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le Mardi 10 octobre 2023 7:00 Nouvelles

Langues officielles : les anglophones du Québec toujours inquiets

Les anglophones du Québec ont, de manière générale, contesté la modernisation de la Loi sur les langues officielles. 
 — PHOTO - Anthony Rodriguez (Pexels)
Les anglophones du Québec ont, de manière générale, contesté la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
PHOTO - Anthony Rodriguez (Pexels)
FRANCOPRESSE – La communauté anglophone du Québec n’a pas obtenu exactement ce qu’elle voulait dans la modernisation de la Loi sur les langues officielles. En querelle avec le gouvernement québécois autour de la loi 96, les Anglo-Québécois espèrent pouvoir tirer leur épingle du jeu dans le processus de règlementation de la loi fédérale.
Langues officielles : les anglophones du Québec toujours inquiets
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Une forte proportion des anglophones du Québec se trouvent à Montréal. 

PHOTO - Statistique Canada, Recensement de la population de 2016

Sylvia Martin-Laforge, directrice générale de Québec Community Group Network (QCGN), un organisme de représentation des intérêts des anglophones du Québec, est particulièrement intéressée de suivre le processus de règlementation de la nouvelle Loi sur les langues officielles (LLO).

Elle portera une attention particulière aux affaires intergouvernementales de la règlementation.

«Comment transfèrent-ils l’argent à la province compte tenu des relations de la communauté d’expression anglaise avec le gouvernement de la province? Est-ce que la communauté d’expression anglaise va avoir accès, au même titre [que la communauté francophone], à des fonds du gouvernement fédéral?»

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Hugh Maynard, président de Qu’anglo Communications & Consulting, travaille avec des organismes anglophones un peu partout au Québec. Pour lui, l’incompréhension de la réalité des communautés anglophones du Québec punit injustement celles situées à l’extérieur de Montréal.

«Ils ont mis en place [les lois 101 et 96] parce que la situation à Montréal demande quelque chose, dit-il. Mais la communauté anglophone des Îles-de-la-Madeleine, par exemple, n’est pas une menace pour la langue française.»

Hugh Maynard craint les effets de l’américanisation. 

PHOTO - Courtoisie

Asymétrie : du concept à la réalité

Dans les moments menant à l’adoption de la nouvelle loi, QCGN a manifesté ses appréhensions face au principe d’asymétrie entre le français et l’anglais le jugeant menaçant pour les anglophones du Québec.

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«Le gouvernement nous a dit : “inquiétez-vous pas, il n’y aura pas de conséquences sur la communauté d’expression anglaise”. Ok good, allons-y. Faites en sorte qu’il n’y en ait pas», concède Sylvia Martin-Laforge, qui s’inquiète toutefois de l’application du concept d’asymétrie pour sa communauté par rapport aux francophones du Québec.

«Nous, au Québec, maintenant, on est 1,3 million. Par tête de pipe, on ne fait pas le poids au niveau du financement. Mais ça, c’est là depuis des années.»

Elle se questionne notamment sur l’application de l’asymétrie dans le processus de consultation de la communauté d’expression anglaise du Québec.

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La source du problème pourrait être ailleurs

Hugh Maynard rappelle que des communautés anglophones existent au Québec depuis des siècles et doute de leur culpabilité dans le déclin du français.

«Je suis d’accord avec la promotion du français, [mais] l’autre aspect est que l’anglais est la langue internationale. Il y a CNN partout, Netflix, il faut avoir une perspective différente. La communauté rurale d’expression anglaise, ce n’est pas la même chose que Netflix.»

Les États-Unis, pour lui, font bien plus de dégâts au français que les anglophones du Québec.

«[Ils] sont nos voisins, c’est impossible d’ignorer ça, dit-il. Mais la bataille avec la langue anglaise est plus, selon moi, internationale. Comment régler ça avec les besoins d’immigration et en même temps la communauté d’expression anglaise historique?»

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Selon Sylvia Martin-Laforge, les anglophones vivent «des moments difficiles au Québec».

PHOTO - Courtoisie QCGN

L’éducation : un dossier chaud

Comme les francophones en situation minoritaire, les anglophones du Québec font aussi face à des défis en matière d’éducation postsecondaire.

Hugh Maynard remarque la difficulté d’étudier en anglais pour ceux qui ne vivent pas à Montréal : «Pour la majorité, il faut sortir de la région pour avoir une éducation postsecondaire.»

«[À Montréal], il y a McGill, Concordia, trois-quatre cégeps, une concentration des services de santé et sociaux. Ce ne sont pas deux communautés séparées, mais le ratio entre les deux est très différent.»

D’après lui, même l’Université McGill, dont la réputation est reconnue à l’échelle internationale, «n’est pas une institution de la communauté [anglophone]. C’est une université internationale en anglais».