Elle est originaire de Wedgeport, où elle habite avec son chum et son chien.
Alicia a obtenu son bac en arts et éducation à l’Université Sainte-Anne (USA) et elle détient également une maîtrise en éducation française de l’USA.
Elle a travaillé pendant environ cinq ans en tant qu’enseignante au primaire à l’école de Belleville, principalement avec les maternelles, mais elle a fait aussi du remplacement dans les écoles de la région avec différents niveaux.
Ensuite, elle est partie à Calgary, où elle travaillait dans une bijouterie qui faisait des bagues sur mesure. « Je manquais ma famille, et mon village et tout ça, alors je suis revenue en Nouvelle-Écosse. »
À son retour, elle a fait d’autres emplois comme vendre des voitures et travailler dans un magasin à détail avant d’entendre parler du poste d’agente. « Dans tous mes postes, j’ai appris à travailler avec différentes personnes et j’ai rencontré plein de monde, raconte-t-elle. Je pense que ça m’a aidé à être plus confortable à parler aux gens. »
Son emploi en tant qu’agente
C’est par bouche-à-oreille que Alicia Surette a entendu parler du poste d’agent à Par-en-Bas. Elle trouvait que la description du poste correspondait bien à ce qu’elle cherchait à faire. « Les enseignants de l’école m’ont dit que c’était de planifier des activités et faire des choses amusantes avec les jeunes et j’ai pensé, ça sonne comme quelque chose de le fun que j’aimerais faire ! »
« J’aime qu’on est toujours en train de faire quelque chose de différent, dit-elle. Parfois on a des réunions, mais c’est pas tous les jours qu’on est assis à un bureau. On planifie des choses. On interagit avec différentes personnes. On est parfois à l’école, parfois on est hors de l’école. C’est jamais plate. Y’a une grande variété de choses qu’on fait dans ce poste. »
Alicia s’occupe aussi d’encadrer les élèves des conseils étudiants junior et sénior de son école. « L’année dernière, c’était la première fois que je gérais un conseil étudiant », mentionne-t-elle.
Elle a beaucoup appris depuis. Elle a fait son chemin et travaillé avec les élèves pour que cela devienne quelque chose d’amusant. « J’ai hâte à l’année qui s’en vient parce que j’ai un beau groupe d’élèves qui sont vraiment excité et intéressé à faire et planifier des activités ! »
Alicia Surette, son copain et leur chien.
Activité coup de cœur
« Cette année, avec les élèves séniors (10e à la 12e année), on a planifié une nuit blanche, raconte Alicia Surette. Ils venaient à l’école de 7 heures le soir à 7 heures le matin. Personne est permis de dormir, alors on avait des activités de planifiées comme du laser tag, Dodge ball, glow in the dark soccer. »
« On a fait des différentes courses, ajoute-t-elle. C’était un grand succès. Les élèves ont beaucoup aimé ça ! Pour les surveillants, on s’est rendu compte aussi que la majorité des élèves n’étaient pas sur leur téléphone cellulaire et ça, c’était une grande réussite pour nous. »
Voyage EF voyages culturels
Un autre projet sur lequel Alicia Surette a travaillé depuis qu’elle est en poste est un voyage avec EF voyages culturels. « Le voyage était organisé par moi et quelques enseignants, explique-t-elle. C’est un peu une tradition à ÉSPB, les voyages avec EF tours, souvent en Europe. »
« Lorsque j’étais élève en 12e année à ÉSPB, j’ai été sur le voyage de l’année et ils ont commencé à le faire même avant que j’étais là ! C’est toujours ouvert aux 11e et 12e, mais d’habitude, la majorité sont des 12e », raconte Alicia.
« Les élèves paient leur propre voyage, mais nous avons fait un prélèvement de fonds et les élèves ont vendu des billets sur un panier avec des dons des parents, dit-elle. Nous avons voyagé à Venise, Florence et Rome ! J’ai préféré Florence, mais le Colisée de Rome était incroyable et Pompéi et Venise étaient super intéressants ! »
« Ce n’était certainement pas un voyage pour relaxer, avoue l’agente, puisqu’on est toujours en train de voir quelque chose de nouveau et on marche beaucoup, mais c’est la meilleure façon de voir beaucoup et apprendre beaucoup à propos de l’histoire et la culture ! »
Passe-temps personnels
Alicia Surette aime beaucoup le jardinage et le VTT. « Presque chaque fin de semaine, moi et mon chum, on part quelque part pour s’amuser avec ça. »
Trevor Boudreau, ministres des Affaires L’nu
Farida Agogno – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl
En 2020, le gouvernement fédéral a annoncé que le 30 septembre deviendra un jour férié. Un an plus tard, la Nouvelle-Écosse a emboîté le pas.
À cette date, où on commémore également la Journée du chandail orange, les bureaux gouvernementaux ainsi que les écoles publiques et centres de garde d’enfants sont fermés. Seules les entreprises ont le choix d’ouvrir ou de fermer.
Pour la Nouvelle-Écosse, la tragique histoire des pensionnats et ses séquelles ne doit pas tomber dans l’oubli. Ce jour a pour objectif de reconnaître le passé, rendre hommage aux survivants inuits, métis et autochtones ainsi que sensibiliser et ouvrir les discussions vers le processus de réconciliation.
« Nous encourageons les Néo-Écossais à trouver un moyen significatif pour réfléchir à l’importance de cette journée. Par exemple, ils peuvent participer aux événements au sein des communautés, ou engager des conversations avec les survivants des pensionnats et familles », affirme Trevor Boudreau, ministre des Affaires L’nu.
« Ce 30 septembre, des événements auront lieu dans les communautés à travers le territoire, et moi, je participerai à l’un de ces événements dans ma communauté locale », dit-il.
Selon M. Boudreau, la province prend des initiatives « remarquables » afin de ne pas oublier ce chapitre de l’histoire. Dans un premier temps, elle a promulgué en 2022 une loi reconnaissant le Mi’Kmaq comme première langue sur le territoire. Le 1er octobre est désormais la journée de cet acte, qui vise à assurer la préservation de cette langue. À travers la Loi sur la langue mi’kmaq, la province compte protéger, préserver et promouvoir l’identité culturelle des Mi’kmaq.
Chaque enfant compte – Journée de la vérité et de la réconciliation ou Journée du T-shirt orange.
Dans un deuxième temps, la province se focalise sur l’éducation sur les traités, une initiative créée grâce à la collaboration avec les Mi’Kmaq. C’est une occasion pour la population d’en apprendre davantage sur les Mi’kmaq. L’initiative est intégrée au programme d’études dans les écoles publiques.
L’éducation sur les traités est délivrée par les locuteurs mi’kmaq à travers des ateliers et des présentations. Cette initiative est une manière de sensibilisation, de compréhension et d’apprentissage disponible pour toute la population.
