le Dimanche 28 mai 2023
le Vendredi 5 mai 2023 9:00 Chroniques

La force et la faiblesse : Jeux autochtones, bénévolat, films québécois, santé mentale, et tricot

  PHOTO - naig2023.com
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Chauffeur pendant des années, Ron Giles m’a amené à être bénévole pour les Jeux autochtones de l’Amérique du Nord qui auront lieu en juillet dans une ville qu’on désigne de plus en plus comme Halifax-Kjipuktuk.

Éric Tessier lors de la tournée Cinéma Québec.

PHOTO - Henri Dominique-Paratte

Reconnaître l’ancienneté des Premières Nations à travers le pays n’est pas simplement une question de discours occasionnels. La décolonisation passe par l’usage régulier et quotidien, au fil des années, de nos structures mentales comme de nos références quotidiennes. 

Je ne vais pas arbitrer le soccer/foot ou courir le marathon, mais j’ai déjà découpé et cousu des épinglettes de feutre et d’herbe sacrée, guidé des chefs de délégations, fait connaître à un représentant des Jeux Olympiques de Paris l’existence des Jeux autochtones. J’ai surtout renforcé mon plaisir de faire partie d’un groupe, avec le sens de camaraderie et de proximité que cela peut offrir dans un monde où beaucoup, surtout passé un certain âge, se sentent seuls et ont besoin d’être encore utiles à la communauté. 

Et, c’est très important, dans un groupe qui ne soit pas un ghetto de ce qu’on appelait un temps « l’âge d’or » et qui pour beaucoup se transforme facilement en âge de plomb. Les générations doivent travailler ensemble. Chaque âge a ses forces et ses faiblesses.

Le 27 avril dernier avait lieu la première séance en ligne d’initiation pour les nouveaux bénévoles francophones potentiels afin de préparer cet événement qui accueillera 754 nations autochtones de l’Île de la Tortue, 5 000 athlètes, et aura besoin de 3 000 bénévoles de tous âges et de tout genre. Idéalement, 10% au moins auront une capacité satisfaisante de fonctionner en français – francophones et francophiles avec un bon niveau. 

Afin d’atteindre cet objectif, ce niveau sera au besoin déterminé par les tests de notre Alliance Française. Mais bien sûr, il y a déjà des francophones et francophiles présents dans l’organisation, ce qui est un bon signe. Le besoin de réconciliation et la nécessité d’appuyer nos Premières Nations ne doivent pas signifier que nos communautés francophones doivent soudain être marginalisées…

Le but des jeux, tout comme celui des Jeux de l’Acadie, n’est pas seulement de célébrer la force de jeunes athlètes : c’est aussi, culturellement, de célébrer une identité qui met fin à l’absurdité d’idéologies toxiques qui ont présidé à une colonisation sauvage, destructrice et meurtrière au nom de soi-disant civilisations. 

Allez sur le site en français (NAIG étant JAAN), apprenez à dire Pjilasi autant que Bienvenue ou Welcome. Découvrez les sports spécifiques aux Premières Nations.  Inscrivez-vous pour le prochain atelier de formation culturelle qui aura lieu fin mai.  

Sur cette terre de Mi’gma’gi, nous sommes tous et toutes liés par des traités non seulement historiques ou politiques, mais aussi par un traité avec la terre et les générations futures qui est, quand on y pense, bien plus fondamental encore. Pensons comme nos amis mi’kmaq que tout se fait, au minimum, en tenant compte de sept générations. 

Un atelier Zoom, organisé le 19 avril par le RANE et Réseau Santé, m’est revenu en tête lors de la semaine des bénévoles. Santé Canada considère le travail bénévole comme un des moyens de lutter contre les troubles psychologiques liés à l’âge. 

Les films québécois et ontarois, présentés le 27 et le 28 avril dans le cadre de la tournée Cinéma-Québec, touchaient directement à cela, mais aussi à une réalité fondamentale : celle que nous sommes tous différents, et que le respect passe avant tout par l’admission de ces différences. 

On a éprouvé de la détresse et parfois ri aux éclats devant le personnage incarné par Rémi Girard dans le long métrage d’Éric Tessier, Tu te souviendras de moi, qui perd la mémoire et que peu à peu tout le monde abandonne – sauf la jeune Bérénice.  On se rend compte de la très grande fragilité liée à l’âge et à la difficulté des relations humaines en une époque où chacun.e ne pense qu’à soi-même. 

On a réfléchi aux frontières de notre vision du monde avec le film de Miryam Charles, Cette Maison, et avec le court métrage de Josiane Blanc sur la « grossophobie », on a compris à quel point il est important qu’une perception sociale négative et des stéréotypes ne soient pas renforcés et intériorisés par des personnes qui peuvent se sentir définitivement rejetées par la majorité.

On associe peu les hommes, traditionnellement, à la dentelle ou au tricot. Mais j’ai rencontré un officier de marine français qui faisait de la dentelle pour lutter contre l’ennui en mer, et un conducteur de bus de la MRH qui aime faire du tricot quand il évalue de nouveaux chauffeurs, hommes ou femmes. 

Si le bénévolat pour les Jeux autochtones ne vous tente pas, vous pouvez envisager de devenir chauffeur.e de bus. L’avenir de la planète passe incontestablement par l’usage des transports en commun…