le Mercredi 9 octobre 2024
le Jeudi 12 septembre 2024 11:00 Nouvelles

La Journée des langues officielles reste symbolique dans la fonction publique

Le problème persiste au sein de la fonction publique pour les fonctionnaires francophones qui souhaitent utiliser leur langue dans leur milieu de travail.  — PHOTO : Flickr
Le problème persiste au sein de la fonction publique pour les fonctionnaires francophones qui souhaitent utiliser leur langue dans leur milieu de travail.
PHOTO : Flickr
FRANCOPRESSE – Même si elle a été créée par le gouvernement fédéral en 2009, la Journée des langues officielles est très peu soulignée dans la fonction publique. Pour certains fonctionnaires, chaque deuxième jeudi du mois de septembre devient donc une occasion de rappeler que la Loi sur les langues officielles n’est pas toujours respectée.
La Journée des langues officielles reste symbolique dans la fonction publique
00:00 00:00

Inès Lombardo – Francopresse 

L’évènement virtuel qui célèbre les langues officielles le 12 septembre, sous le thème «Nos langues en ACTION!», est organisé, entre autres, par Patrimoine canadien pour le public.

De deux sous-ministres fédéraux au commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, en passant par des «champions» régionaux en la matière, les animateurs de cette édition ont les langues officielles au cœur de leur travail.

Des champions des langues officielles?

Les champions des langues officielles appuient l’administrateur général d’une agence fédérale donnée «dans le développement d’une vision intégrée du programme des langues officielles au sein de son institution».

Ils ont aussi comme rôle de promouvoir les langues officielles et de veiller à ce qu’elles soient prises en compte dans les processus décisionnels, selon la Politique sur les langues officielles du gouvernement fédéral.

Ils sont une sorte de relai entre le gestionnaire d’un service de la fonction publique et les employés.

Le président de l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP), Nathan Prier, le confirme : aucune célébration, aucune note sur la Journée des langues officielles n’a été reçue par les fonctionnaires qu’il représente.

La Journée, créée par le gouvernement en 2009, est surtout une «opportunité de rappeler tous les besoins qui ne sont pas complètement atteints de la protection des langues officielles», souligne-t-il. «C’est une bonne journée pour exhorter le gouvernement du Canada à faire plus.»

L’ACEP connait bien le sujet puisqu’elle représente des membres du Bureau de la traduction, censé garantir le droit d’accès aux deux langues à la population canadienne.

Nathan Prier souhaite que le Bureau reçoive davantage de ressources financières et humaines du gouvernement pour qu’il redevienne «le centre d’excellence en langues officielles du gouvernement fédéral qu’il était en 1994».

À lire aussi : Langues officielles : les institutions fédérales doivent prévenir plutôt que guérir

Nathan Prier dénonce le fait que certains fonctionnaires francophones rapportent toujours «une protection différenciée» dans la fonction publique par rapport aux langues officielles. 

PHOTO : Courtoisie ACEP

«Plus facile en anglais»

Jean-Bernard Bitchoka, évaluateur principal à la Direction des instruments médicaux (DIM) de Santé Canada, confirme lui aussi qu’il n’a pas reçu de directive de son ministère ou de courriel quelconque pour marquer la Journée des langues officielles au sein de son service.

Rien n’est organisé à l’avance, mais il rappelle que c’est aux champions des langues officielles dans chaque région du pays de garantir la protection et la promotion des deux langues parmi les employés.

S’il assure qu’il ne s’est «jamais senti opprimé» sur son droit d’utiliser le français dans son travail, Jean-Bernard Bitchoka, qui est bilingue, explique qu’utiliser l’anglais pour rédiger des conclusions de rapports est «plus facile», car «les mots sont déjà dans le texte, notamment avec les variations des produits thérapeutiques».

À lire aussi : Incapables de travailler dans leur langue, des fonctionnaires quittent

«Cette information ne vient pas dans les deux langues. Et ça, j’en ai fait la demande. On m’a dit que le client qui travaille avec le gouvernement fédéral – parce que l’industrie pharmaceutique est un client – peut soumettre la documentation dans la langue de son choix.»

Le fonctionnaire assure que traduire ces informations en français serait plus long. «Mais lorsque c’est le temps des discussions, des recommandations, je le fais en français!»

Jean-Bernard Bitchoka a fait partie du groupe de travail sur les langues officielles au moment de moderniser la loi : «J’ai eu la même discussion avec le sénateur Cormier. Il est au courant que nous recevons beaucoup de documentations en anglais et [que] les francophones n’ont pas assez de documentation en français.»

Appel à de l’action concrète

De son côté, l’ACEP demande notamment au gouvernement fédéral un plan d’action pour «donner aux fonctionnaires la possibilité d’améliorer leur maitrise d’une deuxième langue officielle et de maintenir leur niveau de compétence».

Sans les ressources et un plan, les traducteurs représentés par l’association «ne sont pas toujours habilités à fournir une réponse à la hauteur des attentes de l’employeur et des Canadiens, qui s’attendent à recevoir des communications de grande qualité dans les deux langues officielles», estime Nathan Prier.

L’ACEP dénonce également l’absence de contrôle et de surveillance du gouvernement fédéral sur la performance linguistique des membres de direction dans la fonction publique.

Mise à jour 9 h : Dans une réponse par courriel, le ministère des Langues officielles précise que des évènements ont lieu et visent «à souligner le rôle important que jouent les langues officielles du Canada dans l’édification de notre identité nationale et l’établissement de relations avec un vaste monde».