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le Mercredi 16 août 2023 7:45 Nouvelles

À l’Île-du-Prince-Édouard, une forêt à manger

À l’Île-du-Prince-Édouard, l’Acadienne Anne Gallant fait découvrir sa forêt nourricière. Des centaines de plantes sauvages comestibles sont à portée de cueillette.  — PHOTO - Marine Ernoult — Francopresse
À l’Île-du-Prince-Édouard, l’Acadienne Anne Gallant fait découvrir sa forêt nourricière. Des centaines de plantes sauvages comestibles sont à portée de cueillette.
PHOTO - Marine Ernoult — Francopresse
Francopresse — La forêt canadienne regorge de ressources comestibles. À l’Île-du-Prince-Édouard, une Acadienne ses passionne pour ces plantes gourmandes qui poussent à l’état sauvage. Francopresse l’a rencontrée.
À l’Île-du-Prince-Édouard, une forêt à manger
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Depuis sept ans, Anne Gallant vit dans une petite maison de bois autosuffisante en eau et en énergie au milieu de la forêt. 

PHOTO - Marine Ernoult — Francopresse

À mesure que lon senfonce dans la forêt de l’Île-du-Prince-Édouard, Anne Gallant nous fait pénétrer dans son garde-manger perpétuel, sa forêt nourricière. Des centaines de plantes sauvages comestibles sont à portée de cueillette. 

À peine descendue de sa camionnette, besace en bandoulière et guide didentification à la main, elle repère des patiences crépues sur le bord dun chemin de terre rouge. Leurs jolies feuilles ondulées se balancent dans le vent. 

«Les gens la considèrent souvent comme une mauvaise herbe alors quen réalité on peut faire de la farine avec ses graines. Ça donne un pain brun foncé au gout de la terre», sourit lAcadienne de ses yeux bleus. 

Depuis sept ans, Anne Gallant vit dans une petite maison de bois autosuffisante en eau et en énergie au milieu de la forêt.

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Fougères au beurre, cresson à saupoudrer

À quelques mètres de là, un groupe donagres bisannuelles aux grandes fleurs jaunes pousse sur un terrain sablonneux. Anne Gallant explique que toute la plante est mangeable : les feuilles sajoutent à des soupes et des ragouts, tandis que les racines, aux saveurs légèrement poivrées, se consomment crues ou cuites.

Juste à côté, de jeunes fougères attirent son regard. «Cuites dans un peu de beurre, elles sont excellentes, elles ont ce petit gout sauvage dasperge», assure la sexagénaire.

Au bord dun ruisseau, des plants de cresson prolifèrent. «On peut le manger en salade ou en faire de la poudre à saupoudrer sur des soupes en hiver», commente-t-elle. 

Dans ce dédale forestier, la connaisseuse pousse un cri dexclamation à la vue de brunelles communes, plantes aromatiques également connues des Autochtones pour leurs propriétés médicinales. «Ça soigne tout le corps, c’est extraordinaire comme plante.»

Anne Gallant vit au cœur dune forêt gourmande, à 30 minutes de route de Charlottetown, la capitale de l’Île-du-Prince-Édouard. Il y a sept ans, elle a tout quitté, sa galerie dart, ses toiles et ses pinceaux, pour s’établir à labri du monde au milieu des épinettes blanches, des érables et des fleurs sauvages.

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Depuis plus de trente ans, Anne Gallant collectionne les livres de botanique et les guides d’identification des plantes pour parfaire ses connaissances.

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Manger local et sans pesticide 

«Je vais dans la forêt tous les jours, sinon ça me manque. Cest juste un profond sentiment de paix, ça matteint de beauté», confie-t-elle. 

Elle a acheté 40 arpents de terre et sest construit une petite maison de bois autosuffisante en eau et en énergie. Panneaux solaires, récupérateurs deau de pluie, poêle à bois, Anne Gallant veut au maximum limiter son empreinte écologique sur la planète. 

«Se nourrir dans la forêt fait partie de cette démarche. Cest local et respectueux du vivant, sans traces de pesticide», affirme-t-elle

La moitié de ce que mange Anne Gallant provient de la forêt et de son potager, le reste du supermarché. À terme, elle aimerait atteindre les 80 % dautoconsommation.

