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le Mardi 17 janvier 2023 15:30 Notre musique de côte à côte

NOTRE MUSIQUE DE CÔTE À CÔTE – Common Cross

Marcel Landry de Common Cross et Melissa Comeau du Courrier.
Marcel Landry de Common Cross et Melissa Comeau du Courrier.
le 13 décembre 2022 - N'ayant appris que 2 semaines avant le lancement de leur projet musical que leur financement avait été approuvé, Common Cross s'est réuni pour créer une chanson afin d’éduquer beaucoup de gens sur une date importante dans l'histoire acadienne, le Jour du souvenir acadien. Voici ma discussion avec l'écrivain et guitariste de Common Cross, Marcel Landry.
NOTRE MUSIQUE DE CÔTE À CÔTE – Common Cross
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Melissa : J’ai écouté votre chanson, c’était super émouvant et je dois avouer que j’ai beaucoup appris… j’avais aucune idée de cette date particulière dans l’histoire des Acadiens… comment s’est passé le processus de ce projet ?

Marcel : Bein, merci ! C’était un projet vraiment le fun ! On a actuellement juste eu les nouvelles qu’on a eu l’appui et le financement de Bourse culturelle de la Fédération culturelle de l’Île-du-Prince-Édouard pis de New Emerging Music Program de Music PEI.

Melissa : Ça fait que, vous avez tous mis ça ensemble en deux semaines ?

Marcel : Ouais, c’était pas mal intense… les clips de vidéos sont filmés un peu partout, mais c’est mon ami Brent qui l’a tout filmé. Brent en croyait beaucoup et il poussait vraiment pour finir ce projet. On a resté debout assez tard, mais moi et lui on a fini par mettre la vidéo ensemble pour qu’à soit prête aujourd’hui. 

Melissa : Vous vouliez qu’à sorte aujourd’hui ?

Marcel : Oh ouais, il fallait. C’est ça l’histoire. Tout le monde connaît l’histoire de la Déportation, mais moi je ne savais rien de st’histoire icette avant que j’ai déménagé à l’Île. Et dans le temps, j’enseignais une classe de 5e année et je les ai amenés à Port-la-Joye. C’est comme le Grand-Pré de l’Île, c’est là que la Déportation a eu lieu sur l’Île. Et quand on a fait cette visite, moi j’apprenais des choses ! Hors de 3 à 4 années de déportation, c’est la journée où il a eu le plus de décès dans l’histoire. Alors, quand tu y penses, c’est un grand moment dans l’histoire, et personne le sait.

Melissa : Ouais, vous apportez vraiment des connaissances à votre audience avec cette chanson. 

Marcel : C’est ça l’idée ! Pis on y pensait, ça serait cool de faire la chanson en anglais pis en français; comme ça, tous les francophones qui ne le savaient pas vont le savoir et y’a des anglais aussi qui sont des Acadiens, mais qui ont perdu la langue… alors, c’est pour zeux itou. C’est une histoire qu’appartient à tout le monde.

Melissa : C’est un vraiment bon point. Récemment, on a réalisé l’importance d’inclure de l’information bilingue sur notre site-web, etc. pour les raisons que t’as mentionné.

Marcel : C’est ça, pis y’a beaucoup de gens qu’on déménagé ici juste dans les dernières quelques années, so c’est pour zeux itou, pour qu’ils savent qu’est-ce qui s’est passé… y’avait pas de façon de le savoir, vraiment.

Melissa : Pis vous autres vous l’avez fait ! 

Marcel : On l’a fait !

Marcel Landry, guitariste du groupe Common Cross.

PHOTO - screenshot du vidéo Brisons le silence

Melissa : Alors, votre groupe Common Cross, ça fait longtemps que vous jouez ensemble ?

