le Jeudi 28 septembre 2023
le Mardi 22 novembre 2022 11:00 Éducation

La problématique de l’immigration francophone dans les zones rurales de la Nouvelle-Écosse

Le Rendez-vous de la Baie, à la Pointe-de-l’Église,a été le lieu de rencontre lors du Forum provincial 2022 où la CFA de Clare et le RIFNÉ ont fait un état des lieux de l’immigration francophone en Nouvelle-Écosse.  — PHOTO(S) - Jean Junior Nazaire Joinville
Le Rendez-vous de la Baie, à la Pointe-de-l’Église,a été le lieu de rencontre lors du Forum provincial 2022 où la CFA de Clare et le RIFNÉ ont fait un état des lieux de l’immigration francophone en Nouvelle-Écosse.
PHOTO(S) - Jean Junior Nazaire Joinville
Le 7 novembre, la Communauté francophone accueillante (CFA) de Clare et le Réseau en immigration francophone de la Nouvelle-Écosse (RIFNÉ) ont fait un état des lieux de l’immigration francophone dans cette province maritime. J’ai remarqué un enthousiasme inqualifiable auprès des personnalités des deux entités suscitées pour que des immigrants francophones s’établissent surtout dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse. Ce qui est normal, car le Canada dans son ensemble dépend de l’immigration non seulement pour garder la stabilité de son économie, mais aussi pour enrichir ses différentes provinces et soutenir sa petite population qui, selon plus d’un, devient vieillissante.
La problématique de l’immigration francophone dans les zones rurales de la Nouvelle-Écosse
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Je dis « petite population », car le Canada, avec à peine quatre habitants par km2, est l’un des pays au monde ayant la densité la plus faible. À rappeler qu’après la Russie, le Canada est le pays le plus vaste du monde avec un territoire qui couvre près de 10 millions de kilomètres carrés. 

Je pense que l’immigration dans les zones rurales en Nouvelle-Écosse est à la fois un danger et un atout pour ces régions. Un danger, car ces zones ne sont pas réellement prêtes à accueillir même des dizaines d’immigrants. Ces régions rurales ont un grand manque d’infrastructures. Elles n’ont pas de logements à affermer, de garderies pour les enfants, de transports en commun, pour ne citer que ces manques-là. 

Des services offerts en français y sont rarissimes. C’est le cas de plusieurs régions rurales. Un atout aussi, parce que ces zones ont une densité très faible, une population vieillissante et une baisse continuelle de la population. À titre d’exemple, la population de Clare a connu une baisse de 5% de 2016 à 2021, selon les données de la CFA.

L’espace vierge, inhabité, voire inexploité des régions rurales de la baie Sainte-Marie.

En revanche, ladite communauté fait feu de tout bois afin d’attirer et garder des immigrants dans cette région. Ces problèmes ne datent pas d’hier. « Les régions rurales de la Nouvelle-Écosse dénoncent le manque de médecins », tel est le titre d’un article qui a été publié le 13 octobre 2018 à Radio-Canada. 

La Nouvelle-Écosse contient à peine un million d’habitants. Sa densité représente environ 18 habitants par km2, ce qui est archi faible. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, presque la moitié de cette population se concentre à Halifax. Certes, c’est la capitale de la Nouvelle-Écosse et la plus grande municipalité des provinces de l’Atlantique, mais cette concentration se fait au détriment des autres provinces. Dans l’imaginaire collectif des immigrants francophones de la Nouvelle-Écosse, toutes les activités de cette province se résument à Halifax.  

Halifax est la plus grande base navale militaire canadienne. C’est un grand centre économique avec une multitude d’entreprises du secteur privé. Après Vancouver, cette ville est indubitablement la plus grande ville côtière du Canada et l’un des plus grands ports de pêche au monde. Donc, il est inutile de dire que cette ville est le poumon de la Nouvelle-Écosse. 

Si tout ce qui peut attirer les immigrants en termes d’infrastructures se trouve à Halifax, comment peut-on leur demander de ne pas s’y établir ? Comment peut-on leur demander d’aller vivre dans les zones rurales où ils ne pourront trouver tous les services dont ils auront besoin ?

Beaucoup de jeunes de tous les recoins du monde utilisent le programme d’études qu’offre le Canada afin d’y immigrer. Dans d’autres provinces, il y a de grandes universités qui se trouvent dans toutes les régions. Cependant, en Nouvelle-Ecosse, presque toutes les universités se concentrent à Halifax. 

L’Université Sainte-Anne est l’une des rares de ces universités qui a des campus dans plusieurs zones rurales comme Petit-de-Grat, Pointe-de-l’Église, Saint-Joseph-du-Moine et Tusket. Si les étudiants passent leurs années dans ces zones, une fois que les études sont bouclées, soit ils se rendent à Halifax, soit ils visent d’autres villes multiculturelles comme Montréal, Toronto ou Vancouver. Les zones rurales sont toujours le dindon de la farce. 

La CFA de Clare et le RIFNÉ effectuent un travail colossal afin d’attirer des francophones dans ces régions. En dépit d’innombrables pierres qu’elles trouvent sur leur chemin, leur travail est louable. Toutefois, il n’y a aucun doute qu’il est difficile d’attirer des immigrants non seulement à Clare, qui fait partie des 14 communautés francophones accueillantes du Canada, mais aussi dans d’autres régions rurales en Nouvelle-Écosse. 

Aujourd’hui, résoudre les problèmes auxquels ces régions font face devrait être une priorité.