Anne Gallant a découvert la gastronomie des plantes sauvages à loccasion de voyages humanitaires à Haïti, dans les années 1990. Dans un dispensaire de campagne, elle observait ses collègues haïtiens revenir de la forêt avec des paniers pleins de fleurs, de fruits et de feuillages.

De retour au Canada, lautodidacte se plonge dans les publications botaniques et suit des cours en Nouvelle-Écosse. Elle vit quelques mois en Italie pour parfaire ses connaissances. Pendant six ans, elle se lance même dans la publication dune revue mensuelle sur la nutrition et les propriétés des plantes. 

Panneaux solaires, récupérateurs deau de pluie, poêle à bois, Anne Gallant veut au maximum limiter son empreinte écologique sur la planète.

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«On ne simprovise pas cueilleur»

«Il y a tellement de choses à manger dans la forêt, cest triste davoir perdu ce savoir, regrette-t-elle. Moi-même, je découvre de nouvelles plantes et de nouvelles façons de les cuisiner tous les jours, cest un voyage de 30 ans.»

Anne Gallant évoque son pesto doseille des bois, «du velours acidulé sur la langue», ses salades parfumées de fleurs colorées, ses croustilles de feuilles d’érable, ses gelées de fruits daronia, sa boisson fermentée d’épinette de pin blanc ou encore son kombucha d’épilobe en épi.

La balade ouvre lappétit. Mais la cueilleuse-préleveuse du XXIe siècle conseille la prudence à quiconque manquerait de formation. Des plantes toxiques peuvent ressembler aux comestibles. Les risques de confusion sont fréquents.

«Il faut être très méticuleux, toujours se référer à plusieurs sources, demander à une personne plus expérimentée, insiste-t-elle. Si on a un doute, il ne vaut mieux pas ramasser.» 

Prendre son temps, telle est sa devise : «On ne simprovise pas cueilleur. Cest un voyage dans la nature, on ne peut pas tout apprendre en un instant.»

Elle conseille aux débutants de sintéresser seulement à une ou deux plantes, de les apprivoiser à différentes saisons afin de savoir ce qui est mangeable ou non.

Anne Gallant prépare de nombreuses recettes de cuisine avec les plantes et fleurs trouvées dans la forêt.

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Règles de lart

Le danger ne freine pas lengouement. De plus en plus dinsulaires et de touristes se pressent chez Anne Gallant pour participer aux «classes en forêt» quelle organise depuis trois ans. 

Elle relève notamment un intérêt grandissant des familles confrontées à la hausse des prix des aliments. Rien ne lui fait plus plaisir que de voir ses «étudiants changer de regard sur la forêt qui les entoure». 

Ce plaisir gourmand et familial doit aussi seffectuer selon les règles de lart, souligne-t-elle. Les plantes se cueillent avec technique et préciosité. Dune part, pour leur permettre de survivre et de repousser les années suivantes. Dautre part, pour préserver la forêt. 

«Il ne faut jamais arracher les racines et prélever plus dun tiers dune plante ou dun groupe de plantes», explique lexperte. 

Sur le chemin du retour, un frisson dexcitation parcourt Anne Galant quand elle repère des chanterelles, trônant en majesté dans de la mousse. Elle sort un couteau à champignon de sa besace et les retire délicatement du sol… ce sera son repas de midi. 

De retour chez elle, elle montre avec fierté sa réserve où des pots de fleurs séchées, de poudre, de farine et de tisane sempilent sur des étagères jusquau plafond. À lheure du départ, elle nous quitte plein d’enthousiasme, prête à retourner en forêt laprès-midi même.

Anne Gallant montre avec fierté sa réserve où des pots de fleurs séchées, de poudre, de farine et de tisane sempilent sur des étagères jusquau plafond.

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Les épines de mélèze sont comestibles.

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Avec son guide d’identification, Anne Gallant examine des plantes.

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Anne Gallant prélève des chanterelles avec son couteau à champignon.

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Anne Gallant prélève des chanterelles avec son couteau à champignon.

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Anne Gallant a récolté des chanterelles.

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Anne Gallant fabrique du pain avec la farine de patiences crépues.

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Une fleur de carotte sauvage.

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Anne Gallant fait du pesto d’oseille des bois.

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Les brucelles communes sont des plantes aromatiques également connues des Autochtones pour leurs propriétés médicinales.

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Anne Gallant fabrique du kombucha d’épilobe en épi.

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