Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

La stratégie de numérisation des collections culturelles est une initiative en cours, décrite dans le plan d’action ReconciliAction. 

«En raison de préjugés historiques et systémiques, les musées ne représentent pas actuellement l’expérience de tous les Néoécossais», peut-on lire dans le plan. 

«L’interruption et la perte partielle de la langue, ainsi que la colonisation de l’identité culturelle, notamment des communautés mi’kmaq, afro-néoécossaises, acadiennes et gaéliques, ont donné lieu à des représentations incomplètes et inexactes des groupes culturels.» 

Le plan pointe que certains artéfacts des musées de la province ont été collectés et documentés durant la période de la colonisation, avec une contribution minime de la part des communautés d’origine. 

«Nous espérons qu’en facilitant l’accès à l’information dans les musées et en collaborant avec les communautés à l’amélioration des connaissances et de la documentation, chacun pourra mieux comprendre l’histoire, la culture et les récits néoécossais, dit Karin Kierstead, responsable des programmes de l’Association des musées de la Nouvelle-Écosse (ANSM). 

«Cela permettra d’améliorer l’éducation des élèves, de résoudre des problèmes systémiques et de longue date, et de développer des partenariats et des collaborations qui rassembleront les gens.» 

Prendre le pouls 

Des séances de «déverrouillage» ont eu lieu en 2022, au cours desquelles des membres de la communauté ainsi que des employés de musées ont discuté de la façon de mieux servir les communautés avec lesquelles les musées n’ont pas toujours entretenu des relations étroites. 

«L’un de nos objectifs avec ce plan est qu’il serve de bilan du travail accompli à ce jour, en réponse aux préoccupations de la communauté selon lesquelles les consultations aboutissent rarement à une action réelle», explique Karin Kierstead. 

Un document a été publié sur le site Internet de l’Association avec les thèmes clés et les appels à l’action pour chacune des communautés historiques. Pour les Acadiens, on mentionnait qu’il faut aller au-delà de la simple histoire de Grand-Pré et de la Déportation, qu’il doit y avoir «de multiples histoires».  

On a aussi pris note du fait que les musées manquent souvent de ressources pour répondre aux besoins des communautés, même s’ils sont «dignes de confiance», et qu’il faut souligner davantage l’importance de l’immatériel : la nourriture, la musique, les croyances, les pratiques, les récits, etc. 

«De nombreux employés de musées nous ont dit que les réunions Unlocking Collections leur avaient ouvert les yeux, raconte Mme Kierstead. Ils ont noué de nouveaux contacts, rencontré des dirigeants communautaires et des particuliers, et entendu directement la manière dont les gens perçoivent les musées et ce qu’ils aimeraient voir changer.» 

Père Clarence d’Entremont 

L’ANSM a obtenu un financement fédéral afin d’inventorier les enregistrements audios dans les musées. Le travail consiste à passer à travers les enregistrements analogiques, dont les vieilles VHS, les cassettes et les bobines, et faire l’inventaire des enregistrements numériques dans les musées. 

L’Association travaille aussi sur des projets spéciaux. Elle a récemment collaboré avec des partenaires communautaires pour raconter l’histoire du Père Clarence d’Entremont et explorer la façon «dont sa vie et son œuvre s’inscrivent dans la culture et l’histoire acadiennes», ajoute Karin Kierstead.

Il s’agit d’un projet collaboratif avec l’appui des Affaires acadiennes, les musées membres de la région de Cap de Sable et les étudiants de maitrise en muséologie à l’Université de Toronto (UdeT).

Les écrits de Père d’Entremont ont joué un rôle crucial dans la documentation des récits des Acadiens du sud-ouest. «Sans ses contributions, une grande partie de ce riche patrimoine aurait pu être perdue», commente l’ANSM par communiqué. 

Pour mettre en lumière cette facette du patrimoine acadien, trois bannières informatives ont été conçues pour la période du Congrès mondial acadien. On peut y découvrir des informations sur la vie de Père d’Entremont, son travail ainsi que l’histoire de Cap de Sable. 

Les bannières, qui seront affichées à Pubnico et Barrington, possèdent des codes QR permettant aux visiteurs d’obtenir des renseignements supplémentaires. 

Par la suite, les bannières seront entreposées au bureau de l’ANSM, à Halifax. Les écoles, musées et organismes communautaires pourront les emprunter à des fins pédagogiques.

D’autres ressources pédagogiques, réalisées par les étudiants de l’UdeT, sont également disponibles pour les salles de classe de la Nouvelle-Écosse. «Ces ressources portent sur l’histoire des toponymes acadiens et la généalogie comme pratique historique, en s’inspirant des travaux du père d’Entremont», informe l’ANSM. 

Ces ressources peuvent être téléchargées gratuitement sur le site Internet de NovaMuse. 

Présenter les artéfacts 

Des améliorations à la stratégie de numérisation des collections culturelles seront apportées en tenant compte des demandes de la communauté, précise Karin Kierstead. 

«Nous avons reçu des suggestions pour améliorer la facilité de recherche. Nous avons ajouté des filtres de recherche supplémentaires tels que la possibilité de naviguer par culture.» 

«C’est pourquoi nous avons travaillé avec les musées pour inventorier ces fonds et élaborer un plan de numérisation du contenu analogique, et pour intégrer l’ensemble du contenu dans CollectiveAccess et en ligne.» 

L’ANSM a effectué cet été un examen et une analyse des avertissements liés au contenu des collections des musées. Les informations de l’examen ont été transmises à un groupe de travail.