Le deuxième album de Sluice, ARCHIVISTE, est sorti le 3 novembre dernier. Vous pouvez le trouver sur Spotify et sur YouTube.
Melissa : Bonjour ! Merci de prendre le temps aujourd’hui parce que… je crois que t’es, comme, le gars le plus busy en Acadie, n’est-ce pas ?
Trevor : Oh, je ne sais pas. Je ne crois pas que c’est un titre que je peux me donner moi-même !
M : Moi je te le donne peut-être, donc ! Et avec ça, comment ça va avec tous les voyages que t’arrives de faire en automne ?
T : Good ! Ça va pas mal bien. On a été à New York pour des vacances personnelles et ensuite, le lendemain, on a quitté pour Paris avec Sluice pis les boys de Peanut Butter Sunday. Ça, c’était vraiment cool – ma première fois en Europe, ma première fois à Paris. So ça, c’était pas mal awesome. Pis d’être là avec toute la gang, c’était vraiment cool. Pis le show était bien, la conférence était excellente pis je pense qu’on a beaucoup profité du monde qu’on a rencontré par là.
M : Right, so, c’était ces deux événements, spectacle et conférence, et vous avez représenter les artistes du Canada ? C’était quoi, votre rôle en tout ça ?
T : Ouais, so, ça se passe durant un festival qui s’appelle Le MaMA et on avait pas beaucoup d’expérience avec celle-là avant, mais c’est quand même un gros festival et conférence. Il y avait plus que 6 000 délégués, ils m’avions dit, et cette année, ils ont choisi de mettre le focus sur le Canada-même. So, en lien avec ça, il y avait des vitrines des artistes de la Nouvelle-Écosse, de la Colombie-Britannique et de l’Ontario. Durant la conférence-même, il y avait un volet pour les Canadiens pour faire des genre de speed-meetings, des rencontres, des 5 à 7 pour mettre du monde du Canada ensemble avec du monde de l’Europe, mais aussi pour développer plus de connections avec le Canada-même.
M : Ça c’est vraiment intéressant, vraiment cool comment vous avez pu vous rendre là comme représentants canadiens et acadiens !
T : Ouais, c’était une très belle opportunité. On ne le prend pas lightly.
M : Ça fait que si je peux te demander un peu de ton début en musique, venais-tu d’une famille musicale ? As-tu commencé ça jeune ou à la high school ?
T : Ouais, so, j’ai pas vraiment une famille musicale. Mon grand-père jouait un peu l’accordéon pis un peu d’harmonica, mais je l’ai probablement juste vue faire ça une ou deux fois dans ma vie. Pis y’a presque aucune autre personne sauf un de mes cousins qui joue de la musique dans la famille. So, moi, ça m’intéressais rinque, j’ai commencé ça en high school, j’avais beaucoup d’amis qui jouaient dans des bands en high school, so j’ai commencé à m’impliquer là-dedans. J’ai devenu super passionné de la musique pis on a commencé à jouer dans des bands locales. Là, j’ai déménagé à Halifax pour aller à l’école pis Halifax est comme le hub de la musique atlantique, so immédiatement, on a commencé à jouer dans des bands icette et j’ai commencé à apprendre plus les côtés business de tout cela. On faisait même des tournées autour du Canada avec quelques des bands. On n’avait pas des grandes équipes pour nous aider non plus. C’était beaucoup d’apprentissage et de DIY. C’est de ces expériences-là que j’ai développé mes compétences de travailler avec d’autres artistes itou. Ça fait 20 ans que je reste à Halifax maintenant, so depuis ce temps-là vraiment que je développe tout ça, qu’on a développé la business, développé la label pis toutes les choses qui vont dessous la label. C’est tout d’une façon self-taught de mes expériences. J’aime d’aider d’autre monde à embarquer dans ce terrain là itou.
M : Ouais, tu le fais tout, Trevor ! C’est incroyable, pis juste pour le nommer, c’est Acadien Embassy quand tu parles de la business, qui fait un peu de tout !
T : Ouais, c’est ça. Acadian Embassy.
M : Vraiment cool, et avant tout ça, les bands que tu jouais avec à la high school, est-ce que vous jouiez des covers ou c’était de la musique originale ?
T : C’était beaucoup de musique originale parce que nous autres, on était beaucoup inspiré de la scène musicale qui se passait à Yarmouth. Il y avait des bands comme Burnt Black là-bas. Pour nous autres, c’était vraiment les années nonantes qui nous ont inspirés. Après voir ces bands qui jouaient, on a commencé notre propre scène. Pis c’est ça. C’était souvent de la musique originale. On créait notre propre show, on louait des salles, on apportait tout notre gear et on mettait notre show. C’était tout en anglais à ce temps-là itou. Ce n’est pas avant vraiment récemment que j’ai commencé à écrire de la musique en français ou à travailler avec des artistes francophones.
