
Délice ou Détritus
Si tu m’avais dit trois ans passés qu’un jour j’aurais envie de brailler à cause que j’avais brûlé la moitié d’une livre de beurre, je te dirais, « Es-tu fou? Va su Poutch! »
Si tu m’avais dit trois ans passés qu’un jour j’aurais envie de brailler à cause que j’avais brûlé la moitié d’une livre de beurre, je te dirais, « Es-tu fou? Va su Poutch! »
Pour moi, le plaisir des repas de fêtes n’est pas en le dégustant, mais en le préparant. Le temps qui passe pendant que la tarte finit de brunir au four, les conversations de famille qui répètent les mêmes anecdotes depuis des générations. Les anecdotes, les plats, les repas se trouvent remplacés, transformés, et transplantés d’une génération à l’autre.
C’est un samedi matin au marché des fermiers et au bout d’une des tables, se trouve des boîtes remplies de pommes, rougeâtres, mouchetées et tachetées, leurs couleurs passent du jaune à l’orange, des traces de verdure stries leur peau. C’est le temps des pommes en Nouvelle-Écosse.
La langue humaine est un muscle dans notre bouche, mais elle est aussi un instrument de dépistage. Mange ceci, et non cela. Cette chose-là est sucré, amer, ou salé. La langue est également un outil pour transmettre l’information, disséminer nos lexiques, nos vocabulaires. Nos parlers acadiens, dans toute leur diversité, racontent non seulement qui on est, mais ce qu’on valorise. Par exemple, on embarque au lieu de monter dans nos voitures, verbe qui insinue nos vies nautiques, maritimes. En tant qu‘acadiens, on se présente lorsqu’on s’ouvre la bouche.
Pendant très longtemps chez les acadiens, il y avait une tradition qui se dévoilait tous les automnes. C’était une coutume logique, respectueuse, et qui parlait du caractère acadien sans chuchoter un mot.