Jean-Philippe Giroux
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
L’objectif de la collecte de données, sous forme de questionnaires en ligne, était de sonder la population, avant et après l’évènement, pour étudier de plus près les effets identitaires, sociaux et psychologiques du Congrès mondial acadien (CMA) 2024.
Les résultats démontrent que les participants se sentaient mieux sur le plan de la santé mentale après le CMA, et le sentiment d’appartenance et la volonté d’être engagé dans sa communauté était plus élevé après les festivités.
Besoin de faire plus d’études
Kristel Mayrand, l’auteure de l’étude en question, souligne le fait que, de manière générale, la recherche sur le CMA est encore embryonnaire. «On a besoin de faire encore d’autres recherches pour aller vérifier qu’est-ce que ça a comme effet pour les personnes, dit-elle. Donc, c’est vraiment une question qui est importante parce que ça justifie la pertinence de tenir un CMA.»
Son étude exploratoire avait pour objectifs, entre autres, de voir si le sentiment d’appartenance et de fierté acadienne était plus fort après la semaine de festivités et si l’insécurité linguistique et la détresse psychologique étaient moins prononcées en aval.
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En observant les tableaux, l’on constate que, pour l’identité acadienne, l’augmentation du maintien de cette identité était plus élevée que celui de la fierté. «Ce que je pense, c’est que, finalement, la fierté d’être Acadienne et Acadien, c’est dans le cœur des gens et ça bouge pas», propose Mme Mayrand.
La hausse est la plus significative pour la variante du bienêtre. On constate d’ailleurs une baisse de la détresse psychologique et de l’insécurité linguistique chez les répondants après le CMA. «Le fait de participer au Congrès mondial acadien diminue significativement les symptômes de dépression et d’anxiété chez les personnes», rappelle-t-elle.
Du côté du sentiment d’appartenance, le Congrès a eu une plus grande influence sur les hommes que sur les femmes, d’après les résultats de recherche. Mme Mayrand croit que cette différence possible est due au fait que les femmes «se sentent toujours appartenir à leur communauté, à la communauté acadienne».
Et pour l’engagement communautaire, les personnes de 53 ans et plus semblent plus marquées, en se fiant à l’échantillon de l’étude.
Ouverture des communautés
Kristel Mayrand voulait également tester d’autres variables, à savoir l’identité raciale, l’identité de genre, l’orientation sexuelle et les différences d’âge, pour voir si les communautés acadiennes sont perçues comme étant plus ouvertes et inclusives après le CMA. Les résultats sont positifs, fait remarquer la professeure.
L’une des conclusions à tirer de l’étude? Un évènement comme le CMA peut aider les personnes à réduire leur détresse psychologique, «encore plus grande chez les personnes qui ont un plus faible statut socioéconomique».
«On a besoin d’évènements comme ça pour essayer de diminuer la détresse psychologique, donc tout ce qui peut aider les gens à se sentir mieux, on en a besoin, on doit reproduire ça. C’est important d’agir sur la détresse psychologique», termine l’auteure.
Quelque 136 personnes ont répondu au premier questionnaire, dont 124 ayant laissé leur courriel. Pour le deuxième questionnaire, 80 participants de recherche l’ont rempli, avec 75 répondants qui ont pris part au CMA, ce qui veut dire que l’échantillon de l’étude est de 75 personnes.
Parmi les répondants, 76 % sont des femmes et 24 % sont des hommes, avec un âge moyen de 52 ans. La langue maternelle est le français acadien pour 61 % des répondants et 97 % s’identifient «au moins un peu comme Acadien ou Acadienne».
Cette étude fait partie d’un plus grand projet universitaire, Vers l’Acadie de l’Avenir? Enjeux et espoirs autour du Congrès mondial acadien, mené par un collectif de recherche sur les congrès mondiaux.