M. Boudreau ajoute que son gouvernement a annoncé l’année passée son engagement envers les communautés autochtones d’informer sur la mise en œuvre du Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe.
D’après le rapport de l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilité (OCFJR), les femmes et les filles autochtones sont surreprésentées parmi les victimes de féminicide. Elles constituent un taux de 36 %, alors qu’elles représentent 5 % de la population canadienne.
Le ministre rappelle aussi que cet été, la province était l’hôte des Jeux autochtones de l’Amérique du Nord (JAAN) de 2023. Cet événement culturel et sportif a réuni plus de 5 000 athlètes provenant de plus de 500 communautés de Premières Nations. La province a travaillé en étroite collaboration pour assurer le succès de ces jeux.
Selon M. Boudreau, la province a fait beaucoup de progrès ces dernières années, mais il pense que la réconciliation est un chemin qui prendra du temps. « Nous savons qu’il reste beaucoup à faire. Donc, j’espère que la collaboration entre le gouvernement, les autochtones et le fédéral se poursuit. »
Le Laboratoire Cavendish était le nom donné au Département de physique de l’Université Cambridge, qu’a fréquenté William Lusk Webster et de nombreux scientifiques célèbres.
Ce récit est divisé en deux parties. En voici la première.
Né à Shediac, près de Moncton, d’une famille aisée, William Lusk Webster n’a jamais – jusqu’à sa mort – voulu parler ouvertement de son rôle dans l’effort scientifique sans précédent qui a mené à l’arme nucléaire. Peut-être était-il perturbé par l’aboutissement du projet Manhattan. Peut-être souhaitait-il que sa participation demeure la plus discrète possible, préférant une vie loin des projecteurs.
Ce que l’on sait de son histoire provient de nombreuses lettres, de comptes rendus dans quelques livres et documents sur l’aventure nucléaire et aussi d’«enquêtes» effectuées à son propos.
Voyons cela de plus près.
John Edward Belliveau, originaire de Moncton, était journaliste pour le Toronto Star au Québec. On se souviendra de lui notamment pour avoir écrit une série d’articles et un livre sur la célèbre «affaire Coffin».
À l’été 1979, ce journaliste publie dans le magazine Atlantic Advocate un récit en deux parties sur la vie de William Lusk Webster : «Atomic Superspy» (Le super espion atomique). Bon, le titre en beurrait un peu épais.
Au cours des années 1970 et après, l’historien acadien Régis Brun s’intéresse lui aussi à la vie de William L. Webster. Il rassemble dans un document une quantité impressionnante de lettres et autres références sur ce personnage.
Dans ces papiers se trouve aussi l’ébauche d’une biographie sur Webster qui n’a jamais été publiée. Les informations présentées dans ce récit proviennent en bonne partie des recherches menées par Régis Brun, dont plusieurs sont inédites.
Voici donc l’étonnante histoire de William Lusk Webster.
Un doctorat à l’Université de Cambridge ne suffira pas pour William L. Webster. Il fréquentera ensuite la London School of Economics de 1935 à 1938.
Un étudiant brillant
Son père était John Clarence Webster, un anglophone originaire de la petite ville acadienne de Shediac, près de Moncton, au Nouveau-Brunswick. Sa mère, Alice Lusk, était américaine et issue d’une famille fortunée de New York.
M. Clarence Webster était médecin gynécologue et auteur de manuels de médecine. À l’époque, la famille Webster vivait à Chicago, mais passait presque tous les étés à Shediac, où William vient au monde en 1903. En 1919, la famille déménage pour de bon à Shediac.
William a donc grandi à Chicago jusqu’à ce qu’il entreprenne des études supérieures au Victoria College de l’Université de Toronto, puis au prestigieux Trinity College de l’Université de Cambridge, en Angleterre. C’est à Cambridge qu’il obtient un doctorat en physique en 1926, à l’âge d’à peine 23 ans.
C’est aussi à Cambridge qu’il côtoiera des scientifiques de grand renom, qui joueront un rôle dans les recherches qui mèneront à la fabrication de la bombe atomique et avec qui Webster travaillera.
Parmi ces scientifiques, il y a Ernest Rutherford, directeur du «Laboratoire Cavendish», nom donné au Département de physique de l’Université de Cambridge. Rutherford, lauréat d’un prix Nobel, est considéré comme le «père de la physique nucléaire». Sous sa direction, une équipe du laboratoire réussira une fission artificielle de l’atome, ce qui est au cœur de l’élaboration de la bombe atomique.
John Cockcroft est l’un des membres de l’équipe ayant réussi la première fission. Brillant physicien britannique lui aussi, il recevra un jour à son tour un prix Nobel. Webster s’associera de près avec lui, comme nous le verrons.
Mentionnons enfin James Chadwick, autre prix Nobel, qui a découvert le neutron, ce qui a mené à la fission nucléaire.
C’est dans un tel environnement scientifique fébrile qu’évolue William L. Webster, quoiqu’il ne soit pas directement engagé dans la recherche nucléaire à cette époque. En fait, au fil des ans, il déchante de plus en plus par rapport à la «science pure» et cherche d’autres voies professionnelles.
William Lusk Webster, à environ 20 ans, finissant du College Victoria de l’Université de Toronto, 1923.
Problèmes psychologiques
À vrai dire, Webster est un être perturbé. Il se confie parfois dans des lettres à des collègues ou connaissances, admettant que les «troubles» qui le tenaillent sont de nature psychologique. Il est irritable, nerveux, ce qui nuit à son travail. Il hésite, doute de plusieurs choses, change souvent d’idée sur sa carrière.
En 1933, il décide qu’il a besoin d’une pause. Il se rend en Afrique du Sud et, au cours des mois qui suivent, il parcourt en voiture le continent africain du sud au nord, traversant le désert du Sahara jusqu’à Alger. De là, il se rend en France, où vit sa sœur Janet.
De retour en Grande-Bretagne à la fin de l’hiver 1934, Webster réoriente du tout au tout sa carrière et s’inscrit à la réputée London School of Economics, où il étudiera jusqu’en 1938.
Petite anecdote, il y a presque côtoyé un jeune John F. Kennedy. Celui-ci s’était inscrit à cette école en 1935 et s’était rendu à Londres, mais il a dû retourner aux États-Unis avant le début des cours en raison de maladie. Il n’y retournera pas.
Pendant ses études, Webster tergiverse toujours sur son avenir. Il songe à revenir au Canada et même à se présenter comme député fédéral de Westmorland, la circonscription comprenant la ville de Shediac. Il envisage aussi de devenir professeur d’économie à l’Université de Toronto. Il finira par renoncer à ces deux projets.
