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S’éduquer sur la cyberviolence et la cybersécurité avec l’appui d’un documentaire

Une image du film documentaire Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique. 
 — PHOTO : laruellefilms.com
Une image du film documentaire Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique.
PHOTO : laruellefilms.com
DARTMOUTH - Une projection du film documentaire québécois, Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique, a eu lieu le 2 novembre à l’École du Carrefour afin de sensibiliser les parents et les élèves du Conseil scolaire acadien provincial aux effets néfastes du cyberharcèlement et de la cyberintimidation sur les victimes et leurs proches.
S’éduquer sur la cyberviolence et la cybersécurité avec l’appui d’un documentaire
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Il est important pour le Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) de répondre à cet enjeu par l’éducation. « La cyberintimidation fait partie de mes intérêts, explique Gabrielle Lambert, intervenante dans le cadre de l’initiative ÉcolesPlus. Dans les écoles, c’est un besoin aussi qu’on voit avec les jeunes. » 

Sam Côté est le consultant en cybersécurité et en citoyenneté numérique du conseil scolaire. Il souligne le fait que, de nos jours, « la majorité des problématiques qui se déroulent dans les écoles sont associées, d’une façon ou d’une autre, avec le digital ». 

Il est aussi l’ancien policier de liaison de quelques écoles dans la région, dont le Carrefour, et a travaillé en tant que policier pendant 18 ans. Vers la fin de sa carrière policière, il s’est attaqué à plusieurs problématiques qui touchent les jeunes comme la cyberintimidation. 

Notons que les actes d’intimidation qui sont illégaux au Canada sont, entre autres, le harcèlement criminel par messages textes, la pornographie juvénile, la menace du partage de renseignements personnels à des fins de chantage ainsi que la création de faux profils pour ternir la réputation de la victime. 

L’amener à l’école

L’année dernière, Gabrielle Lambert a participé à une projection du film Je vous salue salope, organisée par Femmes Action Halifax à l’Université Dalhousie pour la communauté francophone. « Ç’a été une très belle expérience, une expérience positive, autant personnelle que professionnelle parce que, en tant que femme, je me suis reconnu là-dedans. J’ai reconnu des amies qui ont vécu ce type de violence. » 

L’intervenante voulait présenter ce même documentaire aux élèves du CSAP afin de passer le message, puisque la cyberviolence « est un phénomène existant dans les écoles ». 

Bien que le film ne comporte pas de témoignages d’enfants ou d’adolescents, les formes de violences présentées touchent tout autant les élèves. On parle de la misogynie, de l’inégalité des genres, de l’intimidation dans toutes ses formes, etc. 

Mme Lambert a travaillé avec nombre de jeunes qui ont vécu des moments difficiles. « C’est beaucoup d’émotions et [de questions comme] : qui peut m’aider, qu’est-ce que je peux faire ? » 

C’est aussi beaucoup de questionnements, fait-elle remarquer. Il est souvent difficile pour une victime de savoir par où commencer, car « on dirait que tout est pas concret sur le numérique, c’est pas tangible ». Ce sont aussi des situations compliquées à prévenir et à gérer pour les intervenants. 

Gabrielle Lambert, intervenante dans le cadre de l’initiative ÉcolesPlus, et Sam Côté, consultant en cybersécurité et anciennement policier de liaison à l’École du Carrefour. 

PHOTO : Jean-Philippe Giroux

Un autre enjeu : l’omniprésence de l’intimidation électronique. « Une grosse différence avec l’époque prénumérique et aujourd’hui, c’est que, avant, la personne qui était victime d’intimidation avait le droit à des breaks et des safe zones », précise Sam Côté

« Ils le portent 24 heures sur 24, dit Mme Lambert. Il se passe quelque chose à l’école, ça continue sur les réseaux sociaux. C’est à la maison sur leurs plateformes. Durant la nuit, ils peuvent y avoir accès. Donc c’est continuellement de l’abus, du harcèlement, de la violence. »

M. Côté peut voir par ses observations que les jeunes sont beaucoup plus anxieux de nos jours qu’il y a deux décennies. « Je peux m’avancer pour dire que les situations d’intimidation d’aujourd’hui sont prône à amener beaucoup plus d’anxiété que les situations générales d’intimidation d’avant. » 

Selon une enquête de 2019 menée par Statistique Canada, parmi les répondants de 12 à 17 ans, 25 % ont avoué avoir subi de la cyberintimidation l’année précédente. Les données démontrent aussi que l’usage des médias sociaux fait presque tripler la probabilité d’être exposé. 

Le consultant en cybersécurité souhaite que les membres de la communauté puissent acquérir les connaissances nécessaires pour mieux intervenir lors des cas d’intimidation. « Il faut enseigner à nos générations futures à avoir de meilleurs outils pour gérer, justement, la nature humaine et ses inégalités. » 

Une étude de 2019 publiée dans le Journal de la jeunesse et de l’adolescence conclut que l’intimidateur est plus susceptible d’être formé dans le foyer. « Les résultats indiquent que le comportement parental moqueur en 7e année était associé à une augmentation de la colère dérégulée chez les adolescents de la 7e à la 8e année, laquelle, à son tour, était associée à une augmentation de l’intimidation et de la victimisation de la 8e à la 9e année », peut-on lire dans l’article.