le Mardi 3 octobre 2023
le Jeudi 8 Décembre 2022 7:30 Francophonie

L’idée de Francophonie présentée aux Néo-Écossais (1re partie)

Les locaux de l'Université Sainte-Anne, institution postsecondaire qui représente valablement la francophonie en Nouvelle-Écosse. — PHOTO(S) - Jean Junior Nazaire Joinville
Les locaux de l'Université Sainte-Anne, institution postsecondaire qui représente valablement la francophonie en Nouvelle-Écosse.
PHOTO(S) - Jean Junior Nazaire Joinville
D’entrée de jeu, je trouve important de dire aux lecteurs du Courrier que le terme Francophonie dans son acceptation géoculturelle ou géopolitique n’est pas trop ancien dans le vocabulaire français. Ce n’est qu’en 1960 que plusieurs chefs d’État de l’Afrique et d’Asie ont conçu ce projet.
L’idée de Francophonie présentée aux Néo-Écossais (1re partie)
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Pour Christophe Prémat, dans son livre intitulé Pour une généalogie critique de la Francophonie, sorti en 2018, la Francophonie est un projet reliant plusieurs Pères fondateurs ayant un héritage commun. Ils étaient Hamani Diori, qui fut le premier président de la République du Niger; le héros de l’indépendance tunisienne, Habib Bourguiba; sa Majesté le roi Norodom Sihanouk du Cambodge; et surtout Léopold Sédar Senghor, penseur, poète, linguiste et chef d’État sénégalais.  Toutefois, le géographe Onésime Reclus est celui qui a conçu le mot francophone et le mot francophonie dans son ouvrage titré France, Algérie et colonies, paru en 1886. 

Avec Onésime Reclus, la francophonie identifie à la fois une idée linguistique et géographique. Des Néo-Écossais peuvent bien se retrouver dans cette idée. Le géographe dans ses idées s’intéresse à l’universalité de la langue française non seulement en Algérie, mais aussi aux colonies et anciennes colonies de France, y compris le Canada et la Nouvelle-Écosse en particulier. 

Si avec Onésime Reclus la francophonie n’a qu’une dimension linguistique et géographique, aujourd’hui elle est aussi politique, d’où la différence entre francophonie avec un f minuscule et Francophonie avec un f majuscule.

Le drapeau de l’Acadie, considérée comme une nation ou un ensemble de communautés francophones (très influente en Nouvelle-Écosse). 

Dans son article titré De la Francophonie “centripète” à une Francophonie périphérique, Virginie Marie de l’Université de Turku précise que « la francophonie avec un f minuscule renvoie à l’ensemble des personnes qui utilisent la langue française. Alors que la Francophonie avec un f majuscule réfère à l’ensemble des institutions intergouvernementales ou gouvernementales dont le rôle principal est de promouvoir la langue française et de faire connaître la culture francophone sur une échelle mondiale. »

Pour donner suite à toutes ces réflexions de différents auteurs, je me demande pourquoi la Nouvelle-Écosse ne s’identifie pas ouvertement à la Francophonie comme le Québec, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick. Aujourd’hui, après la France, le Canada est le deuxième plus grand contributeur de l’Organisation international de la Francophonie (OIF) avec surtout le soutien du Québec et du Nouveau-Brunswick. Où est passée la Nouvelle-Écosse ? Ces deux provinces sont toujours bel et bien présentées dans les Sommets de la Francophonie organisés tous les deux ans. Elles ont été déjà hôtes de ces Sommets. Le Québec était hôte lors de la deuxième et la douzième édition respectivement en 1987 et 2008. Quant au Nouveau-Brunswick, il était hôte lors de la huitième en 1999, à Moncton. En tout cela, la Nouvelle-Écosse est totalement absente. 

Si aujourd’hui la Nouvelle-Écosse ne donne pas beaucoup d’importance ni à la langue française ni à la francophonie comme les autres provinces suscitées, il faut rappeler qu’elle est la première héritière de cette langue au Canada. La colonisation de la Nouvelle-France (ensemble de territoires coloniaux français d’Amérique du Nord, qui ont existé de 1534 à 1763) a commencé par la fondation de la ville de Port-Royal, qui est actuellement Annapolis Royal, en 1605. Viennent ensuite d’autres fondations comme celle du Québec en 1608, de Trois-Rivières en 1634 et de Montréal en 1642. 

Le Sommet de la Francophonie, la Conférence ministérielle de la Francophonie et le Conseil permanent de la Francophonie sont les trois instances consacrées par la Charte de la Francophonie. Ce sont des activités au cours desquelles la Nouvelle-Écosse devrait être bien représentée. 

Je ne suis pas en train de faire un plaidoyer de la langue française au détriment de l’anglais. Cependant, si l’on tient compte du passé historique de la Nouvelle-Écosse, des rapports qu’elle a développés avec les différents pays colonisateurs, cette province maritime devrait donner plus d’importance à la langue française et à la Francophonie.