Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Programmé par l’Atlantic Filmmakers Cooperative (AFCOOP), le Halifax Independent Filmmakers Festival (HIFF) est d’une certaine façon le concurrent du Festival international du film de l’Atlantique (AIFF), qui cible un public plus général.
HIFF, de son côté, attire un public et un réseau alternatif. Il offre aussi la chance aux cinéastes locaux, notamment ceux issus de groupes sous-représentés et en quête d’équité, de produire et présenter leurs projets vidéo.
L’AFCOOP accueille bon nombre d’artistes depuis sa conception. Le problème, c’est de trouver des opportunités pour projeter les métrages.
C’est la raison pour laquelle HIFF a été créé en 2007. «Nous avons constaté que leurs courts-métrages n’étaient pas nécessairement diffusés dans le cadre du grand festival du film (AIFF)», explique Tara Thorne, coordinatrice du festival.
«La communauté que nous formons ici est tellement formidable que nous voulions aussi pouvoir présenter leurs films et faire venir des films plus exigeants et plus avant-gardistes.»
Selon Kate Solar, réalisatrice de Somewhere Real, l’un des projets en vedette du programme de courts-métrages, il y a aussi l’aspect communautaire qui l’a attiré vers le festival. «C’est vraiment agréable d’avoir un lien avec la communauté des cinéastes d’ici, exprime-t-elle, et de voir son travail dans un contexte plus large, d’Halifax et du Canada atlantique.»
Inclure plus de cinéastes d’ici
Brandon Lorimer, réalisateur et comédien du court-métrage DWELLING, estime que cette année, il n’y avait pas suffisamment de films originaires de l’Est canadien dans la programmation du AIFF.
«C’est honteux, lance-t-il. C’est un manque total de représentation pour les personnes qui n’ont pas d’autres options. Nous ne sommes pas Toronto, nous ne sommes pas Vancouver. Nous n’avons pas une myriade de festivals qui se déroulent.»
Mais le positif, c’est qu’il y a un mouvement cinéphile en plein essor à Halifax. Il y a de plus en plus d’événements cinématographiques.
«Mais le fait est que les festivals régionaux du film international sont censés être une célébration des [films] internationaux, nationaux, bien sûr, mais ils sont une base et une célébration de notre communauté.»
HIFF a permis à certains artistes, dont le film n’a pas été sélectionné pour la programmation du AIFF, de faire découvrir leur travail. «Comme nous le savons, les voix marginalisées dans les arts luttent pour être vues et remarquées, souligne la coordinatrice. Nous sommes donc heureux d’offrir cette opportunité aux gens et, espérons-le, le fait de projeter ici signifie qu’ils pourront projeter ailleurs.»
Il peut être difficile d’accéder aux grands festivals, confirme Anna Quon, l’artiste derrière Me And My Teeth. Elle a essayé de faire inscrire son film à différents endroits, sans succès.
Elle est d’accord que les plus petits festivals, qui mettent l’accent sur le travail des réalisateurs régionaux, sont très importants pour se faire connaitre localement et ailleurs. «C’est une sorte de tribune pour les cinéastes émergents comme moi, qui peuvent côtoyer d’autres cinéastes beaucoup plus expérimentés», dit-elle.
Puisque HIFF se tient au début de l’année et que d’autres festivals comme AIFF ont lieu vers la fin de l’année, c’est une occasion de faire découvrir les courts-métrages aux personnes, dont les distributeurs et diffuseurs, qui recherchent des films pour des événements futurs, suggère Mme Quon.
Au fil des années, HIFF a mis en valeur des cinéastes néo-écossaises comme Heather Young et Ashley McKenzie, qui produisent maintenant des longs-métrages.