Le 24 juin, lors de la fête de la Saint-Jean-Baptiste, des francophones et francophiles ont eu la chance de célébrer leurs traditions et la langue qu’ils aiment. Au total, on compte presque 10 millions d’individus au Canada qui utilisent cette langue, d’une manière ou d’une autre.
En se fiant aux données ci-dessus, on pourrait croire que les francophones et francophiles forment un tout indivisible. Que les locuteurs de cette langue célèbrent de manière similaire, au rythme de la même musique et des mêmes sonorités.
Mais un tel portrait ne prend pas en compte la diversité linguistique qui se cache dans les entre deux, dans les métissages et dans la pluralité identitaire des gens. Par « français », parlons-nous également de l’acadjonne, du chiac, du michif, du franglais ontarien ? Parlons-nous de tout autre dialecte ou variation de la langue française qui se prête au mélange de différents mots provenant de différentes cultures ?
Car, oui, on est tous dans le même panier, mais on n’est pas tous les mêmes œufs.
En fait, le regroupement de masse peut parfois avoir l’effet contraire. En plaçant tous les francophones dans le même pot, on pourrait passer à côté d’occasions formidables de valoriser les singularités régionales de la langue française. De célébrer par la musique, le théâtre et la comédie, les parlers qui évoluent au fil du temps, selon leur environnement, peu importe le standard et les règles établies.
Au 21e siècle, nous ne vivons plus en vase clos. Nos communautés se transforment constamment puisque nous évoluons ou parce que les gens de différents horizons s’intègrent dans notre milieu, et ce pour former de nouvelles mosaïques dans de nouveaux lieux de rassemblement.
On échange, on emprunte, on change. Ce phénomène n’est rien de nouveau pour l’humanité, mais il reflète une réalité qui mérite d’être valorisée davantage, soit que la langue ne soit pas figée dans le temps. Elle change et elle bouge, avec les personnes qui jouent avec elle. Et, puisqu’on est des millions à se prêter au jeu, il serait fou de croire que la somme des influences serait égale, dans tous les cas.
Unilingue, bilingue, trilingue. Peu importe l’équation, la formule est la même : on est qui on est et on parle comme on parle, dans notre version du « français ».
Jean-Philippe Giroux
Rédacteur en chef