Sa mère s’exaspère de l’état de son fils. Après avoir visité sa fille Janet en France puis William à Londres, en mars 1938, elle confie à une amie dans une lettre être déçue que son fils ait renoncé à revenir au Canada :
«Je comprends qu’il veuille résoudre ses ennuis personnels à sa façon, mais il a maintenant 35 ans et je pense qu’il est temps d’abandonner les théories abstraites au profit d’une expérience pratique des besoins humains. [trad.]»
L’entrée en guerre de la Grande-Bretagne, en septembre 1939, marquera un tournant dans la carrière de William Lusk Webster. Ses nouvelles fonctions, plus secrètes, l’amèneront aux États-Unis et le plongeront dans l’orbite du projet de la bombe atomique.
Suite la semaine prochaine…
Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Résidente de Grafton, dans la région de la Vallée, la docteure en lettres a écrit près de 40 livres, dont Déferlement sur le siècle nouveau et Les enjoliveurs du temps.
Pour souligner sa nomination, Le Courrier s’est entretenu avec Mme Jacquot avant la cérémonie de remise des prix, qui aura lieu le samedi 21 octobre lors du Salon du livre de Dieppe.
JP : Comment as-tu réagi lorsque tu as su que tu es finaliste pour le Prix Quinquennal ?
MLJ : Ça fait toujours plaisir de voir qu’il y a du monde qui apprécie ce qu’on fait. Je crois que, peu importe le domaine, ça fait toujours du bien. Pour moi, ça va rien changer, que je gagne ou non, dans le sens que je vais continuer à écrire à 100 milles à l’heure.
Mais, ce que je me dis, c’est que c’est une façon de faire connaitre ce que je fais au monde parce que la plupart des gens ici ne savent pas ce que je fais, et il y a plus de monde loin d’ici qui me lit ou qui m’étudie qu’en Nouvelle-Écosse ou même en Acadie. Donc, j’espère rejoindre du monde de cette façon-là.
JP : Qu’est-ce que ce prix-là représente pour toi en tant qu’auteure qui œuvre en Acadie ?
MLJ : C’est une reconnaissance de notre communauté. C’est toujours agréable de voir que les gens apprécient ce qu’on fait. Mais, comme j’ai dit tout à l’heure, bien souvent, ce sont les écoles anglophones qui m’invitent. La plupart du temps, les écoles francophones ne savent pas ce que je fais et puis la communauté francophone de la Nouvelle-Écosse… Je pense qu’ils connaissent même pas mon nom, pour la plupart, alors que mes livres sont lus de Moscou à Lima, au Mexique, etc.
Donc, si je pouvais les rejoindre puis leur dire qu’il y a quelque chose-là qui peut les intéresser, j’aurais atteint un but.
JP : Pourquoi penses-tu qu’il y a plus de gens qui te lisent dans d’autres pays qu’en Nouvelle-Écosse ?
MLJ : Il y a des programmes. Par exemple, je participe aux Rendez-vous littéraires organisés par le Centre de la francophonie des Amériques et, grâce à ce programme-là, j’ai été invité à lire à Lima, Mexico, en Ontario […] j’ai été invité dans différents pays par d’autres programmes, mais ici, il n’y a pas vraiment… J’ai remarqué que, la plupart du temps, lorsqu’on veut un auteur ici, les gens n’hésitent pas à payer très cher pour un auteur qui vient de loin parce qu’on dit : oh, Montréal ! Oh, Paris ! Donc, ça semble sérieux et ils se rendent pas compte qu’ils ont sous la main quelqu’un qui a peut-être même plus à leur offrir.
JP : Au cours des cinq dernières années, quels ont été tes projets littéraires préférés que tu as réalisés et dont tu es le plus fier ?
MLJ : Depuis le début de la pandémie, j’ai publié une trilogie romanesque en Afrique. J’ai un autre livre en Afrique qui est allé en réimpression récemment. J’ai deux livres de poésie qui sont sortis aux États-Unis, à Washington.
J’ai un livre de nouvelles qui est sorti au Nouveau-Brunswick à l’automne passé et là, j’ai un roman qui sort dans [une] semaine au Nouveau-Brunswick également […] puis je suis devenu membre du Parlement des écrivaines Francophones. Ça, c’est important pour moi parce que c’est international. Le but [de l’initiative], c’est de [se battre] pour le droit des femmes et les droits humains. Ça m’ouvre des portes à beaucoup de choses.
JP : Comment fais-tu pour trouver la motivation pour écrire autant de livres et vivre de ton art ?
MLJ : Je pense que ç’a besoin de sortir. Mes idées sont dans ma tête. Il faut vraiment que ça sorte. Ça bourdonne, ça se met en place et puis c’est plus fort que moi. Même si je sais que j’aurai pas de lecteurs ici, je me dis : c’est pas si grave.
C’est un bel endroit pour écrire, la nature est magnifique. La nature m’inspire et je me dis que, même s’il n’y a pas d’éditeurs francophones ou de librairies francophones en Nouvelle-Écosse et peu de chance, peu d’espoir d’être invité à des événements en Nouvelle-Écosse, le monde est grand. Moi, j’écris pour le monde.
JP : Tu as eu la chance par exemple d’aller visiter des jeunes à Sydney en novembre dernier lors d’un rendez-vous littéraire. On parle souvent de la relève dans plusieurs domaines. Est-ce que tu remarques un intérêt chez certains jeunes en Nouvelle-Écosse pour écrire et prendre la relève ?
MLJ : J’étais tellement contente de rencontrer ces jeunes au Cap-Breton parce que je les avais trouvé vraiment intéressés et intéressants. C’est donnant-donnant. Moi, je suis repartie avec les batteries rechargées parce que ces jeunes-là ont une belle énergie. J’ai trouvé que, oui, ils avaient des bonnes questions.
Je me dis toujours que quand je quitte une école, s’il y a au moins un des jeunes qui a trouvé sa motivation, je fais mon travail parce que j’aurais aimé quand j’étais jeune entendre quelqu’un me parler de sa passion pour l’écriture. Alors, je me dis que si je peux le faire, eh bien, tant mieux.
JP : Est-ce que tu aurais des conseils à donner à des jeunes ou de nouveaux auteurs qui hésitent à écrire des romans en français ?
MLJ : Les gens, des fois, ils ont peur parce qu’ils disent : je fais des fautes, etc. C’est pas grave. Si tu as des idées, prends des notes. Surtout, ne jette jamais tes notes. Garde tout parce que si on ne prend pas de notes tout de suite, on oublie […] et puis, bien, travaille ton français parce que notre outil, c’est le français. Donc, faut pas hésiter à consulter des dictionnaires et des outils pour corriger.
Et puis c’est vraiment la pratique. C’est comme le sport : plus tu en fais, mieux tu vas faire.
