Alan et Darlene Arsenault ont longtemps hésité. Mais pour la première fois en sept ans, ils n’iront pas aux États-Unis cet hiver. « C’était très difficile comme décision, on voulait vraiment y aller. On espérait tellement que la situation s’améliore », confie Alan Arsenault qui habite en Nouvelle-Écosse.
À 58 ans, le retraité a l’habitude de vivre pendant six mois, de novembre à avril, à St. Petersburg (Floride). Avec son épouse, ils y ont même acheté une maison mobile en 2013. Là-bas, le couple apprécie les températures douces, l’absence de neige, et surtout les relations sociales nouées au fil du temps. « On s’est fait plein d’amis. Moi, je joue au hockey, je vais voir beaucoup de matchs », raconte Alan Arsenault. « Mais cette année, on reste ici, on a même acheté des pneus d’hiver pour nos véhicules », ajoute-t-il en gardant le sourire.
La décision de rester à l’Île-du-Prince-Édouard a également été douloureuse pour le père Eddie Cormier qui a passé les neuf derniers hivers en République dominicaine. « Le froid, la glace, j’aime pas beaucoup ça, je suis handicapé. C’est difficile pour moi », confie l’octogénaire. Tous les ans pendant deux à trois mois, il loue un appartement près de Puerto Plata pour profiter de la chaleur et de la mer. Le retraité a aussi appris l’espagnol et tissé des liens forts avec des gens sur place. « Encore la semaine dernière, j’étais en Zoom pendant plus d’une heure avec des connaissances là-bas, je reste tout le temps en contact », témoigne-t-il.
Trop risqué pour la santé
Cette année, la COVID-19 a eu raison des vacances au soleil des snowbirds. « Il y a beaucoup trop de cas aux États-Unis, on ne voulait pas prendre la chance de tomber malade », explique Alan Arsenault. « Sans compter que les hôpitaux sont pleins et les assurances hors de prix. » Un avis partagé par le père Eddie Cormier : « C’était trop risqué pour ma santé de voyager. »
Jean-Paul Arsenault, lui, n’a pas songé une seule minute à se rendre en Floride. Le snowbird a préféré s’en tenir aux recommandations d’Affaires mondiales Canada.
« On n’a pas vraiment le choix, les voyages à l’étranger sont déconseillés par les gouvernements fédéral et provincial, on respecte ça, dit le retraité. En plus, aux États-Unis les règles ne sont pas aussi bien respectées qu’ici. » Depuis six ans, le sexagénaire loue une maison mobile avec sa femme à Fort Myers (Floride) pour s’adonner à sa passion : le vélo. « On avait même vendu nos skis de fond, on ne pensait plus en avoir besoin un jour », raconte-t-il. Déjà, quand la pandémie a éclaté au printemps dernier, le couple a dû rentrer précipitamment à l’Île. Trois jours de route dans une ambiance « bizarre », avec des autoroutes « vides à New York ».
On n’arrêtera pas de voyager
Coincés au Canada, les snowbirds tentent de relativiser. « J’apprécie la vie à l’Île, je suis conscient de la liberté qu’on a ici », observe Jean-Paul Arsenault, qui multiplie les activités hivernales. Entre les raquettes, « offertes à Noël par ses enfants », le vélo stationnaire et la marche, « ça se passe bien ». Alan Arsenault ne regrette pas non plus son choix : « On est plus en sécurité dans les Maritimes. » « Pour l’instant, la température n’est pas si pire, on n’a pas eu beaucoup de neige et on réussit à se tenir occupé avec le gym et les marches», partage-t-il.
« Ce n’est pas si grave », abonde le père Eddie Cormier. « Je passe le temps en jouant aux cartes et en suivant les nouvelles. » Tous espèrent pouvoir retourner dans le Sud l’automne ou l’hiver prochain. « Peut-être déjà une ou deux semaines en juin », glisse Alan Arsenault. « Tout dépendra des vaccins, des règlements dans chaque pays, mais on n’arrêtera pas de voyager, ça c’est sûr », prévient Jean-Paul Arsenault.