Dans le travail de recherche intitulé Pourquoi la société moderne devient-elle plus individualiste ?, publié par l’INSA de Lyon dans le cadre du Projet Personnel des Humanités, l’un des constats principaux de l’auteur Alexis Métais est qu’il y a une croissance de la réussite individuelle et de l’épanouissement personnel dans la société.
Il mentionne également que les médias promeuvent cette culture de performance en créant divers classements et hiérarchies. Le résultat : un bouleversement des anciens modèles, dont la grande famille traditionnelle, et des individus de plus en plus solitaires.
« Dans un processus d’individualisation, l’individu se libère de l’emprise des institutions, s’affranchit des normes et des règles collectives pour effectuer ses propres choix de vie […] ce n’est alors plus à l’individu de se conformer à la norme sociale, mais c’est aux modèles sociaux d’évoluer avec l’individu. »
Sommes- nous donc à l’époque du « je » ? Selon une analyse sur le narcissisme menée auprès de plus de 24 000 Canadiens et Australiens, la réponse est non. Il n’y aurait pas assez de preuves pour affirmer que les gens de nos jours sont plus centrés sur eux-mêmes qu’auparavant. En fait, d’après les résultats de l’étude, le narcissisme serait en baisse depuis 2008.
Mais je me pose encore la question : est-ce que l’identité individuelle remplace tranquillement l’identité collective ? Est-ce que la fascination du moi surpasse la fascination du nous ?
Dans l’article du Courrier nommé Un retour à Richmond pour Gabrielle Samson, rédigé par Vanessa Roy-Savoie, la journaliste francophone de la télévision communautaire Telile, Gabrielle Samson, a exprimé à quel point elle est heureuse d’être de nouveau dans sa communauté et de contribuer à l’épanouissement de la francophonie de Richmond.
Et c’est une citation en particulier de ce texte qui m’a tapé dans l’œil : « Je travaille ici et c’est beaucoup mieux pour mon cœur ».
Voilà une phrase qui brise assez vite le stéréotype qu’on peut avoir des nouvelles générations : l’identité commune est encore très importante, peu importe l’âge. Même si la société a grandement évolué depuis les années 1900, il reste encore un besoin de se reconnaître et d’appartenir à une communauté.
Entre collectivisme et individualisme, il y a l’être humain qui se cherche et qui se trouve. Si la construction identitaire change au fil des décennies, ce n’est pas forcément à cause de la suppression du collectif, mais bien l’impulsion et le désir de s’adapter aux orientations communes de son époque.