Belinda kakiyosēw Daniels fait de la recherche en lien avec les langues autochtones.
En 2010, un rapport de l’UNESCO identifiait 86 langues autochtones au Canada, selon les données du recensement de 2001. Ces langues se trouvaient soit en situation «vulnérable», «en danger certain», «sérieusement en danger» ou en «situation critique».
À l’époque, les langues en danger n’étaient parlées que par 10 % des locuteurs, l’autre 90 % ayant comme première langue parlée une langue autochtone viable.
Aujourd’hui, le Canada enregistre un déclin continu du nombre de locuteurs.
Selon le recensement de 2021, environ 237 420 Autochtones déclaraient «pouvoir parler une langue autochtone assez bien pour pouvoir tenir une conversation». Une baisse de 4,3 % comparativement à 2016.
Le nombre d’Autochtones ayant déclaré une langue autochtone comme la première langue apprise à la maison durant l’enfance a baissé de 7,1 % par rapport à 2016, et une hausse de 6,7 % a été enregistrée pour les langues autochtones comme langue seconde.
Une réappropriation des langues autochtones
Selon Belinda kakiyosēw Daniels, professeure nēhiyaw en éducation autochtone à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, cette augmentation vient de locuteurs et d’apprenants qui se réapproprient la langue et qui la rapportent à la maison.
Elle constate un développement lent, mais certain, de programmes de langue seconde, d’immersion et de cours de langues autochtones : «Il y a un intérêt grandissant.»
«Il y a aussi la récente Loi sur les langues autochtones, ça va aider, assure-t-elle. On a aussi un commissaire aux langues autochtones et trois directeurs. Toutefois, on a besoin de politiques à travers le pays ou par province.»
Elle rappelle qu’en 2022, le mi’kmaw est officiellement devenu langue d’origine en Nouvelle-Écosse. Selon la professeure, il faut «plus d’occasions et d’expériences de ce genre dans chaque province».
«Je ne sais pas pourquoi le gouvernement canadien pense que c’est si compliqué. Si tu vas en Europe, c’est très multilingue. Le Canada peut être de cette façon aussi.»
La Loi sur les langues autochtones a reçu la sanction royale en juin 2019 et découle d’appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.
Maintenant, «il faut de nouvelles politiques, des provinces, des conseils scolaires, des lois sur l’éducation qui aident à implanter la Loi sur les langues autochtones», détaille Belinda kakiyosēw Daniels.
La professeure indique également un besoin d’occasions et d’incitations liées à l’emploi où ces langues peuvent être employées.
Michèle Audette a prêté serment lors de sa nomination au Sénat en français et en innu-aimun.
Manque de formateurs
Aujourd’hui candidat aux élections provinciales manitobaines, Robert-Falcon Ouellette est professeur agrégé en éducation autochtone à l’Université d’Ottawa et membre de la nation crie Red Pheasant en Saskatchewan. Il explique que la perte d’une langue engendre une perte de fierté.
«Le monde se questionne s’ils sont de vrais autochtones : “Ça fait trois générations, nous ne vivons plus sur des réserves, je suis autochtone mais je ne participe pas, je ne suis pas pratiquant dans les cérémonies traditionnelles” […] Ils ont le sentiment de ne pas être de vrais participants dans leur propre culture.»
L’ancien député fédéral libéral est heureux de constater une initiative de conseils scolaires qui invitent des Ainés autochtones et des conseillers pédagogiques spécialisés sur les questions autochtones dans les écoles.
«[Les Ainés] vont dans des classes d’école et font des présentations, parlent avec les jeunes, organisent des activités, parfois enseignent la langue, l’histoire, les enseignements traditionnels autochtones, la connaissance traditionnelle.»
Mais il s’interroge : qui forme ces intervenants?
«Il n’y a pas d’université ou de collège qui octroie un diplôme à un Ainé pour dire qu’il est qualifié et qu’il sait de quoi il parle, rappelle le professeur. C’est la même chose avec les conseillers pédagogiques. Ils ont peut-être beaucoup lu sur les Autochtones dans des cours universitaires, peut-être qu’ils ont suivi un microprogramme. […] Ils peuvent démontrer dans les livres ce que sont les Autochtones, mais est-ce qu’ils connaissent vraiment la vie ou les vraies traditions, les anciennes traditions des peuples autochtones?»
D’après lui, dans le cadre de la réconciliation, ça peut être très encourageant pour un jeune Autochtone de constater qu’un non-Autochtone a appris «au moins quelques mots».
«Ça devient un moment important pour le jeune de dire que sa langue est importante et que lui aussi devrait la connaitre.»
Mais la même question lui revient à l’esprit : qui sont les enseignants qualifiés?
Le pouvoir de la langue
«Si tout le monde parlait sa langue autochtone, nous aurions un sens d’identité et de connexion à la terre, et nous serions capables de nous exercer avec souveraineté», affirme Belinda kakiyosēw Daniels.
Selon elle, «ça ne serait pas l’intérêt de la Couronne britannique», qui a longtemps tenté d’assimiler les peuples autochtones.
«Il y a une raison pour laquelle nos langues ont été attaquées, pour laquelle nos enfants ont été pris, volés, kidnappés et trafiqués, explique-t-elle. Ça nous a pris un moment pour nous relever et nous réapproprier qui nous sommes, et la langue est la chose la plus importante pour la Nation.»
La chercheuse appelle le gouvernement fédéral, les provinces et les municipalités à davantage mettre en œuvre la Loi sur les langues autochtones afin de les revitaliser, mais doute du travail effectué actuellement.
«La question que je me pose, c’est qui s’en occupe? Qui fait le travail? Parce que de mon expérience et de ce que je vois, de l’endroit où je suis, c’est principalement les Premières Nations qui font le gros du travail quand il s’agit de revitaliser nos langues.»
Le statut des langues autochtones
Les débats entourant le projet de modernisation de la Loi sur les Langues officielles (LLO), adoptée en juin dernier, ont laissé place à une discussion sur la place des langues autochtones dans le préambule de cette loi.
La sénatrice innue-québécoise, Michèle Audette, a proposé des amendements de reconnaissance des langues autochtones dans la nouvelle Loi sur les langues officielles. Ses propositions d’amendements ont été rejetées, n’ouvrant pas la porte vers un statut plus officiel pour les langues autochtones.
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«La langue est ce qui nous donne notre identité, notre culture, notre relation à un territoire, nos responsabilités, une histoire, une vie contemporaine et nos aspirations pour demain», avait déclaré la sénatrice lors de la troisième lecture du projet de loi C-13 au Sénat, le 15 juin 2023.