M : Oh wow, alors c’était vraiment dans les dernières quelques années que tu t’es dit que t’allais te lancer dans la musique francophone ? En plus de gérer ta business, Acadian Embassy ?
T : Well, certainement. Ça tout commencé avec le nom – Acadian Embassy existe depuis, je crois, 2010, d’une façon ou d’une autre. Pis c’était vraiment nommé après le logis qu’on restait dedans, moi pis mon meilleur ami, qui vient d’Eel Brook, Josh Pothier. On a vraiment commencé Acadian Embassy comme une façon de documenter tout ce qu’allait se passer dans le logis. Nous autres, on a une tradition de donner des nicknames à des places que nos amis restaient. Par exemple, un de nos amis restait dans une place qu’on a nommé Dirt Mansion. So, avec cette tradition-là entre amis, quand on a commencé à louer une grosse maison icette, on l’a donné le nom Acadian Embassy.
Nous autres, on était souvent partout dans le pays avec d’autres groupes parce qu’on jouait dans une band qui s’appelait Sleepless Nights pis on était trois Acadiens, pis fallait souvent dire au monde c’était quoi des Acadiens. Pis cette discussion était importante pour nous parce qu’on se sentait toujours Acadiens dans nos voyages, mais on n’avait pas nécessairement la façon de l’exprimer pis on ne voyait pas encore notre façon de l’exprimer. So, on a essentiellement commencé ça. Le nom a venu en premier, mais c’est devenu un peu d’un experiment de se demander, qu’est-ce que ça veut dire être Acadien ? Et what about si qu’on est des Acadiens, mais on chante de la musique en anglais ? Alors, il y avait un aspect philosophique sur Acadian Embassy qu’on a rentré dedans un peu, peut-être pas visible sur la surface, mais certainement en développant tout ça.
Et là, on a juste commencé à faire du weird stuff, comme Josh jouait dans une band instrumentale, pas de paroles du tout, et ils ont lancé un album tout par rapport à la Déportation des Acadiens, qui s’appelle The Great Upheaval. So, nous, on arrivaient sur scène avec des idées de même et on se demande : OK, comment est-ce que ça, ça fit dans la culture acadienne, si qu’une band avec pas de paroles du tout rentre sur la scène pis ils parlent de l’histoire des Acadiens pis tous les titres sont quand même en anglais… so, on explorait des idées comme ça, mais quelque part dans moi, je savais à un moment ou un autre qu’il allait falloir vraiment faire quelque chose en français.
Une grosse partie de cela itou, c’était la confiance de vouloir et parler la langue pis c’était certainement un peu à cause de la musique, mais plutôt à cause de mon travail personnel, à travailler dans les communications, que j’ai pu développer ma confiance. Je dirais que, quand on a commencé Acadian Embassy, je n’étais pas super confiant à parler en français. Parler à ma mère, ma mémère, pas de problème. Mais parler à d’autre monde ? Absolument pas. J’ai été un peu tiré à l’océan avec un contrat au travail, pis de là, j’ai commencé à parler le français de plus en plus. C’est rendu au point qu’avec la musique, je suis plus à l’aise à vouloir parler du français. J’ai essayé de ditcher un peu le complexe que je parlais un peu mal le français. Je crois que j’ai pris plus d’une attitude punk à propos de tout ça. Si t’aime pas ça, too bad.
So, de là, c’était vraiment juste commencer à créer de la musique en français. J’ai un groupe anglophone itou qui s’appelle Quiet Parade, pis on a été demandé à faire une tune française pour un projet de le FéCANE qui s’appelle Régénération Musicale. C’était un projet de prendre des vieilles chansons acadiennes et les moderniser un peu. So, nous autres, on a fait un cover de Partons la mer est belle, mais on a juste utilisé les paroles. On a créé toute de la nouvelle musique, so, ça, c’était vraiment le fun pour moi.
Pis là, on était comme : on a réussi à faire cela, alors on a pris quatre tunes d’un album qu’on avait sorti en 2015 pis j’ai traduit ces tunes. On les a lancé avec Quiet Parade dans un EP en français. So, c’était comme des petites étapes qui avançaient et finalement, j’ai décidé que je voulais écrire des chansons en français. La band anglophone n’était pas le meilleur véhicule de faire ça avec, so, j’ai commencé à écrire des chansons pour Sluice et on s’est rendu jusqu’à icette ! Notre deuxième album est prêt à sortir pis c’est pas mal exciting, je crois !
M : C’est vraiment exciting ! Y’a plein de musique que vous avez créé que je ne savais pas que ça existait. Un album instrumental sur la Déportation, c’est vraiment unique et cool ! Les étapes prises pour vous rendre où vous êtes maintenant sont vraiment intéressantes !
