le Samedi 14 septembre 2024
le Mardi 14 mai 2024 9:00 Communautaire

Le potentiel de l’énergie solaire gagne à être mieux connu

Des panneaux solaires sur le toit du dépôt municipal de MacIntosh Street, à Halifax.
 — PHOTO: Halifax Regional Municipality
Des panneaux solaires sur le toit du dépôt municipal de MacIntosh Street, à Halifax.
PHOTO: Halifax Regional Municipality
Les projets solaires du pays se multiplient depuis la dernière décennie, notamment dans la région de Halifax, où l’on économise annuellement 1,8 million de dollars en coûts de services publics, grâce à l’exploitation de ce type d’énergie. Mais son potentiel, lui, est-il bien connu?
Le potentiel de l’énergie solaire gagne à être mieux connu
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Dans une étude de CanmetÉNERGIE, Évaluation du potentiel photovoltaïque du parc immobilier du Canada, les chercheuses scientifiques et auteurs du rapport ont conclu, en utilisant une nouvelle méthode statistique, que le potentiel technique de l’énergie solaire photovoltaïque (PV) est beaucoup plus important qu’anticipé. 

«Ils nous donnent la limite supérieure de la capacité qui pourrait être installée, explique Véronique Delisle, gestionnaire de projets à CanmetÉNERGIE de Ressources naturelles Canada. Après ça, on peut utiliser cette limite puis ajouter d’autres critères de nature économique ou autres pour arriver à un autre chiffre.»

«On sait aussi qu’on va avoir besoin de plus d’électricité et qu’elle devra être propre», ajoute-t-elle, d’où l’importance de connaitre les limites des ressources d’énergie renouvelable. 

Le gouvernement du Canada, en vertu de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Un panneau solaire photovoltaïque installé sur une propriété résidentielle.

PHOTO: Halifax Regional Municipality

Une nouvelle perspective

En ce qui concerne l’énergie solaire PV sur toiture, à l’échelle du pays, on pourrait produire jusqu’à 247 térawattheures (TWh) par an, ce qui représente 76 % des besoins en matière d’énergie du secteur résidentiel, commercial et institutionnel. 

Si on se fie à la méthode de CanmetÉNERGIE, en Nouvelle-Écosse, la capacité PV totale sur toiture est de 8,7 gigawatts (GW) et l’électricité PV est de 6,5 TWh. En utilisant la ​​méthode de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), soit l’une des méthodes quasi économiques comprenant les façades de bâtiments dans son calcul, on voit une grande différence : une capacité PV de 4,0 GW et de l’électricité PV de 3,8 TWh. 

La méthode de l’AIE a été sélectionnée comme point de comparaison dans le nouveau rapport, car le même type d’analyse a été effectué en 2006 à partir de cette méthode. 

Avec cette dernière, l’objectif est de déterminer ce qui arriverait si on mettait des panneaux solaires sur toutes les surfaces de toit disponibles. D’après l’étude, le potentiel technique pour le secteur résidentiel serait une production d’électricité PV qui représente 101 % de la consommation d’électricité des bâtiments. Le pourcentage est de 74 % pour l’ensemble des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels. 

Pour arriver à cette conclusion, les chercheuses ont eu recours aux analyses détaillées de 11 municipalités canadiennes, y compris la municipalité régionale d’Halifax (HRM), qui utilisent des données de type LiDAR ainsi que des données sur l’empreinte des bâtiments. 

Leurs données LiDAR, avec une densité de points suffisante, ont permis de construire un nuage de points en trois dimensions des surfaces les plus élevées, telle une toile sur l’ensemble des municipalités. Lorsqu’on obtient les empreintes de bâtiments, on peut déterminer quels points correspondent à des bâtiments. 

Sophie Pelland, chercheuse scientifique à CanmetÉNERGIE de Ressources naturelles Canada et coauteure du rapport, précise que les données en question ne sont pas disponibles partout au Canada et il aurait été ambitieux de faire le travail avec un plus grand nombre de municipalités. 

Or, des municipalités de tout le Canada ont été sélectionnées. «On voulait aussi essayer d’avoir une bonne représentation de la diversité du Canada», dit la scientifique, en incluant au moins une municipalité par province. Par la suite, une validation croisée, c’est-à-dire une utilisation de la méthode développée avec 10 des municipalités pour prédire la 11e, a été effectuée. 

Le potentiel du soleil

Solar City, le programme d’énergie solaire de la MRH, a généré 1 400 mégawattheures (eMWh) l’année dernière et 9 900 eMWh depuis 2016. «Nous avons un grand potentiel solaire en Nouvelle-Écosse. Il est comparable à celui de l’Allemagne!», lance Shannon Miedema, directrice du département de l’environnement et du changement climatique de la MRH.

En 2023, 1 % de l’énergie du réseau électrique de Nova Scotia Power provenait de projets solaires. Les autres sources d’énergie verte étaient le vent (14 %), les importations d’énergie renouvelable (14 %), l’hydroélectricité (10 %) et la biomasse (3 %). 

La MRH rapporte que les projets solaires ont permis de réduire les émissions annuelles de gaz à effet de serre «d’environ 7 100 tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone». La directrice mentionne que d’autres programmes, dont la création de parcs solaires, conduiront à une plus grande adoption de l’énergie solaire à grande échelle. 

Aujourd’hui, la capacité d’énergie renouvelable en mégawatts pour ces projets est de 8,53. «Ces systèmes devraient permettre aux propriétaires d’économiser un total de 1,65 million de dollars par an en coûts de services publics», tel est indiqué dans le rapport annuel de Solar City. 

Au cours de la première année d’exploitation, les propriétaires peuvent économiser en moyenne 1 990 $ sur leurs factures de services publics et, à long terme, 70 000 dollars, sur la période d’analyse de 25 ans. 

Les clients de Nova Scotia Power qui s’engagent dans un accord de facturation nette peuvent même en tirer profit. «Si vous produisez plus d’énergie solaire que vous n’en avez besoin, ça retourne au réseau et vous recevez un crédit pour cela», explique Mme Miedema. 

Selon elle, les arguments économiques en faveur de l’énergie solaire restent solides, surtout lorsqu’il y a des remises. Elle a elle-même investi dans un projet d’énergie solaire, payé de sa poche. Aujourd’hui, sa facture d’électricité s’élève à 12 $, affirme-t-elle. 

Depuis 2024, les clients de Nova Scotia Power ont un tarif de base de 19,17 $ par mois et un tarif de 0,17547 $ par kilowattheure (kWh). À 1000 kWh, la facture s’élève à 195 $.