le Vendredi 24 janvier 2025
le Mardi 7 janvier 2025 9:00 Chroniques

Voyage en Nouvelle-Écosse

Village historique acadien, Pubnico-Ouest. — PHOTO : Jean-Marc Agator
Village historique acadien, Pubnico-Ouest.
PHOTO : Jean-Marc Agator
Le Congrès mondial acadien 2024 s’est déroulé du 10 au 18 aout dans la ville de Yarmouth ainsi que les municipalités de Clare et d’Argyle, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. C’était pour moi l’occasion de faire un beau voyage, dont voici quelques souvenirs.
Voyage en Nouvelle-Écosse
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Quai de Dennis Point, Pubnico-Ouest.

PHOTO : JMA

Le Congrès mondial acadien

Tous les cinq ans, le Congrès mondial acadien (CMA) est le rendez-vous incontournable de la diaspora acadienne du Canada atlantique, du Québec, de la Louisiane, de la France et d’autres régions du monde. Le CMA 2024, c’était neuf jours de célébrations, de découvertes et de retrouvailles dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Tous les détails du programme figurent sur le site du CMA 2024.

Le jeudi 15 aout, jour de la fête nationale de l’Acadie, est le point d’orgue des célébrations. J’ai participé au traditionnel tintamarre, le tout premier dans les rues de Yarmouth. Le soir, j’ai assisté au grand concert du 15 aout, à l’aéroport de Yarmouth, parmi des milliers de spectateurs. 

Enfin, il faut parler de l’émouvant concert de clôture du 18 aout (l’Au Revoir), à l’église Saint-Michel de Wedgeport (Argyle), où j’ai pu «ressentir» l’âme acadienne. Ce spectacle clôturait le CMA 2024, dans la perspective de la prochaine édition du congrès, dans cinq ans.

Grande île Tusket, Casiers à homards.

PHOTO : JMA

Grande île Tusket, Maisons de pêcheurs.

PHOTO : JMA

Au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse

En cette période de CMA, quand on parcourt le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, on ne peut qu’être saisis par le foisonnement des petits drapeaux acadiens devant les maisons. Oui, il s’agit bien d’une région acadienne et francophone, dans une province très majoritairement anglophone. 

Dans la municipalité de Clare, comme dans celle d’Argyle, la majorité des habitants sont d’origine acadienne et encore capables de soutenir une conversation dans les deux langues officielles, soit 68,5% des 7678 habitants de Clare et 56,7% des 7870 habitants d’Argyle (Statistiques Canada 2021). 

Ce qui frappe aussi dans cette région, c’est l’omniprésence de la pêche et de son produit phare, le homard, qui pèse plus de 80 % en valeur des espèces prises. Ici, le grand port de pêche commerciale est Dennis Point, à Punico-Ouest (Argyle), le plus grand du Canada atlantique.

À Argyle, les villages acadiens sont dispersés le long d’un littoral échancré et irrégulier, de toute beauté, formé de détroits, d’anses et d’iles. J’ai véritablement été sous le charme du Village historique acadien et de son paysage côtier, à Pubnico-Ouest, qui invitent à découvrir la vie et la culture des Acadiens au début des années 1900. 

Plus à l’ouest, au large de Wedgeport, une croisière de trois heures m’a fait découvrir les iles Tusket, où le dépaysement est garanti. Sur la grande ile Tusket, habitée par seulement deux personnes à l’année, les casiers à homard vides attendent le retour de la saison de la pêche commerciale, fin novembre. Agrémentée par les chansons acadiennes du pilote et guide francophone, cette excursion en mer était un vrai enchantement.  

Au nord-ouest d’Argyle et de Yarmouth, Clare est la seule municipalité de la province à offrir ses services en français et en anglais. Ses villages acadiens s’échelonnent le long de la Baie Sainte-Marie et de ses nombreuses anses et plages. 

Peggys Cove, village de pêcheurs.

PHOTO : JMA

Université Sainte-Anne, Pointe-de-l’Eglise.

PHOTO : JMA

En voici quelques-unes. Il y a d’abord l’Anse des Belliveau, où se trouve le site de la Pointe-à-Major, qui marque l’emplacement du premier cimetière acadien de la Baie Sainte-Marie et de sa première messe. Au bout du chemin qui traverse le site, on accède à l’une des plages les plus populaires pour le grattage aux coques. 

Plus au sud, à Meteghan, le Parc provincial Le Fourneau offre des vues saisissantes sur un lieu fréquenté autrefois par les contrebandiers (on disait aussi Anse aux Hirondelles). 

Plus au sud encore se dresse le Parc du phare au Cap Sainte-Marie. Le phare et sa corne de brume dominent des falaises escarpées, à la pointe la plus occidentale de la Nouvelle-Écosse. Le monument central du parc honore les personnes disparues en mer depuis la fondation de Clare.

Remontons maintenant vers le nord, à Pointe-de-l’Église (Clare). C’est là que se situe le campus principal de l’Université Sainte-Anne, la seule université francophone en Nouvelle-Écosse, qui offre des programmes d’études collégiales et universitaires dans toute la province. 

À l’entrée de l’université, le centre de visiteurs Rendez-vous de la Baie contient un très beau musée bilingue sur la culture acadienne de la Baie Sainte-Marie. À proximité du centre de visiteurs, le Petit Bois, qui entoure le campus de l’université, en bord de mer, est un véritable trésor caché de biodiversité, dont les sentiers boisés et côtiers gagneraient à être mieux connus. 

On peut aussi découvrir, en lisière ouest du Petit Bois, le Monument Sigogne 200e, inauguré en 1999 pour honorer le 200e anniversaire de l’arrivée du prêtre catholique Jean-Mandé Sigogne dans la région.

Lieu historique national de Grand-Pré.

PHOTO : JMA

Depuis et vers Halifax

Un séjour dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, avec un point de départ et de retour en voiture à Halifax, n’était pas envisageable sans visiter certains hauts lieux touristiques ou historiques de la province. Et franchement, cela en valait la peine! 

À l’aller, un arrêt à Peggys Cove, proche d’Halifax, a permis de découvrir le pittoresque petit village de pêcheurs. Au retour, on n’a pas manqué de visiter, près d’Annapolis Royal, l’Habitation de Port-Royal (village), reconstruite à partir de l’Habitation originale de 1605, où Samuel de Champlain a vécu. 

De même, une visite s’imposait au Lieu historique national de Grand-Pré, près de Wolfville, site du patrimoine mondial de l’UNESCO, commémorant l’histoire de la Déportation des Acadiens. 

Ce haut lieu célèbre de l’histoire acadienne finissait en beauté un voyage bien trop court dans ce sud-ouest si attachant de la Nouvelle-Écosse. Un regret? Sans doute de n’avoir pas pu me rendre dans l’ile du Cap-Breton, où se trouvent deux autres communautés acadiennes où on parle encore français, à Chéticamp et dans l’Isle Madame. 

Nul doute que ce premier voyage en appellera d’autres dans cette province largement méconnue.

Habitation de Port-Royal, Cour intérieure. 

PHOTO : JMA

Habitation de Port-Royal, Salle à manger.

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Habitation de Port-Royal, Buste de Samuel de Champlain, au bord de la rivière Annapolis. 

PHOTO : JMA