le Vendredi 14 février 2025
le Lundi 18 novembre 2024 9:00 Rubrique - Notre musique de côte à côte

NOTRE MUSIQUE DE CÔTE À CÔTE – Andrea Cormier

Une musicienne dès un jeune âge, bien entourée de musique à la maison, Andrea Cormier partage avec nous la beauté de ses débuts en musique ainsi que son parcours, qui l’a ramené à ses racines acadiennes.
NOTRE MUSIQUE DE CÔTE À CÔTE – Andrea Cormier
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Melissa: Bonjour Andrea! Comment ça va?

Andrea: Ça va bien et avec vous?

M: Ça va bien merci! C’est un plaisir de vous rencontrer. Moi, c’est Melissa. Je travaille pour Le Courrier et j’ai créé une rubrique (Notre musique de côte à côte) qui nous permet de découvrir de nouvelles artistes, alors merci gros d’en faire partie!

A: Nice, c’est awesome! Merci à vous! 

M: Alors, raconte-moi un petit peu à propos de toi. Tu viens d’où?

A: Je viens de Cap-Pelé, au Nouveau-Brunswick, qui est un petit village acadien. Là, je me suis promené pas mal. J’ai vécu à Montréal et maintenant j’habite ici (Dartmouth). Je fais de la musique et je travaille dans l’industrie de la musique aussi. 

M: Awesome! Et ça fait combien longtemps que tu joues de la musique? 

A: Ça fait toute ma vie que je joue de la musique. J’ai grandi dans une famille très musicale. Mon père est musicien. Sa famille était vraiment musicale. J’ai commencé à jouer le violon quand j’avais six ans pis j’ai fait ça pour un petit bout, avant de changer à la guitare quand j’avais environ 15 ans. J’ai aussi commencé à composer des chansons originales vers 17-18 ans.

M: Wow, c’est quand même jeune, de commencer tes propres compositions.

A: Oui? Des fois, je pense que j’ai commencé un petit peu plus tard que d’autre monde.

M: Non, composer de la musique originale avant 20 ans! Je trouve que composer, ça prend une confiance spécifique, surtout si tu partages tes créations avec les autres! Est-ce que t’écrivais des chansons ou c’était des instrumentales?

Andrea Cormier

PHOTO : Courtoisie

A: Au début, je dirais que c’était plus des instrumentales et vraiment, au début, je faisais beaucoup de covers de musiciens que j’aimais. Je crois que je me suis fait inspirer par eux et les styles que j’aimais. Mais c’est ça. J’ai commencé à écrire des paroles vers l’âge de 18 ans. Ç’a pris du temps, quand même. Ce n’est pas un processus qu’est facile pis y’a une partie de moi qui se sent comme si je ne l’ai pas encore masteré, mais j’ai continué depuis ce temps-là. Je dirais vraiment que c’est un work in progress

M: Tout le temps, tout le temps. L’écriture, ça vient juste de mieux en mieux! Écrivais-tu en français à ce temps-là? Ou en anglais? Ou un petit peu des deux?

A: C’était plus en anglais, mais c’est drôle parce que, comme je te disais, j’ai grandi dans un contexte francophone, pis mon père chantait en français pis la musique autour de moi était en français. Mais j’ai grandi dans une famille bilingue et j’ai souvent plus écouté de la musique en anglais. Ça fait que c’était plus naturel pour moi d’écrire de la musique en anglais à ce moment-là. Mais, j’ai commencé à explorer un peu écrire en français récemment. C’est vraiment nouveau pour moi! 

M: Ouais, c’est t’il vrai? Comment t’as trouvé le processus? Qu’est-ce qui t’as fait penser que c’est quelque chose que tu voulais essayer au lieu d’écrire en anglais? 

