le Dimanche 28 mai 2023
le Vendredi 19 mai 2023 8:00 Nos communautés - Vallée

Quel est le rôle de la Société Promotion Grand-Pré ?

Une visite guidée de l’Église souvenir.  — PHOTO - Parcs Canada
Une visite guidée de l’Église souvenir.
PHOTO - Parcs Canada
Depuis sa fondation en 1997, la Société Promotion Grand-Pré joue un rôle en tant que porte-parole des Acadiennes et Acadiens. Même si le lieu historique national de Grand-Pré promeut et préserve la mémoire de ce peuple, il est important pour la Société d’être présente afin de représenter les voix acadiennes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Le Courrier s’est entretenu avec le président de la Société Promotion Grand-Pré (SPGP), Robert-Yves Mazerolle, afin de discuter du rôle de l’organisme pour amplifier les voix acadiennes. 

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JP : Que représentent les Journées acadiennes pour vous ? 

RYM : Pour moi, comme Acadien, ça représente une connexion avec un lieu qui fait partie de nos racines. Mes ancêtres, Joseph Mazerolle et Anne Daigle, se sont mariés à Grand-Pré en 1747 […] ils ont vécu toutes sortes de choses avant, pendent et après le Grand Dérangement. 

Et, dans un sens plus large, c’est aussi un lieu où les Acadiens de partout dans la diaspora peuvent se rassembler. C’est le seul lieu à mon avis qui est un lieu commémoratif commun. C’est un peu comme la Mecque; ce que la Mecque est aux musulmans, Grand-Pré, c’est ce lieu spécial, commémoratif et central pour le peuple acadien de partout sur la planète. 

Robert-Yves Mazerolle, président de la Société Promotion Grand-Pré, lors du Gala des bénévoles de la municipalité régionale d’Halifax en 2022 où il a reçu le prix Gaston-Chagnon du bénévole de l’année 2021-2022. 

PHOTO - Stéphan Martin

JP : Quel est le rôle de la Société Promotion Grand-Pré dans la représentation des voix acadiennes à Grand-Pré ? 

RYM : Il faut regarder l’historique de la Société. À une certaine époque, lorsque les Acadiens n’étaient pas impliqués directement avec Grand-Pré au niveau de la gestion du site, il y avait des lacunes […] la perspective acadienne n’avait pas sa place sur le site. 

Aujourd’hui, on a des gens quand même sensibilisés, des gens comme Géraldine Arsenault, qui est à la tête du département de Parcs Canada, régionalement… donc, on a des gens ! Ce sont des Acadiens. Ils comprennent c’est quoi Grand-Pré, mais ce n’est pas toujours comme ça. Dans l’appareil gouvernemental, il y a des fois des changements de personnes et ça fait toute une différence. 

Ça fait une douzaine d’années que je suis impliqué. J’ai vécu des régimes différents. Comme on dit : des fois, l’eau est chaude, des fois, l’eau est froide. Donc, c’est important que la SPGP soit là pour travailler avec Parcs Canada pour s’assurer que la dimension acadienne est toujours présente. 

JP : Quelle est l’influence des Journées acadiennes à Grand-Pré sur la construction identitaire des Acadiennes et Acadiens ? 

RYM : Il n’y a pas de foules qui viennent à nos événements, mais ceux qui viennent, ce sont souvent des piliers de leur communauté, des gens qui ont à cœur leurs racines et leur histoire et puis ce sont ces gens-là qui retournent dans leur communauté pour partager le message. 

Les Journées acadiennes visent justement à ça : lorsqu’on y va et qu’on y participe, on rencontre des gens d’autres communautés, d’autres gens qui viennent de partout […] qui y participent et qui viennent avec leurs enfants. Des fois, ce sont des grands-parents qui apportent leurs petits enfants. 

Nous autres, on dit toujours qu’on aimerait que tous les Acadiens sur la planète viennent à Grand-Pré au moins une fois dans leur vie. Mais, plus que ça, on aimerait que ça soit trois fois : une fois lorsqu’ils sont enfants, une fois lorsqu’ils sont adultes avec leurs enfants et une fois lorsqu’ils sont grands-parents avec leurs petits-enfants. C’est dans cet esprit qu’on veut maintenir cette pérennité-là. 

JP : Vous souvenez-vous d’un moment lors des Journées acadiennes qui vous a vraiment marqué ? 

RYM : En 2017, on a fait la première et la plus grande rencontre entre le peuple acadien et les Mi’kmaq à Grand-Pré. C’était la première fois en 250 ans qu’un événement comme ça se produisait. J’y étais et, à un moment donné, on se tenait par la main… je sais pas,  il devait y avoir 200, 300 personnes et puis il y a eu une connexion. Ça m’a profondément touché. 

JP : Comment est-ce que les gens qui n’ont pas d’origines acadiennes peuvent trouver leur place à Grand-Pré ? 

RYM : Il y a beaucoup d’immigration et la francophonie ne va pas exister sans l’engagement des nouveaux arrivants francophones. On doit les adopter et les intégrer. Ils doivent eux aussi s’intéresser à notre histoire et sentir qu’ils peuvent faire partie de notre peuple, même s’ils ne sont pas des Acadiens de souche, car il y a des Acadiens de souche et des Acadiens d’adoption. 

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Grand-Pré a été fondée en 1682 par Pierre Melanson et Marguerite Mius d’Entremont. À l’époque, sa population était de 57 résidents, avant d’atteindre 2 450 en 1750. 

Au moment de la déportation, en 1755, la population acadienne comptait environ 14 100 personnes. On estime que 10 000 d’entre eux ont été déportés et que 2 500 sont morts lors de la Déportation, précise la SPGP. 

En 1982, Grand-Pré est devenu un lieu historique national, 16 ans avant le premier protocole d’entente avec la SPGP. Le Paysage de Grand-Pré a été inscrit comme site du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012.