le Dimanche 28 mai 2023
le Jeudi 13 avril 2023 9:00 Lettre ouverte

Monckton y est pour tout

  PHOTO - Jean-Philippe Giroux
PHOTO - Jean-Philippe Giroux
Robert Monckton faisait partie de ces « hommes du Prince » (Cornwallis, Lawrence, Amherst) tous connus du roi Georges II parce qu’ils étaient sous les ordres de son fils, le duc de Cumberland, ce prince qui mérita le surnom du « Boucher de Cumberland » parce qu’il était responsable du massacre des Écossais catholiques neuf ans avant d’avoir fomenté avec ses hommes le génocide acadien.

En 1963, les Acadiens du Nouveau-Brunswick ont toléré le nom du tortionnaire Monckton simplement parce qu’il s’adonnait que c’était le nom de la ville (sans le «k» originel) où allait se situer leur établissement. Toujours blâmer la base de notre peuple est le sport des « ferrures dorées » parmi nous (1)

Il va sans dire que la cible première de notre peuple à l’époque était de rallier les siens pour fonder leur Université nationale, non de déboulonner tout de suite le nom de « Robert Monckton ».

Il serait utile de savoir que le lendemain de l’attaque du fort Beauséjour et sa capitulation, le 16 juin 1755, le lieutenant-colonel Robert Monckton avait déjà un nom tout prêt pour remplacer  le beau nom   de Beauséjour par celui de « Cumberland ». L’historien Fidèle Thériault y a vu là la marque du sceau royal pour les événements qui allaient se dérouler par la suite, c’est-à-dire la conquête définitive de 1755 qui allait reléguer les Acadiens dans « une marginalité économique proche du néant », comme l’écrivait Michel Roy (L’Acadie perdue, 1978).

Et penser qu’un Neil Boucher, ancien vice-recteur à l’enseignement et à la recherche à l’Université de Moncton, ose se montrer brièvement aux médias dans le récent dossier d’un nouveau nom pour notre Université nationale, lui qui avait défendu Charles Lawrence en tant que « victime des études nationalistes » parce qu’on avait dit qu’il (Lawrence) venait d’une grande famille  aristocratique anglaise (on both sides of the houseof stock  distinguished for firmness, courage  and ability). 

On ne sera pas étonné que certains membres de notre intelligentsia acadienne  n’aient pas osé , depuis fort longtemps, donner leurs grains de sel dans le réquisitoire contre Robert Monckton ; c’est là que le bât blesse le plus.

David Le Gallant

Diplômé en droit (1990) de l’Université de Moncton (Monckton)

(1) L’origine de l’expression « ferrures dorées » serait la maxime attribuée à Napoléon Bonaparte : « Le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude.» Au bas mot, les « ferrures dorées» jouissent de privilèges et en raison de ces privilèges, ils se contentent de cautionner servilement l’occupant, leur parti politique, leur premier ministre, etc. Leurs rôles sont de tenter d’instrumentaliser le peuple pour mieux l’amadouer et le contrôler.