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Des étudiants de droit de Dalhousie veulent plus de ressources en français

Zachary Turbide, vice-président interne, et Alanah Ellsworth, présidente de la Société francophone Weldon. 
 — PHOTO : Jean-Philippe Giroux
Zachary Turbide, vice-président interne, et Alanah Ellsworth, présidente de la Société francophone Weldon.
PHOTO : Jean-Philippe Giroux
Connaissez-vous la Société francophone Weldon? Des jeunes de l’école de droit de l'Université Dalhousie veulent accroitre la visibilité des étudiant(e)s de droit francophones sur le campus et rendre les ressources en français plus accessibles et nombreuses pour ceux et celles qui veulent faire du droit en français après leurs études.
Des étudiants de droit de Dalhousie veulent plus de ressources en français
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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Le Courrier est allé à la rencontre de deux membres de la Société francophone Weldon, sa présidente, Alanah Ellsworth, et Zachary Turbide, vice-président interne, pour se renseigner sur ce qui se passe auprès de cette nouvelle société, fondée par et pour les francophones de l’université. 

JP: Je voulais connaitre davantage sur vous deux. Pouvez-vous me parler de votre parcours scolaire pis ce qui vous a mené vers la discipline du droit et les études de droit à Dalhousie?

AE: Quand j’ai fini le secondaire, j’avais en tête que je voulais être chanteuse opéra. Alors, j’ai parcouru un bac de musique à UBC parce que je suis de Vancouver. Et j’ai beaucoup aimé ça, j’ai appris beaucoup. C’était très fascinant de voir le monde artistique et comment ça marche en réalité.

Mais surtout avec la pandémie, j’ai fait la réalisation que c’est tellement difficile de gagner sa vie, même dans les meilleurs temps et même si tu es le musicien le plus talentueux au monde. Mais quand [il y a] quelque chose comme une pandémie, ça prend le monde à tout prix. C’est une anxiété que je ne pouvais pas vivre avec.

Alors, à ce point-là, je me disais, bon, avec l’éducation que j’ai déjà entreprise, qu’est-ce que je peux faire maintenant. Et le droit était toujours une idée en tête, car ma grand-mère était avocate, mon cousin est avocat, au Nouveau-Brunswick, ma belle-tante est juge, en Belgique, et, pour se rendre à l’école de droit, tu as juste besoin d’un bac. Tu n’as pas besoin d’un bac en particulier.

Alors, je me suis dit, bon, on peut essayer l’école de droit. On va écrire le LSAT (texte d’admission à la faculté de droit), on va voir où ça mène et ça m’a menée ici. Je suis très contente avec ma destination. Je suis maintenant en deuxième année. Je me vois dans le domaine criminel et je vais commencer ma carrière en travaillant avec le ministre de l’attorney general à Toronto. Je veux être procureure de la Couronne. 

ZT: Moi, en fait, le début est un peu similaire. Moi, je voulais être acteur quand j’étais jeune. Mais rapidement, j’ai réalisé que j’avais pas trop de talent, en fait. Donc, je me rappelle au secondaire, j’essayais de découvrir ce que je voulais faire. J’ai appris un cours de droit. 

Pour donner du contexte, moi, j’ai grandi à Montréal, mais j’ai déménagé ici au cours de mon secondaire pour le travail de mon père. Mais je suis allé à l’École du Sommet, l’école francophone à Bedford. Puis là, par la suite, je suis allé à Dalhousie, à un programme qui s’appelle Law, Justice and Society, qui est en fait beaucoup de sciences politiques et de sociologie. Puis à partir de ce moment-là, en fait, il n’y avait plus de retour parce que ce n’est pas un bac qui donne grand-chose pour quelqu’un qui ne peut pas être un avocat. De toute façon, j’avais toujours la passion, les débats, les sujets sociaux et politiques. 

JP: Parlez-moi de la Société francophone Weldon. Quand elle a-t-elle été fondée, et pour quelles raisons?

AE: L’année passée, en mars, je me suis rendu à un évènement de l’AJEFNE (l’Association des juristes d’expression française de la Nouvelle-Écosse). C’était un évènement de réseautage pour les juristes de la région, et j’étais la seule étudiante à l’évènement, mais j’ai fait beaucoup de connexions avec les autres qui sont venus, surtout les procureurs, et j’ai rencontré Vincent (Anama, directeur de l’AJEFNE). Et l’idée m’est venue en tête ce soir-là: pourquoi on n’a pas de société pour les étudiants francophones?

C’est impossible que je sois la seule. Je sais qu’il n’y a probablement pas beaucoup, parce que la plupart des francophones vont à Moncton, mais je ne veux pas être la seule. 

[…] je crois que c’est un très bon but et ça contribuera beaucoup à la culture de l’école et au bienêtre des étudiants et de la société plus largement, car, comme vous le savez, il y a un problème d’accès à la justice pour les communautés minoritaires francophones ici. Alors, tous ces éléments ensemble m’ont fait dire que c’est une très bonne idée. C’est quelque chose que je crois que je peux faire avec mes connaissances limitées en tant que jeune personne. 

