le Samedi 30 septembre 2023
le Jeudi 1 septembre 2022 9:00 Éducation

1875 : L’Affaire Louis Mailloux

Louis Mailloux : Nouveau-Brunswick : Émeutes de Caraquet, la mort du constable Gifford. The Canadian Illustrated News, vol. 11, no 7, 13 février 1875. Montréal, Burland-Desbarats Lithographic and Pub. Co. — PHOTO - Canadian Illustrated News
Louis Mailloux : Nouveau-Brunswick : Émeutes de Caraquet, la mort du constable Gifford. The Canadian Illustrated News, vol. 11, no 7, 13 février 1875. Montréal, Burland-Desbarats Lithographic and Pub. Co.
PHOTO - Canadian Illustrated News
DOSSIER —Au 19e siècle, les écoles du Nouveau-Brunswick sont gérées localement, sans autorité centrale. Les parents paient de façon volontaire les salaires des instituteurs et institutrices. La Common Schools Act de 1871 change la donne. Les écoles deviennent publiques et, surtout, non confessionnelles.
1875 : L’Affaire Louis Mailloux
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À partir des chroniques historiques de Marc Poirier (Acadie Nouvelle)

Cette loi sème la consternation chez les catholiques, qu’ils soient Irlandais ou Acadiens. Les habitants de Caraquet, au nord du Nouveau-Brunswick, expriment leur opposition à «un système d’éducation athée».

Le journal Le Moniteur acadien qualifie de «traitres à la nation» les députés acadiens qui votent en faveur de la Commons Schools Act, ou loi King, mais les choses en resteront là jusqu’à l’automne 1874.

C’est alors que le président du conseil exécutif du gouvernement, Robert Young, démet de leurs fonctions les trois commissaires de Caraquet puisqu’ils avaient refusé de payer la taxe scolaire pour protester contre cette loi. Un soulèvement éclate. Les protestataires sabotent des rencontres publiques, menacent Young chez lui et saccagent la résidence du gardien de l’école. 

Le président du conseil tient à ce que ses détracteurs soient punis. Le 27 janvier, des hommes se présentent à Caraquet, armés et prêts à procéder à des arrestations. 

Certains suspects se cachent chez un dénommé André Albert ; une vingtaine de miliciens y sont dépêchés. Pendant que certains d’entre eux guettent les issues, d’autres entrent dans la maison. L’un d’eux tire en direction du grenier afin d’effrayer les contestataires. Puis, les miliciens décident de monter au grenier. Parmi eux, John Gifford, 22 ans, reçoit une balle en pleine tête.

C’est le chaos. Les coups de feu fusent. Une fumée dense envahit les lieux. Quand tout s’arrête, un jeune homme de 19 ans, Louis Mailloux, git dans un coin du grenier, atteint d’une balle à la tête.

Ses 24 compagnons sont arrêtés le lendemain. La révolte est finie.

Personne n’est accusé du meurtre de Louis Mailloux, mais neuf personnes le sont pour celui de John Gifford. D’autres villageois sont accusés d’avoir participé à une émeute. Certains sont acquittés, d’autres sont déclarés coupables. La Cour suprême finira par annuler les peines, deux ans plus tard. 

Entretemps, le gouvernement jette du lest. Il permet l’enseignement religieux à l’école après les heures de classe et facilite l’accès des membres des communautés religieuses au rôle d’enseignant. Sans être une victoire, il s’agit d’un gain.

Pour en savoir plus

Trouvez un cahier téléchargeable regroupant les contenus du dossier «Médias communautaires et luttes scolaires au Canada français en situation minoritaire» au www.reseaupresse.media/colloque-international