le Jeudi 12 septembre 2024
le Vendredi 28 juillet 2023 9:00 Notre musique de côte à côte

NOTRE MUSIQUE DE CÔTE À CÔTE – Sylvie Boulianne

Screenshot d'un entrevue entre musicienne, Sylvie Boulianne, et Melissa Comeau.
Screenshot d'un entrevue entre musicienne, Sylvie Boulianne, et Melissa Comeau.
Sylvie est une écrivaine, musicienne et vocaliste extraordinaire. Elle a sorti son premier EP en avril dernier et a continué de voyager et de partager sa musique tout au long du printemps et de l'été. Faites connaissance avec Sylvie et sa musique et découvrez son parcours pour partager sa musique originale avec le monde.
NOTRE MUSIQUE DE CÔTE À CÔTE – Sylvie Boulianne
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Melissa : Hallo Sylvie ! 

Sylvie : Comment ça va ?

M : Ça va bonne ! Comment ça va avec toi ?

S : Ça va bonne

M : Awesome, merci d’être là aujourd’hui pour nous parler un peu de ta musique. Ça fait longtemps que je te connais pis je suis tellement contente que tu vas partager de la musique originale ! Alors, quand est ce que t’as réalisé que tu aimais chanter et que tu voulais être une chanteuse ?

S : Well… je ne sais pas. On a tout le temps chanté quand on était jeune et quand on grandissait. On faisait les Christmas Daddies, qu’était un peu drôle ! Pis on chantait au Villa et tout. Je dirais que ça, c’est mes mémoires le plus tôt de faire des concerts et des choses comme ça avec ma famille. 

Pis je ne sais pas si j’ai toujours su que je voulais faire ça, mais j’avais tout le temps d’envie d’être sur scène. So, quand le temps a arrivé pour aller à l’université, je voulais aller en traduction, parce que j’étais fascinée par les langues. Mais, dernière minute, j’ai changé en musique parce que ça m’avait trop stressé ! So, j’ai dis, « ah, je vais juste aller en musique, parce que c’est ce que je sais faire ». Pis, une fois en musique, j’écrivais icette et là, mais pas vraiment sérieusement. 

Ça m’a pris beaucoup de temps à avoir de la confiance dans le stuff que j’écrivais et le mettre out there pis de dire, « ah, je suis capable d’écrire des chansons pis je suis capable de créer du stuff que j’ai envie que le monde écoute ». So, ça m’a pris du temps. Je ne sais pas si c’est la même chose pour toi, mais … je n’avais pas vraiment de références féminines en musique … des femmes qui chantaient dans notre accent, sauf que quand c’était comme du country ou de la bluegrass. Pis trois quarts du temps, ce n’était pas en français. Pis souvent, les seules références, c’était des hommes, qu’est comme, great, mais ça ne me donnait pas cette courage qui me dirait, « ok, je suis capable », you know ?

So, en 2015 j’ai écris ma première tune, pis là en 2016, j’ai déménagé à Montréal dans le but d’essayer de poursuivre ma carrière musicale. Mais ça c’était un grou flop parce que je ne connaissais personne. Je ne connaissais pas assez de monde, tu sais … je n’avais pas les bonnes connexions. 

So là, c’est rinque en 2020 ou 2021 quand on est revenu dans Clare. On a déménagé de Montréal et c’était un New Year’s que Jacques Blinn m’a dit,  « je veux faire de la musique avec toi, j’ai envie de recorder ton premier album ». Pis, il savait que j’étais en train d’écrire et ça, mais il fallait que je revienne à Clare pour que ça arrive ! 

So, cet hiver-là, on a recordé, avant que je déménage de nouveau à BC et là en France, et là maintenant on est back.

Sylvie Boulianne

PHOTO - Facebook - Sylvie Boulianne

M : Oh wow, alors combien longtemps que ça t’as pris à compiler les chansons pour le EP ?

S : Well … de 2016 jusqu’à temps qu’on a recordé so, 2016 à 2020 ou 2021 … j’avais des tunes que j’avais écris pis j’avais des idées de mélodies et du stuff de même, mais je n’avais pas les capacités à les créer … c’était toujours ça mon struggle, même que j’ai un bac en musique, je ne suis pas capable de jouer ce que j’entends dans ma tête … ou, c’est difficile pour moi à le faire. 

