le Jeudi 28 septembre 2023
le Mercredi 23 novembre 2022 10:00 Non classé

Un polar africain entre corruption et cauchemar

  PHOTO - leslibraires.ca
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Publié pour la première fois en 2017, Tu ne perds rien pour attendre fait découvrir aux lecteurs du monde entier les racines gabonaises de l’auteur Janis Otsiemi. Ce roman noir à forte dimension sociologique nous plonge directement dans la réalité africaine et raconte une histoire de vengeance et de justice.
Un polar africain entre corruption et cauchemar
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Situé en plein cœur de Libreville, la capitale du Gabon, ce récit nous entraîne dans la vie complexe de Jean-Marc, un policier qui ressent encore, à travers des cauchemars, les effets de son passé traumatique. Lorsqu’il se retrouve face à face avec un fantôme, sera-t-il capable de garder son sang-froid ou la hantise prendra-t-elle le dessus ?

Le roman nous présente d’abord Jean-Marc, un lieutenant à la Brigade de la Sûreté urbaine. Il y a vingt-huit ans, ce dernier a perdu sa mère et sa sœur dans un accident de voiture pour lequel le conducteur n’a jamais été puni. Depuis, Jean-Marc éprouve un désir ardent de vengeance et c’est d’ailleurs cela qui l’a mené vers la carrière policière. Hanté par ses cauchemars, le lieutenant se charge de débarrasser Libreville de ses sales malfaiteurs tout en permettant aux victimes de se venger à leur tour. 

Un soir, alors qu’il conduit en ville, il ramène chez elle une jolie femme nommée Svetlana. Elle venait tout justement de quitter son emploi de serveuse au casino. Intrigué tant par sa beauté que par son côté mystérieux, Jean-Marc ne peut s’empêcher de passer chez elle le lendemain pour la revoir. À sa plus grande surprise, il est informé par la mère de Svetlana que celle-ci est morte depuis plus de deux ans. Retrouvée étranglée au bord de la mer, ses assassins n’ont jamais été retrouvés par les gendarmes. 

Convaincu que le fantôme de la jeune femme est apparu à ses yeux pour réclamer vengeance par rapport à ses assassins, Jean-Marc décide de relancer l’enquête. Le policier est prêt à tout pour ramener la paix à Svetlana et à sa famille, même si cela l’oblige à confronter les véritables mœurs de la société…

Dans Tu ne perds rien pour attendre, nous découvrons une ville africaine où la corruption et la violence sont au premier plan. L’auteur, toujours au sein de ce genre très urbanisé, ne se prive pas d’aborder les réalités de son pays d’origine en démontrant le vif contraste entre les riches puissants et les pauvres. 

Il nous transporte dans cette nouvelle ambiance avec une grande fluidité grâce à sa plume crue et décontractée. Ainsi, Otsiemi emploie un langage issu de son pays natal, recourant à l’argot, des mots et des expressions qui nous immergent du coup dans la culture africaine. 

Au niveau des personnages, nous pouvons nettement constater que la plupart d’entre eux reflètent la dimension de l’homme africain en crise, coincé entre la tradition et la modernité. Bien que nous soyons dans un contexte de réalisme social, nous touchons également au fantastique avec cette histoire de fantôme. 

En fin de compte, le seul point faible du roman pour moi a été la fin. Les derniers chapitres m’ont paru bien trop brefs et ont survolé les scènes d’action auxquelles on s’attendait depuis le début.

C’est à travers son polar tout à fait singulier que Janis Otsiemi a réussi à faire découvrir aux lecteurs la complexité et les réalités socio-anthropologiques d’un pays qui leur est relativement étranger. Porté vers le réalisme social et dénonçant les véritables dysfonctionnements et inégalités dont souffre l’Afrique, Tu ne perds rien pour attendre a été une lecture agréable qui m’a permis de faire de nouveaux apprentissages culturels.