Alors, oui, j’avais cette idée en tête et, pendant l’été, j’ai créé nos logos, j’ai trouvé d’autres membres pour l’équipe exécutive parce qu’on avait besoin d’au moins deux vice-présidents pour être reconnus comme société à l’école. Et j’étais très contente d’avoir de l’engagement, et, maintenant, on a 25 personnes sur notre liste d’informations. J’étais très chanceuse de trouver Zachary, qui est maintenant notre vice-président interne.

J’espère bien que, lorsque moi j’ai fini mes études, c’est lui qui prendra la tête de la société. 

ZT: Moi, je serais enchanté. C’est ça, moi, comme je disais, venant de Montréal, le français, c’est ma langue primaire. Je parle toujours le français à la maison avec mes parents. Puis, depuis que je fréquente l’école Dalhousie, c’est très dur pour moi de trouver des personnes qui partagent ma langue […] moi j’ai eu la chance de travailler avec l’AJEFNE, puis donc j’ai pu acquérir une certaine appréciation du manque de personnes francophones dans le droit.

J’aurais espéré qu’il y ait des personnes qui viennent du Québec, mais, en tout cas, dans ma classe, on est peut-être 160, 180. Il n’y a pas d’autres personnes qui leur langue primaire c’est le français. Il y a beaucoup de monde qui le parle, mais en minimal, [au niveau de] l’immersion. Donc, pour moi, j’avais abandonné l’idée que je pourrais parler français avec des amis sur le campus jusqu’à ce que je découvre la société. Donc, le sentiment d’appartenance m’a vraiment poussé à appliquer. 

JP: Selon vous, est-ce qu’il y a assez de ressources pour les étudiants de droit à Dalhousie? Qu’est-ce qui est disponible, à l’heure actuelle? 

AE: Il n’y a pas vraiment grand-chose. Il y a certaines ressources en ligne, comme le JurisClasseur ou […] toute une ressource de terminologie française, tout un dictionnaire que tout le monde peut accéder en ligne. Et puis, je travaille en fait à créer un répertoire de ressources de français juridique pour partager avec la société. Mais c’est vraiment tout de l’étude indépendante. Et avec le Centre de français juridique, malheureusement, leurs programmes sont vraiment désignés pour les professionnels, ceux qui travaillent déjà dans le droit. Alors, il n’y a pas vraiment de cours qu’on peut s’inscrire là, en tant qu’étudiant. Et l’école elle-même, il n’y a rien. Malheureusement.

JP: Tu as dit qu’il y a 25 membres qui font partie de la société? 

AE: Oui, et parce que c’est une nouvelle initiative et on apprend tous au fil comment mener ce genre de choses. Nous avons eu un évènement à date. On avait eu une soirée cinéma et je crois qu’il y avait 14 personnes environ qui sont venues. 

JP: Qu’est-ce que vous faites habituellement durant vos rencontres? 

L’idée des rencontres, c’est juste que tout le monde se réunit dans une salle et on mange ensemble et on papote comme des camarades de classe. Parce que, comme j’ai dit, c’est toute une aventure nouvelle pour moi, alors j’essaie de trouver la meilleure façon de la faire grandir organiquement sur le front de l’éducation juridique. 

En ce moment, ce que j’essaie de faire, c’est de proposer à l’école elle-même de créer des programmes dédiés aux étudiants de droit francophone. Alors, en ce moment, il y a quelques idées possibles. Soit on peut faire un cours intensif. À l’école de droit, ils font des cours intensifs pendant une fin de semaine sur des matières spécialisées, comme dans le droit de business ou le droit technologique. Je crois qu’un intensif en terminologie juridique en français serait une très bonne idée. Et on pourrait collaborer avec le Centre canadien du français juridique, qui est un organisme qui fait des ateliers de développement pour les juristes partout au Canada. Je crois qu’on pourrait créer un programme avec eux. 

L’autre idée possible, c’est l’Université d’Ottawa, qui a un programme nommé «la certification de Common Law en français. C’est un programme qui sert à être intégré dans les autres écoles de droit, comme ça, les élèves francophones à ces écoles peuvent soit passer un terme à Ottawa ou soit prendre des cours à distance, prendre des cours pour le crédit à leur école locale. Alors, jusqu’à maintenant, ils ont un partenariat avec l’Université de Calgary et l’Université de Saskatchewan. Et moi, mon grand but, c’est qu’il y a un partenariat équivalent ici à Dalhousie. 

JP: Je pense que tu avais mentionné aussi durant l’assemblée générale annuelle de l’AJEFNE que tu souhaites travailler sur un atelier de français juridique. Ça fait partie d’un autre objectif? 

AE: Oui. L’atelier de français juridique dont j’ai parlé à l’AGA, ça sera mon but pour cette année. Alors, je crois que ce sera en mars. On va collaborer avec le Centre canadien du français juridique pour mener un atelier, soit d’un après-midi, soit pendant la fin de semaine. Juste un cours condensé, soit de droit criminel, soit de droit de la famille, ou peut-être les deux, si on peut faire. Juste pour, un, savoir comment une telle chose peut marcher, surtout au niveau étudiant. Et aussi parce qu’un atelier comme ça, on n’a pas besoin de la permission de l’école. On n’a pas besoin d’appeler l’école pour faire ça. 

Jean-Philippe Giroux - Rédacteur en chef - Généraliste

Rédacteur en chef - Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

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