M : Moi itou. I wish que je pourrais juste m’asseoir à un ordi pis savoir quoi faire, mais j’ai toujours trouvé la technologie, surtout les programmes de création de musique, vraiment intimidating. Ça serait le fun de savoir comment créer la musique que t’entends dans ta tête. 

S : C’est ça ! Pis Jacques était vraiment bon à m’aider à créer ce que t’entendais. Mais avec quelques connaissances de SOCAN, je suis capable d’en faire beaucoup plus avant d’entrer dans le studio. 

M : Awesome ! Pis Sylvie, t’as été dans le studio avant, t’as recordé des chansons avec ton père et ça, t’as fais des backups, mais comment c’était à être la personne qui faisais les décisions, comment c’était à être la femme in charge dans le studio ?

S : C’était vraiment overwhelming ! Parce que c’était comme un rêve qui se réalisait pour moi ; j’ai toujours voulu faire ça, mais j’avais jamais vraiment les guts, so c’était une miette overwhelming

Jacques était si tant le fun à travailler avec. On avait déjà travaillé ensemble, so c’était vraiment facile. Pis, à cause je ne suis pas vraiment capable à jouer les instruments que lui est capable de jouer, je chantais la mélodie que je voulais qu’il joue pis là, lui, la jouait, so ça c’était great. Jacques était vraiment à l’écoute et une vraiment bonne personne à travailler avec pour tout ça. C’était le fun

Mais c’est ça, c’était overwhelming itou. Je me souviens des premières sessions, de la première semaine qu’on recordait et quand mame venait me chercher. Je braillais tous les fois parce que j’étais comme, « ça arrive, pis c’est vrai pis ça se passe! » Pis je me doutais beaucoup itou dans le processus … parce que je me disais, « ah, c’est pas bon assez, ah, j’aurais dû faire ci au lieu de ça, ah, j’aurais dû changer ces paroles-là … » Pis, juste avant de recorder, je me disais, rien est bon, mais je ne peux pas canceler ! »

M : Je peux tellement comprendre ces sentiments-là. On est notre worst critic, mais c’est actually Jacques Blinn qui m’a dit que la musique qu’on crée pis qu’on montre au monde, c’est rinque une snapshot de yousse que t’es comme artiste pis ce que t’as créé dans ce moment-là ; après que c’est dans le monde, t’es literally en train travailler et grandir vers le prochain après que c’est plus dans tes mains. T’as pas besoin de t’attacher autant et de croire que t’es prise dans une tune, ou que ce moment représente tout ce que t’es capable de faire. Pis y’aurait des snapshots à tous les niveaux que tu te rends. À cause j’étais sitant judgemental sur mes tunes, je ne voulais jamais les montrer ou je ne croyais pas qu’elles étaient bonnes assez à releaser. So, je peux comprendre ces doutes ! Je ne sais pas si ça vient d’un manque de powerhouse femmes sur scène en grandissant, parce que c’était souvent des hommes qui remplissaient la scène pis, des fois, il y avait des femmes qui chantaient des backups ou qui dansaient pour une ou deux chansons. 

S : C’est vrai ! Pis je me sens comme si c’est un facteur là-dedans … 

M : Je peux le croire. À cause j’ai eu des discussions avec d’autres femmes en musique pis c’est la même chose.

S : Yeah ! Pis c’est le fun asteur de voir Monique, Vickie, toi, Justine, Christiane et d’autres … comme, juste le fait d’avoir plus de femmes qui font du stuff de même, que ça soit en anglais ou en français, juste avoir  plus de femmes sur scène, c’est vraiment great.

M : Ça l’est ! Tout de suite, quand j’ai vu que t’étais en train d’avancer avec ta musique originale, j’étais comme, « YES ! Une autre femme en musique ! » Pis je sais que je ne suis pas la seule qui se sent comme ça ! À cause ça prend des femmes pour que les jeunes puissent se sentir comme moi je m’étais sentis la première fois que j’ai vu Lisa LeBlanc.