«Je suis convaincue que dans 10 ans, les langues autochtones seront ajoutées comme langues officielles, avait-elle dit. Le fait qu’il y ait la Loi sur les langues autochtones est encourageant, cependant les droits et pouvoirs ne seront pas égaux à ceux que possèdent les langues officielles.»
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L’esprit de la langue
Pour Belinda kakiyosēw Daniels, la langue n’est pas juste un moyen de communiquer, mais aussi un moyen de comprendre le monde dont nous faisons partie.
Elle explique que plusieurs termes de langues cries font référence à des éléments de la nature, comme «miskîk» pour les yeux et kîsik pour le ciel.
La langue reflète alors le rapport à la nature : «Nous faisons partie de la nature. Les colons croient posséder la nature.»
«Apprends une langue autochtone et tu apprendras une autre vision du monde quand tu vois l’environnement. Tu comprendras que cet arbre, cette montagne, sont des esprits vivants, dit-elle. Apprendre une langue autochtone aide à découvrir cette manière de voir le monde, et d’être connecté à lui.»
* Les segments de ce texte produits avec l’assistance d’un robot conversationnel sont clairement identifiés.
Fonction d’autocorrection de notre téléphone cellulaire, application de traduction automatique d’un texte en ligne, assistant virtuel personnel comme Alexa prêt à nous faire jouer notre chanson préférée. Nous utilisons tous l’intelligence artificielle (IA) dans notre quotidien, parfois même sans le savoir.
L’IA est utile, elle améliore notre efficacité. Elle semble aussi nous rendre plus «intelligents» en nous permettant d’accéder à des connaissances et des méthodes de travail qui étaient réservées jusqu’alors à des experts. Il suffit d’une recherche rapide pour comprendre que le métier de journaliste est l’un des plus menacés par l’arrivée de l’IA, plus précisément, l’IA générative.
L’IA dite «traditionnelle» permet d’automatiser des tâches ou d’exécuter des opérations comme la traduction ou des calculs complexes. L’IA générative, comme son nom l’indique, génère des contenus à partir de gigantesques bases de données. Elle a la capacité de créer notamment de l’audio, des images, des vidéos et des textes de toutes sortes, dont des articles journalistiques. Ses capacités sont immenses.
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Distinguer le vrai du faux
Heureusement, les médias dignes de confiance sont plutôt prudents dans l’intégration de l’IA générative dans leur salle de rédaction.
À titre d’exemple, le Los Angeles Times utilise depuis quelques années le robot Quakebot pour rédiger des articles dans les minutes suivant un tremblement de terre. Le texte est ensuite soumis à un secrétaire de rédaction – en chair et en os –, qui jugera si l’article mérite d’être publié. Dans l’affirmative, par souci de transparence, le journal y ajoutera une mention précisant qu’il a été généré par une intelligence artificielle.
Malheureusement, de «prétendus médias» utilisent l’IA générative pour produire des articles d’apparence journalistique. Ces textes comportent une fausse signature et sont publiés sans vérification des faits.
Certains médias ont même l’audace de publier un «guide de déontologie» et une «politique d’information» sans déclarer qu’aucun être humain n’assure la validité des données derrière la machine. L’audience n’y voit que du feu.
Et pourquoi des médias agissent-ils ainsi? Simplement pour empocher des revenus publicitaires.
Ces producteurs malveillants de contenus réussissent à se faufiler dans les moteurs de recherche, sur les réseaux sociaux et participent activement à la mésinformation et à la désinformation.
En plus du contenu écrit, il ne faut pas oublier que des systèmes d’IA générative réussissent à produire de l’hypertrucage [deepfake], c’est-à-dire une création ou une altération numérique de contenu visuel, audio ou vidéo usurpant l’identité d’une personne.
En février dernier, le premier ministre du Canada a d’ailleurs fait l’objet d’un hypertrucage dans une fausse entrevue avec l’animateur américain Joe Rogan.
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Occasion à saisir avec prudence
L’intelligence artificielle offre une tonne d’outils qui facilitent la vie des journalistes. Que ce soit des outils de transcription d’entrevues, de traduction de documents, de compilation de statistiques et j’en passe. Somme toute, des outils qui permettent de gagner du temps et d’automatiser les tâches peu stimulantes.
Mais l’IA ne peut pas remplacer, du moins encore, la sensibilité du journaliste. Elle ne permet pas d’interpréter un silence dans une entrevue ou encore d’aller chercher l’émotion chez un interlocuteur. Elle ne parvient pas non plus à s’adapter à une audience cible et ne tient pas compte du contexte culturel comme le font nos journaux locaux par exemple.
Par curiosité, j’ai demandé au robot conversationnel Chat GPT (consultez la conversation complète) de déterminer les risques de l’utilisation de l’IA générative en journalisme. Il est arrivé à la liste suivante :
Une liste plutôt juste.
En fait, le robot conversationnel a repris essentiellement les mêmes points soulevés dans les divers documents publiés sur la question qui se trouvent assurément dans sa base de données.
Chat GPT y va aussi d’une sage mise en garde puisée dans ses multiples sources : «Il est important de noter que les risques associés à l’IA générative dépendent de la manière dont elle est utilisée et règlementée.» Entendons-nous que nous y avions pensé nous aussi.
Le temps est venu pour les médias de mettre la guerre des clics de côté et de travailler avec les élus et les citoyens pour baliser l’utilisation de l’IA en information. Une action qui s’inscrit dans la lutte à la désinformation, qui met à risque plus que jamais nos démocraties.
En aout dernier, des associations et des grands médias de partout dans le monde, ont signé une lettre ouverte réclamant une intervention des États afin de règlementer l’usage de l’IA. Même si les signataires se déclarent en faveur de l’utilisation de l’IA, ils réclament de «protéger le contenu qui alimente les applications d’IA et maintenir la confiance du public dans les médias qui promeuvent les faits et alimentent nos démocraties».
Se sensibiliser pour mieux s’informer
Que nous le voulions ou non, nous sommes tous ensemble dans cette aventure devant l’intelligence artificielle. D’une part, les gouvernements ont la responsabilité de légiférer, pour assurer une utilisation à bon escient de l’IA, notamment en information.
D’autre part, les médias professionnels, déjà confrontés à cette réalité, doivent s’imposer des balises d’utilisation des nouvelles technologies et mettre à jour leur politique d’information et leurs lignes directrices en matière de transparence, d’éthique et de déontologie pour maintenir le lien de confiance avec leur audience. Un média se doit d’être transparent dans tous les aspects de son travail.
En tant que consommateurs d’information, votre jugement importe.
Dans un monde où l’information nous parvient par algorithmes, par processus de référencement et par popularité de l’émetteur, vous êtes l’ultime rempart contre la désinformation.
Pour ce faire, il faut se sensibiliser au travail journalistique et il faut faire de la sensibilisation. Une bonne compréhension citoyenne du journalisme et des médias solidifiera nos démocraties.
Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
En collaboration avec Stéphanie Comeau, coordinatrice des communications du Conseil scolaire acadien provincial (CSAP), Danielle Root, qui travaille au sein du conseil scolaire à titre de coordinatrice des programmes et services mi’kmaw, a eu le goût de faire rayonner la langue.
L’initiative a fait du chemin depuis ses débuts en 2021, surtout dans les écoles. « Quand je vais dans les écoles, je vois que les gens les impriment pis les utilisent, raconte Mme Root. C’est une façon facile de valoriser la langue. »
Pour ce faire, elle trouve un mot qui a un lien avec ce qui se passe dans la vie quotidienne. Au moment de rédiger cet article, la dernière publication sur les réseaux sociaux présente le mot Wimumkewiku’s, soit « septembre » en Mi’kmaw.
La langue a connu une croissance depuis les deux dernières décennies, notamment grâce à la création de Mi’kmaw Kina’matnewey (MK), une autorité scolaire du Cap-Breton qui œuvre pour promouvoir l’épanouissement de la langue et de la culture.
Les données du dernier recensement démontrent que la connaissance du Mi’kmaw est en hausse de 5,9 % depuis 2016, avec 8 195 personnes dans les provinces atlantiques qui affirment pouvoir le parler. En Nouvelle-Écosse, on parle de 5 505 individus.
Le dernier « Mot Mi’kmaw de la semaine » du CSAP.
À l’échelle nationale, le portrait linguistique est un peu différent, avec une baisse de 4,3 % du nombre de locuteurs qui affirment pouvoir parler une langue autochtone.
On peut attribuer cette évolution en Nouvelle-Écosse à l’influence de diverses innovations, dont les applications mobiles comme L’nui’suti, conçu par MK, pour promouvoir l’apprentissage linguistique chez les allophones. Elle comprend l’orthographe et la prononciation des noms d’animaux, de couleurs, de vêtements, etc.
C’est justement l’un des outils à la disposition de la coordinatrice du CSAP. « À cause du mot mi’kmaw de la semaine, j’utilise plus les applis comme L’nui’suti, dit-elle, pis je demande beaucoup plus à des membres de la communauté [de m’aider]. »
Elle a l’appui du Dr Bernie Francis, le linguiste qui a cofondé le système d’orthographe Smith-Francis, qui est le plus largement reconnu par les Mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse.
Un apprentissage pour tous
Si ce projet aide les autres à cheminer, Danielle Root remarque qu’elle en tire profit également. « J’apprends plus la langue, à cause de ce mot mi’maw-là de la semaine, lance-t-elle. C’est plus que d’aller chercher sur L’nui’suti ou sur [Mi’kmaw Online]. C’est aussi de comprendre que ces mots-là sont plus que des mots. Des fois, c’est des phrases, des concepts. C’est difficile de traduire de cette langue-là au français pour lui donner justice. »
L’équipe de MK a développé d’autres applications ludiques et éducatives, qui soutiennent les jeunes apprenants ainsi que les parents et les enseignants des communautés.
L’épanouissement de l’école d’immersion de Eskasoni, qui est basée au Cap-Breton, a également eu une influence sur la revitalisation de la langue sur le territoire.
Mme Root mentionne qu’il n’y a pas beaucoup de ressources accessibles en français, car la plupart des Mi’kmaq ont été colonisés pour apprendre l’anglais. La grande majorité du contenu qu’elle produit doit être traduit.
Le 17 juillet 2022, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a proclamé une loi reconnaissant le Mi’kmaq comme première langue de la Nouvelle-Écosse. Elle est entrée en vigueur le 1er octobre. Selon Mme Root, cette loi donne aux Mi’kmaq une base sur laquelle s’appuyer pour poursuivre leurs efforts.
La coordinatrice des programmes et services mi’kmaw du CSAP, Danielle Root, lors de la cérémonie de la Journée de la Vérité et de la Réconciliation de 2022.
D’autres possibilités
Le CSAP offre le cours de sciences Netukulimk, nommé d’après un concept culturel qui explore le savoir-faire et la perspective mi’kmaw face à la protection et la gestion des ressources et de l’environnement. Il est enseigné par un professeur à l’École secondaire du Sommet en collaboration avec des ainés et des membres de la communauté mi’kmaw.
Danielle Root explique qu’il y aurait plusieurs défis à relever pour développer un cours sur la langue mi’kmaw, car bien qu’il y ait de multiples outils pour l’apprendre, ce sont surtout des personnes d’expression anglaise qui sont derrière la production du contenu.
La coordinatrice se demande qui pourrait venir enseigner le Mi’kmaw en français, lorsque les éducateurs parlent premièrement l’anglais. Or, elle est d’avis qu’il y a des moyens de commencer à petite échelle avec par exemple la création d’un lexique à partir des mots de la semaine.
Porter de l’orange
Cette année, le CSAP commémore pour la troisième fois la Journée nationale de la Vérité et de la Réconciliation et la Journée du chandail orange, le 30 septembre, avec la contribution des élèves ainsi qu’un membre de la communauté Unama’ki.
La cérémonie, qui aura lieu au Centre scolaire Étoile de l’Acadie à Sydney, sera d’une durée d’environ 20 minutes. Elle sera diffusée en direct dans les écoles du CSAP.
La Journée du chandail orange, qui a pour objectif de sensibiliser aux séquelles et à l’héritage des pensionnats, est l’initiative de Phyllis Webstad, une survivante du système des pensionnats autochtones et membre de la Première Nation de Stswecem’c Xgat’tem.
Farida Agogno – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse – Atl
Nova East Wind Inc est une coentreprise de DP Energy et SBM Offshore, une entreprise néerlandaise spécialisée dans la construction et le développement de grands fonds marins, présente sur le territoire depuis 1970.
DP Energy est une société irlandaise qui œuvre dans le domaine des énergies renouvelables et du développement durable.
Ce projet, annoncé le mois dernier, sera finalisé d’ici 2030. De 20 à 25 éoliennes flottantes seront implantées sur 150 kilomètres carrés à 25 km de Goldboro.
Avec une production de 300 à 40 mégawatts d’électricité, ce projet aidera la province à atteindre sa cible de 80 % de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030.
Ambroise Wattez, directeur du développement de projets chez SBM Offshore, se réjouit de l’annonce de ce projet. « On a une histoire sur ce territoire de la Nouvelle-Écosse depuis longtemps. On y a des équipes présentes depuis de nombreuses années, donc ça nous tient particulièrement à cœur de matérialiser la transition énergétique depuis le pétrole et le gaz vers les énergies renouvelables. C’est vraiment un projet qui est important pour nous. »
M. Wattez ajoute que la Nouvelle-Écosse possède un grand avantage pour la réalisation de ce parc éolien. « La ressource en vent au large [du territoire] est absolument phénoménale. On parle d’une des meilleures ressources en vent à l’échelle mondiale […] qui est couplée à un environnement qui n’est pas si difficile que ça. En termes de vague et de courant, ce qui en fait une zone particulièrement propice à l’éolien en mer et l’éolien flottant. C’est ce qui nous a amenés en Nouvelle-Écosse », affirme-t-il.