Marcel : On a commencé après Covid, mais c’était tout le temps rinque pour s’amuser. On rentrait juste des bâtisses, comme une vieille liquor store dans un mini-mall… la manager’s booth, c’était notre recording studio, on avait le drumkit de placer dans le magasin-même, et lorsqu’il y avait le wine cooler, on avait un sofa et la salle placée comme un hangout. Notre studio était vraiment homemade. On allait là pour s’amuser pis faire du bruit. Pis quand on enregistrait, on nommait nos projets toutes sortes de différents noms, mais finalement j’ai juste suggéré qu’on nomme le fichier avec toutes nos idées Common Cross… je pensais « Common Cross », chemin de la Commune. J’ai grandi sur le boute de la Commune… c’était un cool nom ! So ça juste devenu ça. 

Melissa : Vraiment cool ! Pis avais-tu l’idée d’écrire une chanson à propos de ce moment en histoire acadienne ?

Marcel : J’avais déjà la chanson en tête… du début à fin, les arrangements pis toute. Mais c’était toute fait juste à la cave chez-nous. Après que la musique a la feel qu’on veut, j’y mets les mots. Je fais la musique en premier, pis les paroles par après. Quand j’avais créé la musique pour la chanson icette, je trouvais qu’il y avait un feel de tension… so ste musique icette était tout le temps dans le derrière de ma tête, pis finalement, Brison le Silence était écrit. Pis pour Patrick qui chante la version française, la première fois qu’il a entendu la chanson c’est la journée qu’il l’a chanté.

Melissa : Oh, wow !

Marcel : Ouais, moi j’étais debout à côté de lui, pis il chantait une ligne, pis je disais : « essaie-la comme ça »… moi je lui chantais une ligne pis là lui la chantait dans la booth, mais 100 fois meilleur. Pis on l’a mis en morceaux comme ça. 

Melissa : C’est vraiment un talent, ça ! J’aime le style de la tune itou. Y’a pas beaucoup de tunes acadiennes dans ce style. C’est pas une tune qui va m’endormir, pis j’aime beaucoup ça.

Marcel : Bein, merci !

Melissa : Ouais, c’est awesome ! C’est une bonne affaire parce que ça peut vraiment être un challenge de trouver une façon de parler de l’histoire sans être trop lent, triste, etc.

Marcel : Ou corny

Melissa : Ou corny ! C’est sitant vrai, ça…

Marcel : Ouais, y’a une fine line entre être corny et boring

Melissa : Totalement ! 100%.

Marcel : Pis pour la tune on n’a pas commencé de zéro deux semaines passées, la tune était là… mais j’ai appliqué pour du financement le printemps passé. Ç’a prit beaucoup de temps, mais c’est des fonds pour des nouveaux artistes sur la scène, pis tu présentes ton projet, pis nous on a fini par avoir deux grants. Le artwork, j’avais tout conçu moi aussi. Le logo de Common Cross, j’ai tout dessiné. J’étais inspiré d’une peinture au sujet des trois bateaux… je l’ai juste modifié, mis à mon goût, plus intense, plus des grosses vagues et ça.

Melissa : T’as créé ça, même ! T’en as fais beaucoup ! So, avec l’idée qu’était déjà là, c’est après que vous avez reçu votre financement que vous avez pu créer tous les éléments que vous vouliez ?

Marcel : C’est ça… je pense qu’on allait essayer de le faire quand même, mais la qualité n’aurait pas été là… so quand t’as quelqu’un qu’a une vraie compagnie avec les caméras, les lumières, les idées et tout ça, c’est tellement mieux. Exemple, tu sais les drone shots que tu vois dans la vidéo ? C’est pas juste la nature, ça c’est actuellement à Port-la-Joye. 

Melissa : Oh, ça c’était tout du footage original que vous avez créé !

Marcel : Tout nous autres. On a été avec un drone une journée quand il faisait vraiment laid, parce que c’est ça qu’on voulait, qu’il ait des vagues pis ça. Mais le drone bougeait beaucoup trop dans le vent, so il a été de nouveau quand il faisait plus beau. Les shots que tu vois quand la vidéo commence, quand les paroles descendent de l’écran, le drone est en train de voler hors du Charlottetown harbour, juste comme les bateaux auraient fait dans le temps, en 1758. C’est cool parce que c’est ça le point.

Melissa : Cool, ça ajoute un niveau encore plus spécial à ce que vous essayez d’accomplir. 

