Il éveille alors la curiosité des canards qui s’approchent dangereusement à portée de fusil…»
Cette courte scène (texte personnel) se déroule dans l’une des provinces du Canada, dont elle est très emblématique, en révélant cinq de ses multiples symboles. Avez-vous deviné de quels symboles et de quelle province il s’agit ? Non ? Suivez le guide…
Commençons par l’épinette rouge (Picea rubens). Ce conifère dont l’écorce est de couleur brun rougeâtre peut atteindre une hauteur de 25 mètres. Arrivés à maturité, ses cônes sont de couleur brun chocolat foncé. C’est un arbre typique des provinces maritimes du Canada, même si son aire de répartition s’étend jusque dans le nord-est des États-Unis et un peu au Québec. Mais l’épinette rouge ne permet pas d’identifier à elle seule la province recherchée. S’agit-il du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse ou de l’Île-du-Prince-Édouard ?
Intéressons-nous maintenant à la Fleur de mai (ou Épigée rampante, Epigaea repens) qui fleurit dans la forêt de conifères. Ses fleurs roses et blanches en forme de trompette dégagent une odeur agréablement épicée. C’est une plante indigène de l’est de l’Amérique du Nord. Elle doit son nom aux pères pèlerins du Massachusetts qui ont vu en elle la première fleur du printemps et lui ont donné le nom du navire (le Mayflower) qui les avait amenés en 1620 à Plymouth. Là encore, la Fleur de mai est tellement répandue qu’elle ne permet pas d’identifier la province recherchée.
Le balbuzard (Pandion haliaetus) qui plonge de façon spectaculaire, les pattes en avant, pour capturer son poisson va-t-il voler à notre secours? Hélas, cet oiseau de proie plus petit que l’aigle, mais plus gros que le faucon est très répandu en Amérique du Nord. La solution se trouve donc sur la côte, où s’ébat le petit retriever au beau collier en tartan, dont l’énergie débordante et la nature enjouée font plaisir à voir.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce chien de taille moyenne, excellent nageur et rapporteur né, appartient à une race spécifiquement créée pour exciter la curiosité du canard et l’attirer à portée de fusil de chasse. Nommée initialement Little River Duck Dog, la race a été reconnue par le Club Canin Canadien en 1945, sous le nom de Retriever Nova Scotia Duck Tolling. Elle est originaire du comté de Yarmouth, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Ce retriever, également nommé toller, est l’emblème canin officiel de la province, depuis la loi votée par l’Assemblée législative en 1995.
Récapitulons: épinette rouge, Fleur de mai, balbuzard, petit retriever, tartan. La scène du début du texte se déroule bien en Nouvelle-Écosse. Mais pourquoi la province a-t-elle choisi ces cinq symboles pour la représenter? Reprenons-les un par un…
Emblématique Nouvelle-Écosse
En ce matin de mai, le jour s’est levé sur la Baie Sainte-Marie, dans le comté de Digby, voisin de celui de Yarmouth, au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Dans la forêt acadienne toute proche, l’épinette rouge est l’arbre emblématique de la province officiellement reconnu en 1988. Capable de survivre dans presque tous les milieux et toutes les conditions, il a été choisi pour symboliser la force et la résilience des Néoécossais.
Dans la clairière fleurie, la Fleur de mai, qui dégage le parfum épicé, est l’emblème floral officiel de la province depuis 1901. Bien avant cette date, dès 1820, parce qu’elle fleurit avant la disparition des dernières neiges de l’hiver, elle incarnait déjà le triomphe des Néoécossais contre l’adversité.
Quant au balbuzard pêcheur, qui survole la baie, c’est l’oiseau qui représente officiellement la province depuis 1994. Les balbuzards quittent leur lieu de nidification à l’automne et migrent vers le Sud pour hiverner. Aux beaux jours, les balbuzards adultes reviennent toujours se reproduire à l’endroit qui les a vus naitre, symbolisant ainsi l’attachement des Néoécossais à leurs racines.
Revenons maintenant au toller, le plus petit de tous les retrievers, qui, décidément, s’amuse follement au bord de l’eau. Il arbore un superbe collier en tartan, c’est-à-dire en étoffe de laine écossaise à larges carreaux, mais pas n’importe laquelle…
Il s’agit bien du tartan adopté officiellement par la Nouvelle-Écosse en 1964, le premier adopté par une province du Canada, très symbolique de l’importance de la culture écossaise dans la colonisation de la province. D’ailleurs, sa couleur bleue rappelle la mer et le ciel, mais également le drapeau de la Nouvelle-Écosse. Celui-ci est constitué du drapeau écossais aux couleurs inversées, où apparait en son centre le blason aux armes royales de l’Écosse.
Voilà donc notre très symbolique toller qui continue de s’ébattre sur la côte. Est-il aussi à l’affut ? Au passage, que sont devenus les canards ? D’abord intrigués par le chahut du toller, ils se sont éloignés tranquillement de la côte, nullement inquiétés par un quelconque fusil de chasse. Ce matin-là, le toller était tout simplement un adorable compagnon de jeu.
Sources
Sites internet : Gouvernement du Canada (Symboles provinciaux de la Nouvelle-Écosse), Ressources naturelles Canada (Épinette rouge), Nature Canada et Environnement Canada (Le Canada en fleurs), L’Encyclopédie canadienne (Fleur de mai), Service canadien de la faune (Le Balbuzard), Club Canin Canadien (Retriever Nova Scotia Duck Tolling).