T : Ouais, merci ! Je trouve que c’est difficile à expliquer tout ça brièvement parce qu’il y a aussi un côté personnel là-dedans. Moi, j’ai dû me développer comme personne pour vouloir même faire tout ça parce que je dis tout le temps : si tu m’auras eu connu quand j’avais 16 ans, tu n’auras jamais cru que j’aurais été le gars avec le drapeau acadien en train de jouer dans la seul band de Par-en-bas qu’a performé à Havre au tchai à Pubnico. C’était pas moi, so, j’avais besoin de me trouver dans ce sens-là et tout ce growth-là est arrivé en même temps que je créais cette musique. Je crois que la musique, c’était le catalyste pour que je puisse me trouver dans tout ça. Pis le journey continue à chaque jour ; j’apprends des nouvelles choses tout le temps et je les applique au business.
M : Ouais, pis, je crois que les gens peuvent s’attacher à ce que tu fais, à ce que tu crées. Ils se voient dans votre art ! Des histoires comme tu n’avais peut-être pas encore la confiance à même parler en français, mais que tu pousses les frontières et tu te trouves en même temps. Avais-tu une idée que ces expériences personnelles allaient être importantes aussi pour votre audience et votre communauté ?
T : Well, peut-être pas au niveau qu’on est rendu maintenant, mais c’est un but avec Sluice de mettre Par-en-Bas sur la map. Si tu parles de la philosophie de Acadian Embassy ou de Sluice, nous autres, on est des ambassadeurs de la région de Par-en-Bas, pis on est super fiers de ça. La représentation est importante ; si tu ne te vois pas, peut-être tu ne sais pas que t’es capable de le faire. Nous autres, on n’avait pas vraiment des role models acadiens de par chez-nous, autre que pour Eric Surette, je dirais. Wendel et Philip itou, on les voyait aussi, mais, pour des enfants de 16 ans, on respectait leur musique, mais ce n’était pas notre musique. On n’avait pas des rock bands acadiens pour se dire, hey, peut-être que, nous autres, on pourrait faire ça. J’aime l’idée que nous autres, on montre que c’est possible.
Quand j’ai créé le premier album, j’avais vraiment, dans ma tête, qu’est-ce que moi j’aurai aimé comme musique quand j’avais 16 ? J’ai vraiment penché la musique sur ça. La façon de parler, les régions locales, les sujets communautaires, c’est vraiment tout créé avec ces choses en tête. Je fais aussi des ateliers avec des jeunes de par chez-nous et j’ai l’opportunité de leur dire que je comprends. Je comprends leurs inquiétudes et je suis icette pour te dire que ça n’a pas besoin d’être comme ça, pis c’est awesome de venir et de rester par icette.
M : Pis t’as eu du succès avec ton message. J’ai fait quelques entrevues avec des artistes de par chez-vous et t’as été mentionné comme source d’inspiration et de mentor très cool à travailler avec, alors c’est très positif ! Tu devrais en être fier ! Non seulement que t’es artiste, mais t’es vraiment ambassadeur !
T : Merci ! J’aime l’idée de la représentation. Quand je joue de la musique, parfois, je porte un patch sur ma strap de guitare qui dit Par-en-Bas et notre vidéo qu’on vient juste de finir pour notre nouveau single était au Tusket Frenchy’s. Y’a plusieurs manières d’embarquer tout ça dans la façon qu’on nous présente, avec les paroles, visuellement et plus.
Et avec notre nouvel album en plus, c’est basé sur l’histoire de Par-en-Bas ! C’était le but du projet, vraiment. Le premier album, c’était comme mon histoire, mes souvenirs de la région et de grandir là-bas. Le prochain, c’était plus : quelles sont les histoires qu’on ne connaît pas ? On connaît tous l’histoire des Acadiens assez brièvement, mais je crois qu’il y existait d’autres histoires que j’aurais voulu savoir quand j’étais jeune, qui renforce l’idée que cette place, c’est amazing. L’histoire de la place historique où tu restes est incroyable ! Je voulais vraiment suivre la piste de fierté de la région et de conter les histoires de notre chez-nous. Donnons les gens un peu de perspective sur la région pour dire : oui, on existe, y’a du monde qu’existe ici depuis les 1600. Y’a du monde dans la région de Pubnico qui n’avons jamais été déporté. Pis, peut-être si qu’on saurait tout ça, surtout avec le Congrès mondial qui s’en vient, qu’il y a des moyens d’utiliser la musique, de mobiliser du monde, ils vont savoir : cette place ici est actually vraiment cool et vraiment spéciale.
ENCADRÉ : Merci Trevor de Sluice d’avoir pris le temps de discuter avec Le Courrier ! Visitez le site Web de Sluice ici : https://acadianembassy.bandcamp.com/
Légende de mots acadien :
pis – et
ouais – oui
rinque – seulement
juste – seulement
icette – ici
itou – aussi
nonantes – quatre-vingt-dix
logis – maison