Marcel : Ouais… c’est littéralement où les bateaux auraient passé… tu vois le monument et les paroles de la chanson en parle en même temps que le drone passe. Tout avait une intention. C’est pour ça que ç’a pris beaucoup de temps de le mettre ensemble.

Melissa : Vous devrez être vraiment fière. Vous vous voyez créer d’autres tunes ? Autres projets ? Des chansons acadiennes ?

Marcel : Oh c’est sûr. Ils sont déjà écrits. Faut juste les enregistrer pis c’est sûr qu’on va faire d’autres chansons en français. Pis Patrick chantait les chansons françaises pour nous autres; je vois ça comme une opportunité de faire un album ou un autre single français/anglais. Tu vois le potentiel pour des chansons comme ça. Comme si t’es en quelque part et quelqu’un dit : « met de la musique en français, mais moi j’aime du heavy metal ». Qu’est-ce qu’il y a en musique française dans ste genre la ? Ça n’existe pas, so, ça c’était une des grandes raisons qu’on a décidé de faire une chanson en français avec la musique icette. Faut le faire, ça n’existe pas, faut que ça soit fait. 

Melissa : Amazing. Je suis vraiment contente que vous le faisiez itou, à cause le monde a faim pour de la musique acadjonne, de tous genres. Je suis fière que vous allez en sortir d’autre !

Marcel : Bein, merci !

Melissa : Pis là, Common Cross va faire une tournée maritime, on va t’il vous voir en Nouvelle-Écosse ?

Marcel : Oh ouais, grande tournée du monde ! On est au Sydney Opera House la semaine chuvonne, Madison Square Garden après ça ! 

Merci, Marcel de Common Cross, d’avoir pris le temps de discuter avec Le Courrier ! Retrouvez la vidéo pour leur chanson Brisons le Silence ici: 

https://www.youtube.com/watch?v=oli08SQmK44

Légende de mots acadien :

bein – bien
pis – et
ouais – oui
icette – ici
zeux – eux
itou – aussi
ste – cet/cette
rinque – seulement
boute – bout
sitant – tellement
chuvonne – prochaine

COMMON CROSS

Membres du groupe Common Cross :
Michel Gagnon – BATTERIE
Jason Arsenault – VOCALS ANGLAIS
Patrick Deschênes – VOCALS FRANÇAIS
Rémi Arsenault – BASS
Marcel Landry – GUITARE

Paroles de la chanson Brisons le silence :
Paroles par Marcel Landry

Labourer les terres enfilant la mer ;
Les flots ont offert une déception militaire.
Un appel aux armes, de près et loin ;
L’ordre menaçant créé avec dédain.
Village en pillage; de vrais prisonniers.
Les abris brûlés et le tout confisqué.
La terre comme butin et la vie déssouchée;
Des bailleux d’misère; la terreur fut diffusée.

L’invasion s’en vient détruire.
Un Dérangement pour envahir.

Le pire à venir, conquérir et trahir.
Ça braque, pour les priver d’l’avenir.
Mensonges, tromperie ; piraterie. Le peuple saisie;
Dans l’épreuve de l’Acadie.

L’invasion s’en vient détruire.
Un Dérangement pour envahir.

Voiles à l’horizon
L’immense trahison
Courage et persistance
Un exercice en résilience ; Brisons le silence.

Vague après vague, nuit après nuit ;
Écoutilles barrées; l’affrontement s’est pris.
Fuir les navires, pour tout reconstruire.
Un peuple à trahir, et à désobéir.
Combler d’malheur; chacun son destin.
Une révolte en vain; ne verront le lendemain.
Un mur d’une vague et une fente dans la coque
Les tyrans rétorquent au désastre de l’époque.

L’invasion s’en vient détruire.
Un Dérangement pour envahir.

Voiles à l’horizon
L’immense trahison
Courage et persistance
Un exercice en résilience ; Brisons le silence.

Voiles à l’horizon
L’immense trahison
Revanche aux terres d’enfance
Une reprise à l’existence; Brisons le silence.