Au profil atypique de leurs côtes s’ajoute une singularité historique. L’un de ces villages, Pubnico-Ouest, et le village en regard de l’autre côté du havre, Pubnico-Est, forment la plus ancienne région d’Acadie encore habitée par des Acadiens. C’est aussi la plus ancienne région du Canada encore habitée par les descendants de son fondateur, Philippe Mius d’Entremont, qui avait reçu le titre de baron de Pobomcoup (Pubnico) en 1653. Est-ce une faveur accordée par le gouverneur de la Nouvelle-Ecosse aux Acadiens de cette région lorsqu’ils sont revenus d’exil ? Certainement pas…
Cet article est un résumé de l’article complet qui figure sur le site internet www.generations-acadie.org

Désiré d’Eon, fondateur du Petit Courrier en 1937.
En 1767, neuf familles acadiennes sont revenues s’installer sur des terres de la région de Pubnico, sur ce vaste territoire d’Argyle, au sol rocailleux et pauvre, qui s’appelait alors le Cap-Sable. A Pubnico, les colons anglophones s’étaient appropriés les meilleures terres, à la tête du havre, alors que les colons acadiens ont dû se contenter de terres plus ingrates, aux pointes du havre. Au début des années 1780, à la fin de leurs migrations au Cap-Sable, les Acadiens étaient dispersés et marginalisés sur des terres pauvres, séparés par des communautés anglophones. Jamais ils n’ont pu créer une région homogène à majorité francophone, comme au nord-ouest, le long de la baie Sainte-Marie.
Au début du 19e siècle, on voyageait péniblement par la terre entre Par-en-Bas (Cap-Sable) et Par-en-Haut (Baie Sainte-Marie) et l’accès à Par-en-Bas était plus facile par la mer que par la terre. Les difficultés de communication entre les deux paroisses de Sainte-Anne (Par-en-Bas) et Sainte-Marie (Par-en-Haut), fondées par l’abbé Sigogne en 1799, renforçaient encore plus l’isolement culturel des Acadiens de Par-en-Bas. Longtemps pénalisés à l’école, comme les autres Acadiens, pour leur éducation en français, ils n’avaient pas non plus un poids politique suffisant au niveau provincial. Il leur restait à créer leur propre institution sociale pour unir la communauté.
C’est ainsi que le 10 février 1937, Désiré d’Eon, un Acadien de Pubnico-Ouest, a eu l’idée de publier la toute première édition du journal hebdomadaire en français Le Petit Courrier (du Sud-Ouest de la Nouvelle-Ecosse). Son ambition était d’unir les communautés acadiennes de sa région. Son coup de génie a été de destiner ce journal populaire aux Acadiens pour « parler d’eux-mêmes » à travers des brèves qu’ils peuvent lire facilement. Devenu provincial en 1972, le Petit Courrier a ensuite été renommé Le Courrier de la Nouvelle-Ecosse. Il est édité depuis 1988 par la Société de presse acadienne.
Aujourd’hui, avec une édition imprimée tous les quinze jours et des articles publiés tous les jours sur son site internet, le Courrier de la Nouvelle-Ecosse est le seul média francophone à diffusion provinciale de la province. Dans un environnement anglophone, il est le lien indispensable entre toutes les communautés acadiennes et francophones dispersées sur l’ensemble du territoire.
Sources de l’article complet
Ross, Sally, et J. Alphonse Deveau ; Les Acadiens de la Nouvelle-Ecosse, hier et aujourd’hui ; Les Editions d’Acadie, Moncton, 1995.
Oury, Guy-Marie ; Les débuts du missionnaire Sigogne en Acadie ; Les Cahiers des dix, Numéro 40, 1975.
Musée des Acadiens des Pubnicos (La fondation de Pubnico, L’historique de Sainte-Anne-du-Ruisseau, Désiré d’Eon), Pubnico-Ouest.
Statistiques Canada 2021 : 56,7% des 7870 habitants d’Argyle sont encore capables de soutenir une conversation dans les deux langues officielles.
Générations Acadie est un projet soutenu par l’Association nationale France-Canada.