le Jeudi 12 septembre 2024
le Vendredi 8 septembre 2023 9:00 Arts et culture

Le temps dérobé et Aphasie seront projetés au Festival international du film de l’Atlantique 2023

Une image tirée du film Aphasie.  — PHOTO - Image du film - Avec l'autorisation de l'Office national du film du Canada.
Une image tirée du film Aphasie.
PHOTO - Image du film - Avec l'autorisation de l'Office national du film du Canada.
La ville de Halifax sera le théâtre du 43e Festival international du film de l’Atlantique, qui se tiendra du 14 au 24 septembre. Les amateurs du 7e art pourront y découvrir des films de toutes origines, notamment des projets réalisés par des cinéastes canadiens.
Le temps dérobé et Aphasie seront projetés au Festival international du film de l’Atlantique 2023
00:00 00:00

Melissa Miller, avocate spécialisée dans le droit des personnes âgées.

PHOTO - Image du film - Avec l'autorisation de l'Office national du film du Canada.

Afin de souligner l’arrivée du festival, Le Courrier présente deux œuvres : Le temps dérobé de Helene Klodawsky et Aphasie de Marielle Dalpé, qui font partie de la programmation de 2023. 

Thèmes universels

Le temps dérobé (Stolen Time) est une production de Ina Fichman pour Intuitive Pictures Inc. et Ariel Nasr pour l’Office national du film du Canada (ONF). Le film, dont la projection aura lieu le 18 septembre à 20 h 30, est inclus dans la partie « Documentaires » de la programmation du festival. 

Réalisatrice en cinéma documentaire depuis plus de 35 ans, Helene Klodawsky se focalise sur l’appel à la justice en documentant les « histoires d’acteurs du changement en marge de la société », comme Melissa Miller, le personnage principal de son nouveau long-métrage. 

Miller, une avocate spécialisée dans les dommages corporels et le droit des personnes âgées, lutte contre la négligence physique, mentale et émotionnelle dans les établissements de soins de longue durée à but lucratif, qui empochent d’énormes profits depuis les trois dernières décennies.  

Le film suit le parcours de l’avocate qui s’attaque à un délit de masse contre certaines des plus puissantes entreprises de soins de longue durée au monde, et ce, pour les tenir responsables. 

Le personnage nous guide dans une réflexion de l’état actuel du secteur de soins et l’influence des conditions actuelles sur les patients, mais aussi sur le personnel soignant, dont le travail est régulièrement sous-estimé. On constate en visionnant le film que les employés sont réprimandés de manière disproportionnée pour les failles du système. 

Helen Klodawsky, réalisatrice du documentaire Le temps dérobé. 

PHOTO - John Lucas

Klodawsky a vu le besoin d’un film comme le sien, qui va au-delà de la dénonciation des conditions. Son objectif : songer aux changements profonds à effectuer dans le but d’améliorer la situation et modifier le statu quo. « J’ai vu dans ce film une opportunité d’être plongé dans une bataille entre les soins, car tout le monde a le droit d’avoir des soins dignes, et les conditions qui existent présentement », explique-t-elle. 

Elle souhaite qu’une œuvre comme la sienne soit en mesure de mettre en évidence les conditions de travail et les difficultés auxquelles font face les soignants qui, selon la réalisatrice, n’ont pas la chance de donner les soins adéquats. 

La cinéaste insiste sur le fait qu’il s’agit avant tout d’une histoire qui invite à garder espoir. « Melissa nous inspire d’aller plus loin, de forcer une discussion, de forcer nos politiciens à nous écouter », déclare Mme Klodawsky. 

Faire vivre une expérience

Les spectateurs pourront se mettre à la place d’un individu atteint de la maladie d’Alzheimer en visionnant Aphasie, un court-métrage qui sert « d’expérience sensorielle déroutante ». On rentre dans la tête de cette personne pour comprendre la confusion et l’anxiété qu’elle vit ainsi que les émotions qu’elle éprouve. 

L’aphasie est un trouble neurocognitif qui réduit progressivement la capacité de s’exprimer et de comprendre ce qui est dit, écrit, lu, etc. C’est justement avec des illustrations à l’encre et à la peinture qui s’entrechoquent et des effets de glitchs et d’échos, conçus à partir de la voix de la narratrice, Andrée Lachapelle, qu’Aphasie nous plonge dans un univers sonore et visuel tumultueux. 

La grand-mère maternelle de Marielle Dalpé, réalisatrice et illustratrice du film, avait l’Alzheimer. Cette expérience bouleversante a incité l’artiste à étudier en profondeur le sujet à travers des recherches littéraires et visuelles. 

Initialement, en regardant divers films portant sur la maladie, elle avait de la misère à s’identifier aux récits présentés. « Je voyais jamais vraiment mon histoire avec elle (ma grand-mère), dit-elle. En fait, je voyais pas exactement comment la maladie d’Alzheimer l’avait affecté, dans les films. Après son décès, j’ai fait un peu de recherche et j’ai découvert qu’est-ce que l’aphasie était. » 

Marielle Dalpé, réalisatrice du court-métrage Aphasie.

PHOTO - Sandra Larochelle

Son court-métrage est une manière de rajouter à la conversation qui existe déjà sur ce trouble et d’en dire un peu plus, en ayant recours à l’animation, où tout est créé à partir de zéro. « Comme la maladie d’Alzheimer et l’aphasie sont plutôt des concepts, on sait pas trop ce qui se passe dans la tête d’une personne atteinte, précise-t-elle. Je trouvais que [l’animation] se portait bien parce qu’on est dans l’abstrait. » 

Dalpé voulait faire un film un peu plus violent pour porter un autre regard sur la maladie. « Je trouve que, souvent, les films que j’ai vus qui traitaient du sujet, ils amènent une douceur, ils aident à accepter ce qui se passe. C’est vraiment des beaux films qui m’ont aidé quand je vivais à travers la maladie de ma grand-mère, confesse-t-elle. Mais il y avait un côté de moi qui était comme, ben, c’est aussi une maladie violente. » 

Son court-métrage a pour objectif de faire vivre l’aphasie « pour mieux peut-être, j’espère, comprendre ce qui passe dans la tête des êtres aimés ». 

La projection d’Aphasie, une production de Marc Bertrand pour le Studio d’animation du Programme français de l’ONF, se tiendra le 15 septembre à 17 h à Halifax lors du Festival international du film de l’Atlantique.