le Dimanche 28 mai 2023
le Lundi 3 avril 2023 9:00 | mis à jour le 3 avril 2023 10:04 Le Carrefour des Francophones

Que font les élites politiques dans les milieux francophones minoritaires du Canada ?

Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l'Ontario.  — PHOTO -  Conseil des ministres sur la francophonie canadienne
Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l'Ontario.
PHOTO - Conseil des ministres sur la francophonie canadienne
Dans notre dernière chronique, nous avons montré comment les élites intellectuelles peuvent contribuer à la reconnaissance de leurs milieux francophones en situation minoritaire. Les intellectuels vivant dans ces milieux s’y impliquent à travers leurs recherches, leurs conférences, leurs enseignements pour ne citer que ces actions-là.

Martin Théberge, président de la Société Nationale de L’Acadie.

PHOTO - Acadie Nouvelle

Outre les élites intellectuelles, les élites politiques contribuent aussi au rehaussement de leurs milieux minoritaires. Dans quasiment toutes les provinces du Canada où les francophones vivent en situation minoritaire, il y a une frange de l’élite politique qui s’intéresse à leurs cas.  

Aujourd’hui, dans la sphère ministérielle de quasiment toutes les provinces où le français est minoritaire, il y a une représentation de la francophonie. En Ontario, il y a un ministère qui a pour responsabilité les affaires des francophones. Ce ministère, qui est actuellement dirigé par la ministre Caroline Mulroney, est responsable de la mise en application de la Loi sur les services en français, qui a pour objectif de fournir des services gouvernementaux aux citoyens franco-ontariens

En Nouvelle-Écosse, Colton LeBlanc exerce les fonctions de ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie. À Terre-Neuve-et-Labrador, Sarah Stoodley est, entre autres, ministre responsable des Affaires francophones, puis Adrian Dix et Glen Savoie sont les homologues de Sarah en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick. 

Même dans les provinces et territoires où les communautés francophones n’ont pas autant de dynamisme que celles de l’Acadie ou de l’Ontario, la francophonie est représentative au niveau de l’élite politique. Par exemple, au Yukon, John Streicker est le ministre responsable de la Direction des services en français. 

Cette présentation non exhaustive montre que la Francophonie fait l’objet de débat au plus haut niveau de l’État dans les provinces par l’entremise des élites politiques. Cependant, l’un des plus grands exemples des actions des élites politiques s’est produit en novembre 2022 au Sommet de la Francophonie à Djerba, en Tunisie. 

Lors de ce Sommet, les élites politiques représentant les Acadiens ont permis à l’Acadie de briller aux yeux de Justin Trudeau, premier ministre du Canada, et de toutes les autres autorités des pays francophones. De plus, la directrice générale de la Société nationale de l’Acadie (SNA), Véronique Mallet, faisait partie de la délégation canadienne et le président de l’organisme de défense des droits des Acadiens, Martin Théberge, faisait partie des invités de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Deux représentants du gouvernement du Nouveau-Brunswick étaient aussi présents en Tunisie. Il s’agit du ministre responsable de la Francophonie, Glen Savoie, et le ministre des Gouvernements locaux et de la Réforme de la gouvernance locale, Daniel Allain. Ces élites politiques étaient non seulement présentes, mais aussi ils ont permis à des écoliers en Tunisie de découvrir des auteurs acadiens grâce à des dons de livres qu’il a faits. 

L’affaire des francophones dans les élites politiques ne concerne pas seulement les provinces de façon spécifiques. D’ailleurs, il existe aussi le Conseil des ministres sur la francophonie canadienne (CMFC) qui est créé depuis 1994. Selon le secrétariat du Québec aux relations canadiennes, ce conseil « a pour mandat de contribuer à instaurer entre les gouvernements des provinces et des territoires un dialogue propice au développement d’initiatives qui renforcent la francophonie canadienne et améliorent le statut du français. Le CMFC contribue également à une meilleure synergie entre les actions des gouvernements provinciaux et territoriaux et celles du gouvernement fédéral qui en assume la coprésidence. » 

Lors de la création dudit conseil en 1994, l’appellation était Conférence ministérielle sur les affaires francophones. En 2005, l’appellation a changé et devient Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne. Récemment, soit en 2021, cette conférence est devenue Conseil des ministres sur la francophonie canadienne.

En somme, si le français reste et demeure une langue minoritaire dans toutes les provinces du Canada, le Québec excepté, les élites intellectuelles – comme nous l’avons montré dans la dernière chronique – et les élites politiques font feu de tout bois afin de donner une meilleure représentation aux francophones. Qu’en est-il des élites économiques ? Ces dernières représenteront la toile de fond de notre prochaine chronique.