Arthur Louis Vaillancourt est né le 28 mai 1912 à Lowell, Massachusetts, fils d’Eugénie Gagné (1870-1935, née à St Fredenont, Beauce, Québec) et d’Oscar Vaillancourt (1868-1919, Lowell, Mass). Arthur avait un frère et une sœur, et sept demi- frères et sœurs issues du mariage ultérieur d’Eugénie Gagné avec John Alpheus De Carteret (1873-1947, né en mer). Avant sa vie à Boston, Vaillancourt avait pris une épouse avec laquelle il a eu deux enfants. Dès le recensement de 1930, Arthur (alors dénommé De Carteret) est identifié comme apprenti dentiste, à Lowell.
Nous commençons à remarquer Arthur autour du danseur américain Adolphe Robicheau en 1937. La liste des passagers du paquebot S.S. Yarmouth, partant de Yarmouth pour Boston le 20 août 1937, témoigne du retour des deux messieurs aux États-Unis après un séjour en Nouvelle-Écosse. En tant que compagnon de danse, Arthur partagait déjà la scène avec Adolphe Robicheau lors de la première mondiale de son ballet Évangéline en 1939.
Le Biddeford Daily-Journal, en 1941, fait état d’une exposition d’art gratuite tenue sous les auspices de l’Ogunquit Art Association. Adolphe Robicheau et sa compagnie de danse, y compris Arthur, donneront une conférence. Cela indiquerait qu’Arthur Vaillancourt a bien accompagné Robicheau à son école balnéaire Manoire Normandie dans le Maine.
Un annuaire de la ville de Boston en 1942 signale qu’Arthur est machiniste dentaire pour la firme MacEachern & Low Dental Laboratory. Quand, en 1943, alors qu’Adolphe Robicheau voulait acheter l’immeuble Appleton, mais ne pouvait pas se permettre l’acompte, Arthur Vaillancourt vendit rapidement sa voiture pour combler la différence.
Les deux hommes organiseraient une soirée de Noël chaque année après l’achat du 54 rue Beacon qui n’a été interrompue que deux fois par des tempêtes. Adolphe était connu pour sa jubilation et sa maîtrise de l’accueil des invités, tandis qu’Arthur présidait plutôt au grand bol en cristal, servant chaque verre de lait de poule.
Le Boston Globe a fait le compte rendu d’un incendie au 54, rue Beacon, la veille de Noël en 1946. « L’immeuble est la propriété conjointe de Robicheau et d’Arthur Vaillancourt. Les étudiants qui pratiquent normalement au deuxième étage n’étaient pas dans l’immeuble en raison des vacances de Noël. »
Depuis 1947, Vaillancourt était président et trésorier du cabinet dentaire MacEachern & Low, les bureaux étaient maintenant situés au 54, rue Beacon.
Il aimait voyager et s’embarquait souvent pour des croisières. Nous savons, grâce aux archives d’Ellis Island, qu’il a voyagé aux Bermudes sur le S.S. Nieuw Amsterdam en 1959, puis en 1962, sur le S.S. Statendam, en passant par les îles Vierges, Curaçao et Port-au-Prince, avant de revenir par New York.
Le Courrier de la Nouvelle-Écosse nous informe le 12 juin 1969, qu’Arthur Vaillancourt et Adolphe Robicheau, de Boston, hôtes de La Vieille Maison, sont arrivés à Meteghan. L’édition suivante, qui paraît le 26 juin 1969, précise qu’ils ont organisé une soirée marquée par la danse et de la chanson à répondre.
En 1976, Vaillancourt assistait à la reprise du célèbre ballet Évangéline de Robicheau, où il est noté comme étant de la distribution originale. C’est également en 1976 que les deux gentlemen organisent la dernière de leurs fameuses soirées de Noël sur Beacon Hill. En 1977, ils sont secoués par les décès de plusieurs amis fidèles à leurs soirées.
Arthur Vaillancourt était présent aux funérailles d’Adolphe en août 1978. La nécrologie parue dans le Boston Globe, fait d’Arthur son cher compagnon. La complicité entre les deux gentlemen est évoquée dans le témoignage de Lorita,
Robicheau a été enterré aux côtés de ses parents. La famille s’est attardée après le service funéraire pour accepter les condoléances et remercier tout le monde pour leur soutien et leur présence. Arthur Vaillancourt se tenait sombrement à proximité. « Quand mon heure viendra, c’est ici que je serai », a-t-il remarqué. « Les Robicheau m’ont dit qu’il y aura toujours une place pour moi ici avec eux ».
Arthur a continué à vivre au 54, rue Beacon après la mort d’Adolphe. Enseignante à l’Académie, Loraine “Lorita” Ash remarquait « l’atmosphère de silence et de vide, presque palpable dans toute la maison ». Malgré le souhait d’Adolphe que son Académie ne lui survive pas, Arthur acquiesce à la demande de Peggy Hunter, qui continue à gérer le studio. Il sera plus tard mécontent de sa décision, car elle l’obligeait à être présent sur les lieux pendant les heures de cours de danse.
Vaillancourt est atteint d’un cancer du poumon en 1979. La famille Robicheau lui rendait souvent visite, “consciente de l’altruisme avec lequel il avait pris soin de leur Adolphe”, souligne Loraine Ash. Il est décédé le 25 janvier 1981, seul dans son appartement au-dessus du studio de danse.
Les Vaillancourts n’ont pas pu être persuadés de permettre à leur frère d’être enterré comme il le souhaitait, dans la même tombe avec son compagnon Adolphe. Les funérailles ont eu lieu à huis clos dans la région de Lowell sans qu’aucun avis ne paraisse dans les journaux de Boston. La nécrologie n’a jamais été affichée.
Le dernier cours de danse a eu lieu au 54, rue Beacon le 13 juin 1981.