le Dimanche 28 mai 2023
le Mercredi 26 avril 2023 11:00 | mis à jour le 27 avril 2023 6:49 Le Carrefour des Francophones

La francophonie canadienne et l’insécurité linguistique marchent de pair – 2e partie : l’Ontario français

Le drapeau franco-ontarien.  — PHOTO - Monuments de la francophonie
Le drapeau franco-ontarien.
PHOTO - Monuments de la francophonie
Les Franco-Ontariens, aussi appelés « les francophones de l'Ontario », sont les habitants d’expression française de cette province canadienne. Des francophones y vivent depuis le début du 17e siècle, soit à partir des années 1610. Si pour certains historiens, la majorité des Franco-Ontariens ont leurs origines des Canadiens français qui ont vécu au Québec, en Nouvelle-France et en France, force est de constater qu’une grande partie des Franco-Ontariens aujourd’hui sont des immigrants qui viennent directement des autres pays francophones dans le monde.

Le Québec excepté, l’Ontario est la province canadienne où vit le plus grand nombre de francophones. Si la province n’est pas officiellement bilingue, comme c’est le cas pour Nouveau-Brunswick, le français a une considération particulière dans l’histoire de cette province. Les Franco-Ontariens ont leur drapeau depuis 1975 et en 2010, le 25 septembre est devenu le Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes. Il y a également l’Université de l’Ontario français qui a ouvert ses portes en 2021. 

Si beaucoup de Franco-Ontariens utilisent la langue française chaque jour, comme les autres francophones au Canada, ils sont souvent victimes de l’insécurité linguistique, voire de la discrimination linguistique. D’ailleurs, ces francophones font partie d’une minorité extrême non seulement face aux Anglo-Ontariens qui dominent la province, mais aussi aux allophones, c’est-à-dire des gens parlant des langues officielles autres que le français et l’anglais. 

Selon Christian Bergeron, professeur à l’Université d’Ottawa, en Ontario, « les principaux groupes linguistiques représentant les langues non officielles sont issus des langues chinoises (441 615 habitants, dont 220 535 pour le mandarin), du pendjabi (132 135 habitants) et de l’espagnol (104 820 habitants). 

Ce manque de confiance existant chez les Franco-Ontariens face à l’usage du français, leur propre langue, ne date pas d’hier. En plus, dans différents secteurs de la vie des jeunes, ils sont victimes de l’insécurité ou la discrimination linguistiques. Les écoliers et les universitaires ne sont pas exempts de ce phénomène. D’ailleurs, selon des recherches menées par des sociolinguistiques, les milieux scolaires et universitaires sont le bastion de l’insécurité linguistique.   

D’après une enquête d’octobre 2019 à janvier 2020 portant sur la discrimination linguistique, menée par M. Bergeron, Philippe Blanchet de l’Université Rennes 2 et Mylène Lebon-Eyquem de l’Université de La Réunion avec plus de 131 étudiants universitaires de la région d’Ottawa, plus de 43 % de ces étudiants ont affirmé avoir été victimes ou témoins directs d’une discrimination linguistique. 

Selon ces victimes, les endroits où ils subissent de la discrimination linguistique sont : les lieux publics (25 %), le milieu de travail ou à l’embauche (19 %), le milieu de l’éducation (17 %) et les organisations publiques (16 %). 

Il importe de rappeler que beaucoup d’organismes font feu de tout bois afin de combattre ce phénomène chez les Franco-Ontariens ou de tenter d’augmenter le nombre de francophones dans la province de l’Ontario. Depuis quelques années, l’Université d’Ottawa, qui est souvent considérée comme la plus grande université bilingue du Canada, a une politique de bilinguisme louable. 

En vue d’augmenter le nombre de francophones de la province de l’Ontario, presque tous les cours à ladite université sont offerts en deux langues. C’est un engagement envers la francophonie, selon ses responsables. 

Cette université offre une bourse d’exonération partielle des droits de scolarité aux étudiantes et étudiants internationaux francophones et francophiles qui sont admis à un programme de baccalauréat ou de maîtrise offert en français, ou en anglais avec le Régime d’immersion en français. Grâce à cette bourse, les étudiant-e-s francophones paient une somme insignifiante pour leurs études et ils résident souvent dans la province après avoir décroché leurs diplômes. 

En somme, l’insécurité et la discrimination linguistique et les Franco-Ontariens marchent de pair. Si aujourd’hui, plus d’un million d’Ontariens peuvent s’exprimer dans les deux langues officielles, le français dans cette province est en déclin. Selon les données de Statistiques Canada, les Franco-Ontariens, qui représentaient 4.3 % de la population en 2001, représentent en 2021 seulement 3.4 %. Presque 600 000 d’habitants ont le français comme première langue et ils vivent en grande majorité dans des villes comme Hearst et Sudbury. 

Ces chiffres maigres prouvent le niveau de minorité dont les Franco-Ontariens font l’objet. Néanmoins, depuis 2016, l’Ontario obtient le statut d’observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).