le Mardi 10 décembre 2024
le Jeudi 14 décembre 2023 9:00 Chroniques

Le bilinguisme, un fait visible dans le paysage linguistique de la Baie Sainte-Marie

  PHOTOS : Nazaire Joinville
PHOTOS : Nazaire Joinville
Depuis 2021, les panneaux d’arrêt de la Baie Sainte-Marie sont presque tous bilingues avec « Stop/Arrêt » écrit dessus. Cette région est l’une des rares en Nouvelle-Écosse, qui utilise l’anglais et le français dans les panneaux de signalisations routières, qui font partie des paysages linguistiques.
Le bilinguisme, un fait visible dans le paysage linguistique de la Baie Sainte-Marie
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Selon Natalie Robichaud dans un article paru dans Astheure, cette décision d’utiliser les deux langues dans les panneaux d’arrêt de cette région a été prise après la proposition d’un élève dans la classe de 9e année du Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) en 2019, dans le cadre d’un cours de civisme. 

Richard Landry et Rodrigue Bourhis, dans leur article titré Linguistic Landscape and Ethnolinguistic Vitality : an Empirical Study, paru en 1997, mentionne que le paysage linguistique d’un territoire, d’une région ou d’une agglomération donnée représente la langue utilisée dans l’ensemble des panneaux de signalisation routière, des panneaux publicitaires, des noms de rues, des noms de lieux, des logos commerciaux, des logos publics sur les bâtiments gouvernementaux, etc. 

À noter que la Baie Sainte-Marie est la plus importante communauté acadienne de la Nouvelle-Écosse sur le plan culturel, institutionnel et surtout démographique. Selon la Municipalité de Clare, cette région a une population de plus de 8 500 habitants. De plus, 75 % des résidents de Clare sont capables de communiquer dans les deux langues officielles. 

En effet, il n’y a pas que les panneaux d’arrêts qui mettent en exergue les deux langues officielles dans cette région. Ce bilinguisme semble visible dans tout son paysage linguistique. D’ailleurs, la Municipalité de Clare est la seule municipalité de la province de la Nouvelle-Écosse qui dirige ses affaires et offre ses services dans les deux langues officielles, le français et l’anglais.

Selon notre constat, dans les panneaux annonçant les villages, il y a l’usage du français et de l’anglais. En outre, dans nombre d’affiches gouvernementales et commerciales, les deux langues sont aussi utilisées.  

Il n’y a aucun doute que l’anglais est dominant à la Baie Sainte-Marie. Cependant, les francophones, les Acadiennes et Acadiens et les francophiles peuvent s’enorgueillir de leur langue, qui a une certaine représentativité dans l’espace public de cette région. Il n’y a aucun doute qu’une langue utilisée dans ledit espace est une langue qui y jouit d’une certaine valeur. 

D’ailleurs, à la Baie, il y a plusieurs institutions et organismes qui valorisent la langue et la culture françaises. On peut citer, entre autres, l’Université Sainte-Anne, qui est la seule université francophone de la Nouvelle-Écosse, mais aussi la Société acadienne de Clare, la Communauté francophone accueillante et le Courrier de la Nouvelle-Écosse. De plus, la langue et la culture françaises et acadiennes jouent un rôle important dans la vie courante des habitants de la Baie. 

En somme, si la Baie Sainte-Marie est enclavée entre Weymouth et Yarmouth, deux régions fortement anglophones, elle se veut une région bilingue. En ce sens, ce bilinguisme qui est visible dans cette région lui est un atout majeur, surtout pour le Congrès mondial acadien 2024, qu’elle recevra. 

Quand des milliers d’Acadiennes et d’Acadiens débarqueront dans une région qui utilise leur langue dans son paysage linguistique, ils se sentiront chez elles/eux.