le Lundi 29 mai 2023
le Mardi 3 janvier 2023 14:12 Chroniques

L’idée de Francophonie expliquée aux Néo-Écossais (3e et dernière partie)

Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, au dernier Sommet de la Francophonie.  — PHOTO - OIF
Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, au dernier Sommet de la Francophonie.
PHOTO - OIF
La Francophonie fait l’objet de critiques sur différents aspects. Ces critiques ont commencé à pleuvoir surtout depuis que la France a une certaine mainmise sur cette organisation géopolitique et culturelle.

Dans son livre titré Pour une généalogie critique de la Francophonie, Christophe Premat avance des critiques bien fondées sur cette structure, de sa fondation jusqu’à aujourd’hui. Puis, d’autres auteurs avancent des questionnements face à la Francophonie. Je peux citer, entre autres, Isabelle Violette dans le texte titré Pour une problématique de la francophonie et de l’espace francophone : réflexions sur une réalité construite à travers ses contradictions et Virginie Marie dans son article titré De la Francophonie « centripète » à une Francophonie périphérique.

Aujourd’hui, ce que fait l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) n’a rien à voir aux convictions d’Onésime Reclus, celui qui a conçu le mot francophone, ni à la vision des pères fondateurs. Si Senhgor a déclaré en 1968 que la Francophonie n’a pas été créée par les Français, et qu’elle ne doit pas non plus s’enfermer dans les limites de l’Hexagone, aujourd’hui, la France exerce une certaine influence, pour ne pas dire une influence certaine sur elle.

Les drapeaux de la francophonie canadienne.

PHOTO - quebeccultureblog.com

Selon Premat, la France utilise la Francophonie pour diffuser des messages de protection de la diversité culturelle face à la domination de l’anglais. 

Il est clair qu’une organisation géopolitique dont les fondateurs viennent des anciennes colonies pourrait fonctionner sans le soutien discret de l’ancienne Métropole. Au cas contraire, ce serait une organisation prenant une forme néocoloniale. 

L’origine même de la Francophonie du traité de Niamey était de fonctionner en dehors de l’influence française, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, car la France est le plus grand supporteur financier de la Francophonie. Et je crois dur comme fer, qui finance commande ! 

Jacques Chirac compte parmi les Français qui croient que la France doit être modeste face à la Francophonie. Il a déclaré au Québec en 1984 que « la francophonie est le résultat de combats qui ont été menés la plupart du temps en dehors de la France. Cela nous donne à nous autres Français, une modestie. »

Autre chose qui fait l’objet de critique dans la Francophonie, c’est la valorisation d’une seule langue au détriment des autres.  Certes, la Francophonie a une présence planétaire et des organisations partenaires dans tous les recoins du monde, mais elle est une entité qui, implicitement, ouvre la voie à l’ethnocentrisme. 

La France est connue comme un pays qui est très actif quand il s’agit de défendre sa culture et sa langue. En pleine diversité culturelle et mondialisation, la mission de la Francophonie, qui est de valoriser la culture et la langue française, ne change pas. Et Wolton dans son article titré La diversité culturelle, nouvelle frontière la mondialisation ? propose une redéfinition de cette organisation. 

Je renouvelle mon souhait à ce que la Nouvelle-Écosse puisse donner plus d’importance à la langue française. Je pense que cette province maritime peut s’impliquer davantage au sein de la Francophonie en raison des avantages qu’apporte cette structure à un pays ou un territoire membre. Cependant, je rejette d’un revers de main l’idée que cette organisation ne respecte pas la vision des pères fondateurs. Je crois aussi qu’il faut un certain équilibre chez les pays et territoires dans le financement de la Francophonie pour qu’il n’y ait pas de partialité quand il s’agit de prendre des décisions.