A: J’ai fait une collaboration avec des musiciens locaux, pis eux savaient que je parlais le français et il y en a un qui m’a dit, «Si ça te tente, tu devrais essayer d’écrire des paroles en français. Ça sera vraiment cool!» Parce que moi, je faisais la mélodie, la voix pis les paroles et, au début, je les écrivais en anglais et lui disait comment ça serait cool si je les écrivais en français. J’ai dit oui et j’ai trouvé ça bizarrement libérateur. J’ai vraiment aimé le processus. J’ai trouvé ça même un petit peu plus facile qu’écrire en anglais. On dirait que je me mettais moins de pression et que je me laissais plus aller avec mon inspiration. Ça fait que, après ça, je me suis dit que ça serait cool d’écrire une chanson en français juste pour moi. Alors, j’ai écrit une chanson en français. Pour l’instant, j’ai juste une chanson en français, mais c’est le début!

M: Quand même! C’est great de juste lancer de la musique originale. Pis, là, de le faire dans une autre langue aussi, c’est quelque chose d’en être fier! As-tu des inspirations d’artistes francophones qui t’ont fait vouloir créer en français aussi?

EP – Andrea Cormier.

PHOTO : Courtoisie

A: Y’a vraiment une vague récemment de toutes sortes d’artistes acadiens que j’ai trouvé vraiment inspirant parce que, quand j’étais dans ma jeune vingtaine, et j’ai vécu à Montréal, y’avait Radio Radio que tout le monde connaissait, mais c’était le seul group acadien qu’était vraiment populaire. Toute suite après ça, y’a eu Lisa LeBlanc et, maintenant, c’est P’tit Belliveau pis tous les autres groupes qui viennent soit de ton coin ou de Moncton (Nouveau-Brunswick), et ça m’a quand même inspiré. Je ne sais pas si tu peux relate à ça, mais je pense que quand j’étais jeune, il y avait peu de jeunes autour de moi qui se présentaient en acadien ou qui chantaient en français. Alors, je crois qu’il y a beaucoup d’artistes qui s’empêchent d’explorer cette partie-là… mais maintenant, avec tous les artistes qui le font, c’est presque plus OK de le faire. C’est plus accepté et même célébré. On dira alors que je me suis donné un peu la permission de l’explorer aussi. 

M: Absolument, et ça ouvre la porte à la conversation de création acadienne. Un des sujets qu’on a abordés vraiment vite avec notre équipe au Courrier, c’était l’insécurité linguistique pis qu’est-ce que ça voulait dire pour notre journal et notre lectorat. Alors, c’est vrai que c’est le fun de voir quelqu’un comme P’tit Belliveau être lui-même, acadien de la Baie, sans hésitation. J’entends mon accent en lui, même quand il adresse la foule. Je me rappelle d’avoir besoin d’ajuster mon accent dans différents milieux francophones (à l’uni, à Moncton, etc.) afin de me faire comprendre, et ce n’est pas que c’est une mauvaise chose. C’est juste rafraichissant d’entendre un artiste sur la scène être complètement eux-même, en train de s’exprimer dans l’accent qu’ils ont été donné. Alors, même s’il y a des endroits ou il faut s’ajuster afin de se faire comprendre, il y a un endroit où qu’on peut s’exprimer sans réserve dans sa langue, et c’est en art, en musique. 

A: Oui, c’est ça. Je me sens plus à l’aise maintenant parce que, moi aussi, quand j’ai été au Québec, il a fallu que je change un peu mon accent, pis j’ai un peu perdu mon accent à cause de ça. Là, une fois revenu dans les maritimes, j’étais triste. Pis, là, y’a du monde comme P’tit Belliveau qui m’a inspiré à, justement, reconnecter avec mon accent pis mes racines acadiennes.  

M: C’est formidable, ça. Et où est-ce que tu prends ton inspiration pour ton écriture? Est-ce que des idées te viennent juste, ou des thèmes que t’aimes d’aborder?

A: Pour moi, c’est plus pragmatique, la façon que je travaille. Une des plus grandes sources d’inspiration pour moi, c’est la nature. Je sais que ça sonne cheesy

M: Pas du tout, je comprends!