Ambroise Wattez, directeur de développement de projets chez SBM Offshore au lancement du projet, le 23 août, au Marriott Harbourfront, à Halifax.
En dehors de la particularité de la province, il confirme que le choix de Goldboro est le résultat d’une recherche de deux ans pour choisir une zone avec le minimum de contraintes sur les activités marines.
Même si la zone est définie, l’emplacement exact du projet n’est pas encore décidé. La province prévoit mettre en place son plan de réglementation d’ici 2025. Il espère donc que la construction démarrera aux alentours de 2027 avec la fabrication des structures éolienne, les supports et autres.
Du début jusqu’à la phase de construction des éoliennes, le projet a coûté 100 millions de dollars, précise M. Wattez. Et la construction du parc en elle-même va représenter entre 1 et 1,5 milliard de dollars. « Dans la majorité des cas, de tels projets proviennent de financement et d’investissement privé », dit-il.
Par ailleurs, il faudra de la main d’œuvre pour le réaliser. À cet égard, M. Wattez confirme que Nova East Wind est en discussion avec le gouvernement provincial et fédéral pour, d’une part, être informé sur la main-d’œuvre disponible et, d’autre part, contribuer au développement des formations nécessaires dans le but d’outiller la main-d’œuvre locale.
Sans donner une estimation sur le nombre d’emplois qu’un tel projet peut générer, il souligne que lui et son équipe sont confiants qu’il va créer «de nouveaux emplois» en Nouvelle-Écosse.
« Et c’est déjà le cas, précise-t-il, puisqu’on travaille aujourd’hui avec un certain nombre d’entreprises pour nous aider sur les premières analyses du début du développement de projet. On en a déjà employé un grand nombre. C’est déjà une réalité. Et pendant la phase de construction, ça sera significativement plus grand avec beaucoup plus de main-d’œuvre requise. »
Une autre question fondamentale pour la réalisation de ce projet est la négociation avec la population locale, les pêcheurs et les autochtones.
Pour ce faire, il affirme que les interactions avec les associations de pêcheurs ont déjà commencé. « J’ai été moi-même en Nouvelle-Écosse, à Goldboro, il y a quelques semaines. On a tenu une maison ouverte pour écouter les commentaires des gens. Les pêcheurs sont venus exprimer leurs opinions. Il y a bien sûr un grand nombre d’associations présentes sur le territoire. Donc, on a l’intention d’augmenter nos interactions » , raconte-t-il.
Le but de ces interactions est de savoir exactement où seront positionnées les éoliennes, pour que ces installations soient moins impactantes sur les activités de pêche.
Cependant, les pêcheurs qui seront touchés par ces travaux seront compensés. « Les compensations peuvent être de plusieurs types, soutient-il. Elles peuvent être financières. Elles peuvent être aussi le fait de développer une autre zone de pêche à côté ou développer des sentiers d’apprentissage pour un autre type de pêche. Toutes les routes sont ouvertes. Nous ne fermons aucune porte pour le dialogue avec les associations de pêcheurs. »
Quant à la population locale et celle autochtone, il atteste que les discussions ont déjà aussi commencé. Et tout comme les pêcheurs, Nova East Wind est ouvert au dialogue pour les meilleures formes de compensation en cas d’impact.
« La Nouvelle-Écosse est une terre accueillante. On a vraiment à cœur de rendre la pareille, d’être sûr que cet accueil qu’elle nous a fait, nous le rendions avec les bénéfices maximums […] c’est vraiment la pierre angulaire de ce projet », conclut-il.
Alex Tétreault est un artiste pigiste, communicateur et activiste communautaire queer originaire de Sudbury, en Ontario.
Le premier ministre progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a fait réviser la politique 713 sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Désormais, les parents d’élèves de moins de 16 ans doivent être informés des choix de prénoms de leurs enfants.
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Le 22 aout, le gouvernement de la Saskatchewan a annoncé la même initiative, en plus de rendre obligatoire le consentement des parents pour les cours d’éducation à la sexualité, dont le contenu devra leur être rapporté au préalable.
Le premier ministre, Scott Moe, serait prêt à utiliser la clause nonobstant, qui permet de contourner temporairement certains droits de la Charte canadienne des droits et des libertés.
Consentement des parents
Six jours plus tard, c’était au tour de l’Ontario d’emboiter le pas aux deux autres provinces. Le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford n’a toutefois pas précisé s’il y aurait un projet de loi ou une révision des politiques.
La première ministre progressiste-conservatrice du Manitoba, Heather Stefanson, a elle aussi promis d’étudier l’élargissement des droits des parents dans les écoles si elle était réélue.
Au fédéral, les membres du Parti conservateur du Canada (PCC), réunis pour un congrès il y a deux semaines à Québec, ont voté à 69,2 % en faveur d’une résolution destinée à interdire les transitions de genre des mineurs.
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D’après la chercheuse Alexa DeGagne, le poids de l’identité de genre des enfants aux prochaines élections fédérales dépendra de l’évolution des débats et des stratégies des partis.
Le premier ministre, Justin Trudeau, s’est prononcé contre cette résolution. À ses yeux, les débats clivants sur les personnes trans n’ont pas leur place au Canada.
Pour Pierre Poilievre, qui n’a pas encore explicitement dévoilé son opinion sur cette résolution, l’enjeu est de compétence provinciale. «Laissez les provinces gérer les écoles et laissez les parents élever les enfants», avait déclaré le chef du PCC lors d’un évènement à Moncton, en juin dernier.
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«Une grande distraction»
Selon Alexa DeGagne, professeure agrégée en études sur les femmes et le genre à l’Université d’Athabasca en Alberta, la question de l’identité de genre des enfants sert les politiciens à plusieurs égards.
«Ça donne aux gens un ennemi commun, analyse-t-elle. Si vous avez peur que quelque chose de mauvais arrive à des gens, peu importe à quel point c’est fondé, cette peur peut être manipulée pour unir les gens les uns contre les autres.»
Elle explique que l’émotion suscitée par l’orientation sexuelle et l’identité de genre facilite la manipulation : «Ce sont des sujets incroyablement intimes, personnels et émotionnels.»
Sur un sujet tabou qui «les effraie», les gens auront moins tendance à vérifier l’information, rendant la propagation de fausses informations plus facile. «C’est un sujet très frais que vous pouvez infuser avec tout ce que vous voulez.»
