le Mercredi 11 septembre 2024
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Franchir les frontières : l’expérience des migrants en images

Darren Ell et Roger LeMoyne ont sélectionné des images qui se complètent bien et qui touchent au même thème : la crise migratoire. 
 — PHOTO : Jean-Philippe Giroux
Darren Ell et Roger LeMoyne ont sélectionné des images qui se complètent bien et qui touchent au même thème : la crise migratoire.
PHOTO : Jean-Philippe Giroux
Une exposition temporaire au Musée canadien de l’immigration du Quai 21 permet de bien saisir les motifs derrière les vagues migratoires du 21e siècle. Les œuvres de Franchir les frontières : Une nouvelle ère de migration y seront en exposition jusqu’au 24 mars.
Franchir les frontières : l’expérience des migrants en images
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Darren Ell produit souvent des clichés poétiques et obliques. 

PHOTO : Darren Ell

Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Les photographes Darren Ell et Roger LeMoyne présentent une série de clichés et de récits qui mettent en lumière le parcours des migrants et des réfugiés ayant abandonné leur terre natale et ayant abouti au Canada. 

L’exposition, qui couvre une décennie de crises humanitaires, est divisée en six chapitres : le Bangladesh, l’Afghanistan, le Congo, la Grèce, la frontière entre le Mexique et les États-Unis et la frontière canado-américaine. 

Dan Conlin, historien et responsable de l’exposition, explique que le public aura la chance de découvrir en images six mouvements migratoires majeurs de l’histoire récente. 

Il ne s’agit pas de groupes de personnes anonymes, précise M. Conlin. On peut voir les visages de familles individuelles, qui tentent de franchir les frontières ou de protéger et de s’occuper de leurs proches, lorsqu’ils sont bloqués à la frontière. 

C’est une expo pour éduquer les Haligoniens, mais aussi pour humaniser les personnes victimes de ces catastrophes. « Fondamentalement, j’espère que cela aidera les gens à voir ces réfugiés comme des personnes, comme des individus, exprime M. Conlin. Parfois, lorsqu’on regarde les nouvelles, on a l’impression qu’il s’agit de masses sans visage qui menacent, dans des pays lointains. Mais ce sont des gens qui essaient de trouver la sécurité pour leur famille. » 

Une pile de gilets de sauvetage, des milliers abandonnées sur les plages. 

PHOTO : Darren Ell

Franchir les frontières : Une nouvelle ère de migration est un bel ajout pour le Musée, mentionne l’historien, dont les galeries permanentes mettent l’accent sur l’histoire de l’immigration canadienne, au cours des quatre derniers siècles, et le trajet d’autres groupes de réfugiés, qui était « tout aussi désastreux ». 

Lors des visites guidées, les employés s’inspirent de l’histoire orale qu’elle a recueillie récemment pour d’autres projets, extraite des témoignages de réfugiés et de nouveaux arrivants qui se sont installés dans la municipalité régionale d’Halifax. 

« Ils sont certainement contents d’aider les visiteurs qui pourraient voir ces photos étonnantes et qui voudraient en savoir plus sur la façon dont le Canada répond aux demandeurs d’asile », affirme le responsable de l’exposition. 

« C’est de conscientiser les gens » 

Roger LeMoyne a rencontré Darren Ell lors des manifestations du Printemps érable (2012). Sachant qu’ils abordent des sujets semblables dans leur travail, ils ont eu l’idée de s’unir et de mettre leurs corpus ensemble afin de concevoir l’exposition. 

Le concept est venu pendant la covid, raconte M. Ell. Durant cette période d’isolement, où il était difficile de voyager, il s’est tourné vers ses archives. Il a constaté qu’il y avait une ligne directrice parmi tous ses projets antérieurs, soit l’expérience des réfugiés. 

L’exposition inclut des portraits réalisés dans le cadre du projet Double appartenance, en collaboration avec le photographe montréalais. Philippe Montbazet. Hala, le sujet de ce portrait, est l’une des participantes. 

 

PHOTO : Darren Ell

Ce qu’il faut retenir de l’exposition, c’est le regard qu’on porte sur la question de la migration, propose l’artiste. C’est aussi de prendre conscience de l’ampleur du phénomène et « de peut-être sortir avec l’idée de vouloir apprendre plus ». 

Pour sa part, M. LeMoyne souhaite sensibiliser à la crise, informer les gens sur les raisons de fuir et distinguer chaque type de mouvement. 

Les cartels de l’exposition mettent en contexte les œuvres pour mieux comprendre les facteurs qui poussent les gens à agir dans un contexte de crise. « C’est des migrations qui sont motivées par des raisons très raisonnables, et c’est des actes très courageux », commente-t-il. 

Le déplacement des populations est l’un des grands sujets de notre époque, selon le photographe, car il est le résultat d’autres enjeux comme le changement climatique, le conflit, la recherche des droits de l’homme, etc. 

M. Ell a collaboré avec un autre photographe montréalais, Philippe Montbazet, pour réaliser le projet Double appartenance, qui relate l’histoire des Néo-Québécois à travers des paysages, des témoignages et des portraits qui situent les personnages dans leur nouvel environnement. Les images de cette collection ont été intégrées à l’exposition actuelle. 

Les oeuvres seront exposées jusqu’à la fin du mois de mars. 

 

PHOTO : Jean-Philippe Giroux

Roger LeMoyne réalise des oeuvres nouvellistes, journalistiques et didactiques. 

 

PHOTO : Roger LeMoyne
PHOTO : Roger LeMoyne