le Dimanche 28 mai 2023
le Mercredi 3 mai 2023 7:00 Le Carrefour des Francophones

La francophonie canadienne et l’insécurité linguistique marchent de pair – 3e partie : L’Ouest Canada

Celle de la carte de la région ouest. — PHOTO - Facebook - REPUBLIC OF WESTERN
Celle de la carte de la région ouest.
PHOTO - Facebook - REPUBLIC OF WESTERN
L’Ouest canadien se compose des provinces de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba. En raison de la langue française qui unit une partie de la population de chacune d’elles, ces provinces ne peuvent pas être exclues de la francophonie canadienne.

Le quartier de Saint-Boniface à Winnipeg, au Manitoba.

PHOTO - Wikipedia

D’ailleurs, elles ont des communautés francophones comme les autres régions canadiennes, qui se nomment respectivement les Franco-Colombiens, les Franco-Albertains, les Fransaskois et les Franco-Manitobains. Cependant, comme toutes les autres communautés francophones que nous avions relatées dans les chroniques antérieures, les francophones de l’Ouest canadien sont victimes de l’insécurité linguistique. 

Portrait de la francophonie dans l’Ouest canadien

D’entrée de jeu, la francophonie est très présente dans l’Ouest par l’entremise des écoles primaires et secondaires, de deux universités francophones (l’Université Saint-Boniface au Manitoba et le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta), des organisations et surtout des représentants de la francophonie dans les gouvernements. 

En Colombie-Britannique, il y a, entre autres, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) qui a pour mission de promouvoir, de représenter et de défendre les droits et intérêts des francophones de cette province et de préserver le patrimoine linguistique et culturel. 

L’Alberta est dotée d’un patrimoine francophone très riche. Cette province comporte une kyrielle de communautés francophones très dynamiques. D’ailleurs, cette province compte quelque 2 000 communautés et sites naturels qui portent des noms d’origine française.

En Saskatchewan, il y a plusieurs associations francophones, dont l’Assemblée communautaire fransaskoise qui a pour rôle d’assurer le développement de la communauté fransaskoise et d’en défendre les intérêts. 

Finalement, au Manitoba, il y a la Société de la francophonie manitobaine (SFM) qui est l’organisme porte-parole officiel de la communauté francophone du Manitoba. Fondée en 1968, cette organisation a pour mission de promouvoir la pleine reconnaissance et l’usage du français au Manitoba ; revendiquer auprès de tous les paliers de gouvernement le droit de communiquer et de s’épanouir en français et d’assurer l’offre d’une pleine gamme de services en français. 

La ville de Saint-Boniface, au Manitoba, est, selon les données de statistiques Canada, l’une des plus grandes communautés francophones du pays, hors du Québec. 

Insécurité linguistique, toujours présente !

Dans l’Ouest canadien, comme dans d’autres régions, l’insécurité linguistique est présente chez  les locuteurs francophones. Puisqu’ils vivent en situation minoritaire, ils développent une forme d’autodépréciation non seulement de la langue française, mais aussi de leur manière de parler. 

Dans l’imaginaire collectif des chercheurs ouest-canadiens, l’insécurité linguistique est un phénomène à combattre. Cependant, ce qui est spécifique à l’Ouest, c’est que le combat contre l’insécurité linguistique est souvent porté par des jeunes par l’entremise de diverses activités.  

Le 20 mars 2020, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) a lancé la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique. L’objectif de cette activité était d’augmenter la sécurité linguistique dans les communautés, surtout celles en situation minoritaire.

En 2019, Suzanne Robillard, alors doctorante en sociolinguistique, a dirigé avec succès des ateliers sur l’insécurité linguistique pour des jeunes de 14 à 25 ans, une initiative coordonnée par le Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique (CJFCB). La sociolinguiste qui est originaire de la Colombie-Britannique a aussi développé des ateliers pour les professeurs de français et les parents avec la collaboration du CJFCB. 

C’est le même cas de figure en Saskatchewan où les jeunes s’attaquent à l’insécurité linguistique. En 2019, William Burton, un jeune leader de la communauté francophone canadienne, a rencontré des adolescents de la Saskatchewan afin de discuter du sentiment d’insécurité linguistique. L’intention de ce jeune leader était d’aider les jeunes à se sentir en confiance en s’exprimant en français dans un contexte minoritaire. 

Aujourd’hui, d’autres activités sont souvent organisées par des jeunes et des organismes socioculturels en vue de lutter contre l’insécurité linguistique.  

En somme, selon les chercheurs en sociolinguistique, beaucoup de locuteurs francophones sur tout le territoire canadien éprouvent un sentiment d’insécurité linguistique. D’ailleurs, il y a plus de travaux sur ce phénomène dans le monde francophone que toutes les autres régions. 

La dernière partie de notre chronique portera sur l’Acadie qui parait indissociable avec l’insécurité linguistique.