saumon atlantique.
Charles Cusson, directeur général des programmes au Québec à la Fédération du saumon atlantique, rappelle que cet aboutissement est le fruit d’un travail qui date de 15 ans. Ce processus a été initié sous l’ère du premier ministre Stephen Harper.
Le point de départ de cette initiative remonte à la création d’un comité ministériel qui, il y a une quinzaine d’années, a entrepris une vaste tournée des régions de l’est du Canada, incluant le Québec et la Terre-Neuve-et-Labrador. Cette tournée visait à consulter les populations locales et à évaluer l’état des populations de saumon.
Les résultats ont ensuite conduit à l’élaboration d’une politique de conservation du saumon atlantique, suivie de la mise en place d’un plan pour implanter cette stratégie impliquant un plan de 12 ans et la figure d’environ trois générations du saumon atlantique.
Quant au financement de cette stratégie, M. Cusson avance qu’il est en attente de la décision du gouvernement. Néanmoins, en se basant sur les montants alloués au saumon pacifique, qui incluent plus de cinq espèces, il est évident que les sommes ne seront pas les mêmes que pour le saumon atlantique, qui ne compte qu’une seule espèce.
Cependant, M. Cusson révèle que pour que cette politique soit sérieuse et crédible, des fonds conséquents sont indispensables. «Alors de notre côté à nous on parle de 400 millions de dollars étalés sur 12 ans qui sont l’étendue de la politique qui est proposée en ce moment», dit-il.
Des consultations ont eu lieu dans toutes les provinces au cours des dernières années, impliquant divers organismes à but non lucratif, tels que la Fédération du saumon atlantique en Nouvelle-Écosse.
Ces consultations ont permis de recueillir des commentaires jusqu’à la fin du mois de juillet. Pêches et Océans Canada (MPO) a sollicité la mobilisation des Premières Nations, les Métis, les Inuits, les organismes autochtones, des partenaires, des intervenants et des Canadiens qui s’intéressent au saumon atlantique et à la biodiversité canadien.
Selon M. Cusson, les commentaires les plus fréquents insistent sur l’importance de la connexion entre les êtres humains et le saumon atlantique. Cette connexion est cruciale à plusieurs niveaux, notamment pour les pêcheurs sportifs dévoués à la conservation de l’espèce et pour les peuples autochtones, pour lesquels le saumon représente une connexion spirituelle et traditionnelle.
Donc il souligne qu’il est important que les droits de ces communautés soient respectés dans la mise en œuvre de cette stratégie.
Le Courrier a contacté le ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Aquaculture de la Nouvelle-Écosse qui a envoyé des commentaires.
«Alors que le gouvernement fédéral progresse dans l’élaboration de sa stratégie, nous espérons être consultés et informés sur le rôle que notre province ainsi que les autres provinces de l’Atlantique peuvent jouer», mentionne le département.
Par ailleurs, M. Cusson précise qu’en 2011, une étude socioéconomique avait évalué la valeur du saumon atlantique à environ 150 millions de dollars par an en activité socioéconomique pour l’ensemble des rivières à saumon de l’Est du Canada.
En 2022, les chiffres ont été révisés à 218 millions de dollars par an, soulignant l’importance économique de cette espèce pour les régions concernées.
Pour l’instant, le directeur indique que les acteurs impliqués attendent de voir ce que le gouvernement fera avec les commentaires reçus. Il ajoute que la question de la gestion des fonds reste en suspens, car personne ne sait si le financement sera assuré par le MPO ou délégué à une autre entité.
«Le montant d’argent déterminera si nous pourrons accomplir tout ce que nous souhaitons pour assurer un meilleur avenir au saumon atlantique», souligne-t-il.
Le département rappelle que le saumon atlantique en Nouvelle-Écosse est confronté à plusieurs défis majeurs, notamment la survie marine et la réduction des habitats d’eau froide en raison du changement climatique. Ces problèmes complexes nécessitent des solutions innovantes et une collaboration interprovinciale.
Par exemple, le fonds pour l’habitat des poissons sportifs du Département de la Nouvelle-Écosse joue un rôle crucial à cet égard, en soutenant la restauration des habitats aquatiques pour des espèces comme la truite et le saumon sauvage.
Ce fonds finance des programmes visant à conserver et améliorer l’habitat d’eau douce dans toute la province, tels que le projet «Adopt a Stream» et le projet de mitigation de l’acidité de la West River.
Ainsi, le département insiste sur le fait que la stratégie du gouvernement pour la conservation du saumon atlantique devra intégrer ces initiatives locales et s’appuyer sur les succès existants pour renforcer les efforts de conservation. La collaboration entre les différentes parties prenantes sera donc essentielle pour relever les défis actuels et futurs.
«Ensemble, nous pouvons assurer un avenir durable pour le saumon atlantique en Nouvelle-Écosse et dans tout l’Atlantique canadien», conclut-il.
Le site du gouvernement du Canada indique que la publication de la stratégie est prévue pour cet automne.