le Jeudi 28 septembre 2023
le Vendredi 24 février 2023 10:00 Francophonie

Quel rapport se développe entre les communautés francophones au Canada ? (1re partie)

Le portrait de la Francophonie canadienne. — PHOTO -  L-express.ca
Le portrait de la Francophonie canadienne.
PHOTO - L-express.ca
Aujourd’hui, on ne peut aucunement parler du Canada sans se référer à la minorité linguistique. Non seulement il y a le français qui est une langue minorée sur tout le territoire, autrement dit dans toutes les provinces, le Québec excepté, mais aussi il y a l’anglais qui est une langue minorée au Québec. Cette situation qui ne date pas d’hier sur le territoire canadien fait couler de l’encre et fait l’objet de beaucoup de recherches scientifiques. Il n’y a pas que la minorité linguistique au Canada qui est à l’ordre du jour. Il y a aussi le rapport entre les communautés francophones.
Quel rapport se développe entre les communautés francophones au Canada ? (1re partie)
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Les régions où le français est minoritaire forment une seule et même communauté appelée Communautés francophones en situation minoritaire (CFSM). Quel rapport se développe entre ces communautés et le Québec, centre du rayonnement de la culture francophone en Amérique du Nord ? Comment sont ces communautés dans l’imaginaire collectif des Québécois ? Le Québec tend-il toujours la main à ces communautés quand ils sont en difficulté ? 

D’abord, il nous parait important de dire ce qu’est une langue minorée. Selon Jean-Michel Kasbarian dans le livre titré Sociolinguistique, concepts de base dirigé par Marie-Louise Moreau, « une langue minorée est une langue dont les valeurs ne sont pas reconnues sur la scène interactionnelle par les locuteurs d’une langue sociolinguistiquement dominante (langue officielle, écrite, véhiculaire, scolaire, dotée de normes régulatrices et prescriptives). Les locuteurs de la langue minorée se conforment pratiquement aux normes d’usage et d’interaction produites par leurs interlocuteurs. » 

Comme nous l’avons mentionné ci-haut, nombre de francophones vivent en situation minoritaire au Canada. Mais le pire, c’est que parfois, ils ne sentent pas comme s’ils sont appuyés par d’autres francophones sur le seul et même territoire.

Logo de la francophonie Canada.

PHOTO - Francophonie Canada

Dans son article titré Québec c. Francophonie canadienne : la solidarité en francophonie canadienne à l’épreuve du régime de droits linguistiques, Stéphanie Chouinard a montré avec des données statistiques que dans l’arène judiciaire, le Québec intervient pour les autres francophonies minoritaires si son intérêt est aussi en jeu. Dans le cas contraire, il s’absente. Ce qu’elle a défini comme le comportement stratégique du Québec. 

Dans les causes en droit linguistique à la Cour suprême du Canada, entre 1982 et 2021, soit pendant 39 ans, sur 29 cas à la Cour suprême du Canada, le Québec intervient seulement 11 fois quand ses propres intérêts sont en question.  

L’Ontario français est aussi un autre maillon important dans la chaine des communautés francophones en situation minoritaire. Les Franco-Ontariens comportent leur propre drapeau et leur philosophie afin de se distinguer de l’ensemble de l’Ontario. D’ailleurs, la province de l’Ontario est membre observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  Toutefois, cette région ne se sent pas toujours valorisée par le Québec. Dans un documentaire ayant pour titre Pis nous autres dans tout ça? présentant la situation des Franco-Ontariens vis-à-vis des Québécois, la réalisatrice Andréanne Germain a décrit cette ignorance affichée par les Québécois. Ces derniers ne connaissent même pas le drapeau des Franco-Ontariens. 

Si les Franco-Ontariens se sentent souvent ignorés par les Québécois, les gouvernements de ces deux provinces s’entendent souvent pour de grands projets et veulent que le rapport entre les habitants s’améliore. Récemment, soit en 2021, elles investissent en commun jusqu’à 500 000 $ afin de soutenir des projets qui encourageront le développement de la culture francophone, surtout ceux qui amélioreront la compréhension mutuelle entre les Québécois et les Franco-Ontariens.

Somme toute, les violons ne s’accordent pas toujours entre les francophones du Canada. En dépit de tout, au sein de l’OIF, le Canada est un membre influent et le deuxième plus grand bailleur de fonds après la France. Qu’est-ce qui fait la force des CFSM ? Obtiennent-elles tous les services dont elles ont besoin ? Ces interrogations et bien d’autres feront la toile de fond de la seconde partie de ce papier.