En septembre 2020, les gouvernements du Nouveau-Brunswick, de Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.) et de Terre-Neuve-et-Labrador ont conclu une entente de trois ans sur le tourisme avec les autorités fédérales
«L’entente permet aux quatre provinces de pénétrer des marchés qui sont pour la plupart inaccessibles individuellement, de réaliser des économies et des gains d’efficacité en matière de commercialisation», affirme le ministère du Tourisme de l’Î.-P.-É. par courriel. Contacté, il n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.
La stratégie consiste à s’adresser directement aux consommateurs nord-américains et à compter sur les professionnels du tourisme dans le reste du monde.
Au Canada et aux États-Unis, les provinces lancent ainsi des campagnes d’affichage dans l’espace public, mais aussi des campagnes numériques sur les réseaux sociaux. Elles diffusent des spots publicitaires télévisuels et des annonces radiophoniques. En Europe et ailleurs, elles mènent plutôt des opérations de promotion auprès des voyagistes et des agences de voyages.
«On noue des partenariats avec eux, ce sont eux qui vont vendre des boucles interprovinciales. Si un Européen ou un Sud-Américain voyage aussi loin de chez lui, il y a de fortes chances qu’il demande à voir plusieurs provinces», détaille Darlene MacDonald.
«La région atlantique est un grand territoire à couvrir pour des vacanciers qui préfèrent multiplier les courts séjours et restent en moyenne une semaine l’été, tempère Marc LeBlanc. Ce qui marche bien, ce sont les circuits thématiques, les visites de sites patrimoniaux ou de micro-brasseries par exemple.»
Nouvelle entente à l’automne
En 2021, les provinces de l’Atlantique ont mis en place un partenariat avec Expedia, le site de réservations en ligne américain.
«Ça augmente notre visibilité, on voit les résultats positifs au niveau des réservations de vols et d’hôtels», souligne Darlene MacDonald en Nouvelle-Écosse.
À ses yeux, un tel partenariat aurait été impossible sans une mise en commun de l’argent fédéral alloué dans le cadre de l’entente sur le tourisme.
Les provinces se voient par ailleurs octroyer des fonds spécifiques par Ottawa afin de mener des campagnes de promotion en solo.
«Sur le marché intérieur, chaque province mène sa propre campagne», confirme par courriel le ministère néo-brunswickois du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture. Sur la page dédiée à la stratégie provinciale, intitulée «L’Invitation», la province s’affiche ni plus ni moins comme «la destination de choix au Canada atlantique».
Le ministère explique dans sa réponse vouloir accueillir celles et ceux «qui ont un revenu élevé et qui sont susceptibles de séjourner plus longtemps».
«L’objectif ultime de chaque province est quand même d’attirer le plus de visiteurs chez elle. C’est une saine compétition», complète Andrew McNair au Nouveau-Brunswick.
Les gouvernements provinciaux comptent néanmoins poursuivre leurs efforts de collaboration. Ils sont en pleine renégociation de l’entente qui prend fin le 30 septembre prochain. Par courriel, l’APECA l’affirme: «Les discussions se poursuivent, il n’y a pas d’obstacles devant nous.»
Le tourisme acadien dans l’expectative
L’entente sur le tourisme dans la région de l’Atlantique permet aux quatre provinces de travailler main dans la main pour promouvoir la destination «Canada atlantique».
«C’est une stratégie commune de promotion et non de développement de produits touristiques», résume Marc LeBlanc, professeur à l’Université de Moncton.
Le spécialiste explique que le développement de produits consiste à créer des attractions, comme des festivals ou des circuits de sites naturels, afin d’attirer plus de voyageurs.
«Ça représente un plus grand défi, les provinces ont plus de mal à se mettre d’accord, car chacune veut avoir quelque chose qui la différencie des autres, affirme-t-il. Ça demande aussi beaucoup plus de ressources financières et, depuis la pandémie, les gouvernements sont plus frileux à investir.»
Cette difficulté à unifier l’offre se remarque aussi dans le secteur acadien et francophone. La Commission du tourisme acadien du Canada atlantique a tenté il y a quelques années de développer un produit touristique acadien unique.
Le guide de voyage en ligne Expérience Acadie détaille les choses à faire et à voir, les lieux où manger et dormir dans l’Acadie des Maritimes. Mais, aujourd’hui, le travail de la Commission semble en pause. Contactée, elle n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.
Le ministère du Tourisme de Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi que le secrétariat de l’Entente sur le tourisme dans la région de l’Atlantique, n’ont pas répondu à temps à nos demandes d’entrevue.