S : Ouais ! Pis les Hay Babies ! J’ai sentis la même chose quand j’ai vu des femmes sur scène comme ça pour la première fois. Ça c’était grou, c’était grou pour moi …

M : C’était incroyable. Je ne connaissais pas une de ses chansons, mais juste la voir sur scène m’a vraiment fait de quoi. Pis maintenant, toi tu contribues à ça ! C’est awesome, je suis vraiment excité pour toi, Sylvie !

S : Merci ! C’est gentil ! Il y a des belles choses qui s’en viennent, des concerts et tout ça. Je suis vraiment contente que j’ai ma manager, Julie Frigault, qui m’aide avec tout ça parce que ça aussi, c’est un apprentissage ! Organiser des spectacles, appliquer à des demandes de financement, des festivals et des showcases … c’est beaucoup !

M : Ouais, il y a des choses qu’on croit qui vont juste tomber en place une fois qu’on lance notre musique, mais il y a beaucoup plus de travail à faire behind the scenes !

S : C’est ça ! Pis la FéCANE m’a beaucoup aidé itou … dans le début, quand je venais juste de recorder et je ne savais pas c’était quoi les prochaines étapes, ils m’ont beaucoup aidé.

M : Wow, ça c’est great !

S : Ouais, j’ai eu beaucoup de support. C’est great

M : So, comme écrivaine et musicienne, c’est quoi ton processus de créer une chanson ?

S : Ça dépend, vraiment … des fois j’ai la mélodie premier, des fois les mots, des fois j’ai les deux … pis ça dépend comment je me sens, I guess. J’écris beaucoup de mes expériences de vie. Beaucoup des tunes sur mon EP, c’est des snapshots des moments dans ma vie. Surtout à Montréal, parce que j’étais à Montréal pendant 4-5 ans, so j’ai écris majoritairement de mes tunes là. Beaucoup de mes chansons sont comme … une petite miette triste… je ne sais pas, peut-être sappy ? Je ne sais pas, quand ça va mal, je suis beaucoup inspirée. 

M : Moi je suis la même … ça fait des bonnes tunes !

S : C’est ça ! J’ai 6 tunes sur l’EP, pis elles ne sont pas toutes tristes … la tune, Desfois c’est moi, je me souviens que l’idée m’est venue quand je marchais. Il mouillait une miette pis j’étais en train de breaker up avec un ex manière, pis ça faisait déjà, comme, deux ans que j’étais à Montréal pis j’étais en train de réaliser la réalité du monde francophone minoritaire qui vont au Québec. Tu sais, c’est tout le temps : tu te fais reprendre sur ton accent, pis tout le monde te dit, « ah, t’es anglophone, t’es une anglophone qui parle français ». Pis je commence à le croire ! 

Est-ce que je suis anglophone ? Est-ce que je suis une vraie francophone ? Je me questionnais beaucoup avec où est-ce que je me situe là-dedans. Pis, en grandissant, je n’ai jamais vraiment feeler comme si que je fittais in en nul part, surtout par rapport à la langue à cause que, en grandissant à Clare, j’avais mon père qui était Franco-Manitobain, so on avait un accent différent… pis finalement, en grandissant, ça changé, où que j’avais un accent plus de Clare, mais là j’allais à Moncton, où là c’était comme, « surprise, nous autres on existe ! » Pis là, je vais à Montréal pis encore, faut leur dire, « surprise, on existe ! » Tu sais ? 

À Montréal surtout, j’ai eu comme un struggle intérieur pour essayer de me justifier tout le temps pis d’expliquer d’où que je viens. Pis … c’est ça. Quand j’ai écris cette chanson-là, c’était vraiment comme essayer de mettre en mots comment je me sentais à ce temps-là. 

M : Complètement… pis je crois que c’est similaire pour beaucoup d’Acadjonnes, qu’il faut qu’on s’explique si souvent quand on se trouve dans d’autres milieux francophones. 

S : Je crois ça, moi itou …

Merci, Sylvie Boulianne, d’avoir pris le temps de discuter avec Le Courrier !

Retrouvez ses chansons ici :

https://www.youtube.com/channel/UClIwutcw3BTUNHXnX4AYAcQ

Spotify – Sylvie Boulianne

Légende de mots acadien :
bonne – bien
pis – et
juste – seulement
icette – ici
grou – gros
rinque – seulement
itou – aussi
miette – peu
mame – maman
yousse – où
asteur – maintenant
Acadjonne – Acadien