Jean-Philippe Giroux
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Ce programme de bénévoles a été mis sur pied par une nouvelle arrivante, qui voulait créer un groupe local pour les gens, comme elle, cherchant du soutien.
«On a besoin de plus d’espaces sécurisants pour les personnes queers, en général, mais lorsque tu es un nouvel arrivant et que tu es queer, ça peut vraiment [mener à l’isolement] (be an isolating experience), de déménager dans un nouveau pays et de ne connaitre personne, une nouvelle langue, une nouvelle culture», explique Kamal Kaur, personne responsable du programme.
Elle précise que les nouveaux arrivants queers peuvent se sentir submergés, étant à la jonction de deux identités, mais aussi venant de pays où les personnes 2SLGBTQIA+ sont persécutées et, dans certaines régions du monde, emprisonnées ou tuées.
C’est pour cette raison qu’il est difficile pour certains d’entre eux de s’ouvrir et de vivre leur identité queer, même après leur arrivée au pays. Parfois, il faut des années avant d’arriver à ce point.
Cette situation peut créer des obstacles supplémentaires à l’intégration dans la société canadienne, soutient la responsable. «Parce qu’en tant que nouvel arrivant queer, il n’est pas toujours facile d’entrer en contact avec d’autres nouveaux arrivants […] il était donc très important d’avoir un espace sécurisant, où les gens peuvent établir des liens, explorer leur identité dans un espace sécurisant, sans jugement, sans crainte de jugement ou de rejet.»
Kaur a créé ce groupe il y a quelques mois. Elle raconte avoir eu besoin de cet appui, lorsqu’elle est arrivée dans la région atlantique. À son arrivée, il n’y avait pas de rencontres régulières destinées spécifiquement aux nouveaux arrivants queers.
Elle ressentait qu’il y avait un besoin et a donc pris les choses en main. «J’ai donc pensé à lancer quelque chose dont j’ai moi-même besoin, révèle-t-elle, afin de trouver d’autres personnes qui en ont également besoin, pour qu’on puisse construire cette communauté ensemble.»
Les participants se sont regroupés cinq fois déjà, à la bibliothèque centrale d’Halifax. L’on participe à différentes activités artistiques, pour commencer la rencontre. Ensuite, l’on aborde différentes thématiques, durant la période de discussion.
Le dernier sujet du jour était la résilience. Les participants se sont inspirés de leur parcours personnel pour alimenter la conversation. Le but était de partager son histoire, en espérant inspirer les autres à être encore plus résilient.
C’est aussi une occasion pour les participants de se sentir représentés et d’aller à la rencontre d’autres personnes queers, parfois pour la première fois, faute d’opportunités dans leur pays d’origine.
«Tu vois leur parcours et ça peut être vraiment motivant et inspirant, dit-elle. Ça peut vraiment t’aider à avancer dans ton parcours et à commencer ton propre processus d’exploration.»
Au cours de la nouvelle année, le groupe se concentrera sur l’ajout d’activités et de rencontres, durant lesquelles les gens seront en mesure de partager plus d’histoires personnelles et poser plus de questions pour nourrir leur propre cheminement.
Les séances reprennent après le temps des fêtes, à compter du 14 janvier. Elles se tiendront le mardi en soirée, toutes les deux semaines, au troisième étage de la bibliothèque centrale d’Halifax (RBC Learning Center).
Ce programme est possible grâce à Halifax Public Libraries ainsi que le soutien du partenaire de programme, Elliott Gish, qui aide avec la mise en place ainsi que certains travaux administratifs.