le Dimanche 28 mai 2023
le Jeudi 23 mars 2023 8:00 | mis à jour le 27 mars 2023 11:48 Chroniques

Que font les intellectuels dans les milieux francophones minoritaires du Canada?

  PHOTO - Vinicius
PHOTO - Vinicius "amnx" Amano
Les francophones du Canada se répandent sur tout le territoire. Il y a d’une part ceux du Québec, qui vivent en situation majoritaire dans leur province par rapport aux anglophones et aux allophones. D’autre part, il y a ceux des autres provinces.

Ceux-ci forment les Communautés de francophones en situation minoritaire (CFSM). Ces francophones vivent dans les autres provinces sous différentes appellations. Il y a les Franco-Ontariens en Ontario, les Acadiens dans les provinces maritimes (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, et l’Île-du-Prince-Édouard), les Franco-Manitobains au Manitoba, les Franco-Albertains en Alberta, les Fransaskois en Saskatchewan et les Franco-Colombiens en Colombie-Britannique. Les autres régions du Canada ont aussi des communautés de francophones, mais avec un dynamisme un peu moindre que celui des provinces citées. 

Si ces communautés de francophones admettent qu’elles vivent en situation minoritaire et qu’elles fassent feu de tout bois pour ne pas se noyer dans les flots de l’anglophonie canadienne, que font les intellectuels dans ces régions ? Quels sont les apports des élites dans la vitalité des CFSM ?  

Selon Serge Dupuis dans son article titré Pour une grille d’analyse appropriée à l’élite de la francophonie canadienne, le poids politique de la francophonie canadienne est relativement faible dans plusieurs milieux minoritaires. En dépit de tout, les élites de ces milieux représentent une grande force. Grâce à elles, ces régions font l’objet de recherche scientifique, et on en parle dans le monde universitaire partout au Canada. 

Que représentent les intellectuels pour leurs milieux ? 

Par intellectuel, il faut entendre une personne qui utilise l’activité de son esprit non seulement pour influencer d’autres personnes, mais aussi pour s’engager dans la sphère publique de son milieu. Quant à Jean-Paul Sartre, il a défini l’intellectuel comme un technicien du savoir pratique, qui s’engage totalement dans la société où il évolue. 

Conscients de leurs responsabilités envers leurs communautés, les intellectuels vivant dans les milieux en situation minoritaire s’y impliquent par l’entremise de recherches, de conférences, et d’enseignements, entre autres. Toutes les communautés francophones du Canada citées précédemment ont des intellectuels qui s’y engagent, et cela ne date pas d’hier. 

D’ailleurs, presque toutes ces régions sont dotées d’une université francophone non seulement pour accueillir les quelques milliers francophones vivant dans la région, mais aussi pour permettre aux universitaires de produire et d’enseigner en français.  

Ces universités se trouvent dans presque toutes ces communautés. L’Université de l’Ontario français (UOF), l’unique université entièrement francophone à Toronto, est la dernière-née sur l’échiquier des universités francophones en milieu minoritaire. La province de l’Ontario à d’autres universités bilingues qui offrent beaucoup de cours en français ainsi que l’Université de Hearst, la seule institution postsecondaire uniquement de langue française dans le nord de l’Ontario. 

Presque tous les Acadiens ont accès à une éducation francophone grâce à l’Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse, et l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick. En Alberta, le campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta offre des cours en français. Il y a aussi l’Université Saint-Boniface qui est un établissement d’enseignement supérieur de langue française situé au Manitoba. 

Si aujourd’hui les habitants des milieux francophones minoritaires cultivent le sentiment d’appartenance et un certain attachement à leur communauté, les élites intellectuelles en ont beaucoup contribué. Leurs réflexions et leurs publications se font autour de leur communauté, ce qui incite les générations futures à s’impliquer aussi. L’Acadie et l’Ontario français en sont de parfaits exemples. 

Si l’élite intellectuelle se donne corps et âme à sa communauté, qu’en est-il de l’élite économique et politique ? La chronique suivante fera ressortir quelques grandes actions de ces deux élites afin que les milieux francophones en situation minoritaire résistent.