L’opinion des Canadiens
Selon un sondage d’Angus Reid publié en aout, 78 % des Canadiens estiment que les parents devraient être informés si leur enfant souhaite changer d’identité de genre ou de pronoms. Tandis que 43 % pensent que les parents devraient consentir à ce changement.
Francesco MacAllister-Caruso fait un lien entre les débats actuels et ceux qui ont entouré le mariage homosexuel et le droit à l’avortement au Canada.
La chercheuse considère aussi le débat comme étant «une grande distraction».
«Ce genre de tactique politique a une longue histoire. On l’a vu dans des temps d’échecs politiques, économiques, de la guerre, de l’inflation, il y a une tendance où certains gouvernements ou politiciens vont utiliser des populations marginalisées comme des boucs émissaires.»
Elle donne l’exemple de la crise du sida dans les années 1980 qui a conduit à une diabolisation des homosexuels plutôt qu’à une réflexion sur le fonctionnement des systèmes de santé.
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L’histoire se répète
Aux yeux de Francesco MacAllister-Caruso, doctorant en science politique à l’Université Concordia à Montréal, le débat autour de l’identité de genre des enfants reste lié à l’avancée des droits 2ELGBTQIA+ et à la visibilité de la communauté.
Selon lui, «une peur de perdre un peu le contrôle social sur les enjeux queers et trans» s’est développée. «C’est là que vraiment les mouvements d’opposition ont commencé.»
D’après lui, cette querelle politique mijote depuis quelques années seulement, mais de vieux arguments refont surface.
«Il y a, dans ce discours-là, ce qu’on appelle la politique de la contagion. C’est la peur que le fait d’exposer les enfants aux personnes queers et trans aille en quelque sorte les convertir à notre idéologie. […] Aujourd’hui, on veut utiliser le même genre de discours, la protection des droits des enfants, sans aller jusqu’à dire que les personnes trans sont des abominations qui vont mener à la [destruction de la] société.»
Une «corde sensible»
De son côté, Alex Tétreault, activiste queer originaire de Sudbury en Ontario, considère que les politiciens parlent des enfants, «parce que c’est une corde sensible».
«En misant sur l’angle des enfants, la protection des enfants, en exploitant aussi en quelque sorte le manque de sensibilisation et de connaissance de la population générale face à ces enjeux-là […] je pense qu’il y a quand même un gain électoral», explique-t-il.
«Si vous parlez d’enfants, soudain, les gens sont très intéressés et très réactifs et c’est quelque chose sur lequel vous pouvez miser pour les faire voter», confirme Alexa DeGagne.
Alex Tétreault rappelle que la politisation de ce genre de question n’a rien de nouveau. «Pour les personnes queers et les communautés marginalisées de façon générale, on est politisé, notre existence, nos identités, nos expériences sont politisées malgré nous.»
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L’activiste regrette la façon dont les politiques abordent cette question. «Je pense qu’il y a des acteurs qui font de la politicaille de mauvaise foi. Ce n’est pas une vraie conversation politique, c’est de la rhétorique extrémiste, c’est de la démagogie, ce n’est pas de la politique comme j’aimerais que ce soit.»
Le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse comprend plusieurs comtés avec diverses municipalités. Depuis un certain temps, Clare, dans le comté de Digby, et Argyle, dans celui de Yarmouth, sont au cœur des débats en raison du fait qu’elles seront les municipalités hôtes du Congrès mondial acadien (CMA) 2024.
Sur le plan géographique, ces deux municipalités sont dotées de particularités qui leur sont propres. Il y a d’un côté Clare, qui occupe la moitié de l’ouest du comté de Digby, avec des villages situés le long de la Baie Sainte-Marie, un sous-bassin du Golfe du Maine. De l’autre, il y a Argyle, communément appelée Par-en-Bas, qui se distingue par une kyrielle de détroits, d’anses et d’îles, qui contribuent à la beauté de chacun des villages.
Sur le plan touristique, les deux municipalités sont dotées de différents lieux et sites importants. Parmi ceux de Clare, il y a, entre autres, l’Église Saint-Bernard, qui est un édifice en granit évoquant l’architecture des cathédrales européennes, l’Église Sainte-Marie, construite entre 1903 et 1905, qui est la plus grande église en bois en Amérique du Nord, et le Rendez-vous de la Baie, un centre culturel et une destination touristique qui offre une ouverture sur le patrimoine et la culture acadienne de la Baie Sainte-Marie.
Dans la région de Par-en-Bas, il y a le Village historique acadien de la Nouvelle-Écosse, le Musée des Acadiens des Pubnicos et le Centre de recherche en généalogie, situés à Pubnico-Ouest, le quai de Dennis Point, le Musée de la pêche sportive au thon, à Wedgeport et le plus ancien palais de justice au Canada, à Tusket
Si l’on tient compte des valeurs acadiennes, elles sont très présentes dans les deux municipalités par l’entremise des organismes. En Clare, il y a la Société acadienne de Clare (SAC), qui regroupe les personnes, organisations et associations vouées à l’épanouissement des Acadiens et Acadiennes de la Baie Sainte-Marie. La SAC s’engage à faire valoir la richesse de la langue et de la culture acadienne de la Baie Sainte-Marie.
En Argyle, il y a le Conseil acadien de Par-en-Bas (CAPEB), qui s’engage à promouvoir et à faciliter l’épanouissement et le développement global de la communauté acadienne et francophone de la région d’Argyle. Grâce à CAPEB, les Acadiens et Acadiennes, les francophiles et les nouveaux arrivants de Par-en-Bas s’épanouissent pleinement en français.
Sur le plan éducatif, Clare et Argyle sont dotées d’institutions scolaires et universitaires de langues françaises. Non seulement le Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) est présent dans ces deux municipalités, mais aussi l’Université Sainte-Anne, la seule université francophone de la Nouvelle-Écosse. Si le campus central de Sainte-Anne se trouve en Clare, un campus satellite se trouve à Tusket, dans la municipalité d’Argyle.
Enfin, sur le plan linguistique, le français acadien est présent dans ces deux municipalités avec des milliers de locuteurs. Selon la Municipalité de Clare, 75 % des résidents de Clare sont capables de communiquer en anglais comme en français. Mais la langue la plus courante est le français acadien. Tandis que, selon le Conseil du développement économique de la Nouvelle-Écosse (CDÉNÉ), 43,2 % de la population d’Argyle se sont identifiées de langue maternelle française.
Peu importe si l’on est pêcheur, friand des fruits de mer, sportif, généalogiste ou historien, ces deux municipalités peuvent taper dans l’œil. De plus, ces deux régions sont idéales pour les personnes qui aiment observer, voire admirer la nature, les levers et les couchers de soleil.