le Mardi 28 mars 2023
le Vendredi 26 août 2022 8:00 Éditorial

Il faut des sous pour bâtir une communauté

  PHOTO - Constantin Evdokimov (Unsplash)
PHOTO - Constantin Evdokimov (Unsplash)
Pour une troisième année, la campagne #dansmaville2022, à l’initiative de la Chambre de commerce francophone de Halifax (CCFH), le Conseil communautaire du Grand-Havre (CCGH) ainsi que le Conseil de développement économique de la Nouvelle-Écosse (CDÉNÉ), sera une occasion supplémentaire d’apporter de la visibilité sur les entreprises francophones et les services en français de la capitale de la Nouvelle-Écosse.

Voilà une autre manière de montrer au grand public que la communauté francophone et acadienne fait partie de la mosaïque du Canada, mais aussi de l’écosystème économique du pays. 

Que ce soit un business local qui promeut fièrement ses services en français ou une entreprise touristique axée sur l’histoire et la culture, la contribution de nos entrepreneurs francophones et acadiens à l’économie démontre que le développement social et le développement économique vont de pair. 

Les résultats d’une étude de cas effectuée par le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE) montrent que la pérennité des communautés francophones en situation minoritaire (CFSM) dépend de bien plus que du secteur culturel, du secteur éducatif et du secteur associatif communautaire. 

En effet, il est impératif de posséder un espace économique en français pour promouvoir l’épanouissement des CFSM. « L’économie contribue non seulement au développement d’une communauté, mais elle doit aussi contribuer à sa reproduction linguistique », est-il écrit dans le rapport de 2008. 

L’identité francophone de ces communautés est alors influencée par la valeur ajoutée du fait français en relation avec son économie. 

Il est évident qu’il n’y a pas de développement social sans développement économique. 

Les gens ne choisissent pas toujours leur milieu selon le sentiment d’appartenance à leur communauté, même s’ils le voulaient. On peut le voir physiquement quand on voyage à travers le Canada rural : des centaines de communautés se rapetissent d’année en année, car ses anciens résidents ont quitté, faute d’emploi et d’occasion de croissance. 

Mais de nouvelles communautés francophones fleurissent ailleurs, là où il y a des emplois, des écoles francophones et des entreprises. Même dans un environnement anglo dominant, comme à Halifax, l’affichage des services en français permet d’établir un réseau et de former une communauté d’appartenance, d’où l’importance d’une campagne comme #DansMaVille2022. 

Une communauté francophone ne peut pas s’épanouir sans développement économique. Il faut donc continuer d’encourager les entrepreneurs qui marient le fait français avec l’entrepreneuriat. 

Sans eux, il n’y aurait pas de communautés « francophones ». 

 

Jean-Philippe Giroux 

Rédacteur en chef