A: Ouais, je trouve c’est vraiment important d’être en nature. Pis je ne sais pas si c’est parce que j’ai grandi dans une petite place, mais j’ai vraiment besoin du temps toute seule dehors. Souvent, c’est à ces moments-là que mes idées viennent en morceaux. D’habitude, c’est comme des parties de phrases ou des mots que j’aime qui me viennent. Des fois, ils semblent venir d’ailleurs et passent par moi, et faut juste porter attention quand ça arrive et les capter. Je trouve que l’écriture vient plus naturellement quand je fais beaucoup de lecture aussi. Si je lis beaucoup de livres et ensuite je me rends dans la nature, on dira que les paroles viennent beaucoup plus facilement. 

M: Wow, ça c’est vraiment cool. Je me trouve souvent inspiré pour jouer de la guitare et chanter pour les oiseaux quand je suis dehors. La nature inspire big time! Est-ce que tu joues pas mal des instruments sur tes enregistrements? T’as mentionné que tu jouais le violon et la guitare. Est-ce que tu t’es appris ces instruments?

A: Ouais, c’est mon père qui m’a montré le violon, mais ce n’était pas comme des cours formels. Après ça, j’ai pris des cours plus formels en violon, quand j’étais un petit peu plus vieille. Pour la guitare, je me suis appris moi-même. J’ai juste vu l’instrument chez nous parce qu’on avait une salle de musique. Je ne pense pas que j’ai réalisé quand j’étais jeune comment j’étais chanceuse d’avoir ça, mais j’avais juste vu la guitare et je me suis dit, «j’aimerais essayer ça». Je faisais juste ça pour le fun, au début. Mais je n’arrêtais pas de jouer, j’ai juste continué. J’utilisais beaucoup des programmes qu’il y avait à ce temps-là sur l’ordinateur, quelque chose dans le genre de Guitar Pro, qu’est surtout des guitar tabs et des charts, et c’est ce qui m’a aidé à développer mes compétences de guitare. 

M: Trop cool! Ça fait que tu jouais des covers et, ensuite, t’as commencé à créer ta musique originale. Te vois-tu lancer un album tout en français? Qu’est-ce qui t’inspire, ces jours icette?

A: Je pense que j’aime vraiment un mix. J’aime d’avoir un peu des deux. Au Nouveau-Brunswick, c’est beaucoup comme ça que c’est, ainsi qu’ici, en Nouvelle-Écosse. Tu peux utiliser les deux langues librement. Dans ma famille, c’est comme ça aussi. Sur le côté de ma mère, c’est en anglais, et sur le bord de mon père, c’est en français. Alors, pour moi, c’est naturel d’avoir les deux en un. Alors, je ne sais pas si je vais faire un CD complètement en français. Peut-être un jour, tu ne sais jamais! Mais je pense qu’il y aura une partie de moi qui sera manquante. 

M: Ouais, je comprends! Est-ce que tu joues dans les alentours, ces jours-ci? Où est-ce qu’on aura la chance de te voir en concert?

A: Je joue plus à Halifax et je vais avoir un EP release en quelque temps, en novembre. Ça, ça va être mon prochain spectacle, qui sera à Dartmouth. Mais, j’aimerais ça faire plus de shows à l’extérieur d’Halifax. Je suis encore nouvelle dans la scène, alors j’apprends encore comment que ça marche!

M: Ouais, je comprends. Mais ça, c’est vraiment cool! C’est le fun de te rencontrer et d’apprendre à propos d’une nouvelle artiste dans la région! Je suis certaine que tu vas jouer de plus en plus dans les alentours bientôt!

Merci Andrea Cormier, d’avoir pris le temps de discuter avec Le Courrier! 

Retrouvez ses chansons ici sur sa chaine YouTube: YouTube – https://www.youtube.com/channel/UCml_5cJmmMhKHlQga9guwIA

Légende de mots acadien :
pis – et
ouais – oui
juste – seulement
icette – ici